Erik N / Le Danseur. Partie 3. Erik et Chloé. Désir et amour.
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Bientôt, elle dit à Erik de garder les yeux ouverts tandis qu'ils se rejoindraient. Elle verrait, dans le plaisir, l'éclat bleu du regard de l’amant et son expression mouvante, toute habitée par le désir. Il lui obéit un temps puis inversa leur position ; il s’allongea sur elle et sentit sous le sien ce corps racé qui lui obéissait. Il laissa s'affoler la respiration de l'amante puis il se redressa, leva une des cuisses de la jeune fille et la pénétra. La prise fut lente mais ferme. Chloe se mordit les lèvres. Elle avait presque mal. Erik lui fit l'amour le plus longtemps qu'il put et il observa, face au sien, ce visage que la recherche du plaisir rendait tantôt lisse tantôt soucieux. C'était tantôt un profil mouvant dont les contours étaient harmonieux, tantôt une face pleine aux beaux reliefs. Chloé laissait aller sa tête d'un côté et de l'autre comme pour endiguer la force du plaisir et se sentait heureuse. C'était bien plus qu'un moment de partage, c'était une acceptation profonde, la signature d'une dépendance réciproque et toute nouvelle. Bouleversés, ils s'étreignirent et s'accrochèrent l'un à l’autre puis ils se regardèrent longtemps. Erik fut le premier à parler.
-Tu sais pourquoi je voulais te voir !
-Oui.
-Je tombe amoureux.
-Moi aussi.
Erik fut alors traversé par une idée simple : il devait accepter qu’elle continue ou non de lui répondre. En l’aimant elle, il se sauvait de lui-même, il en était certain. Il espérait seulement qu’elle en aurait l’intuition. Ils se promenèrent ensuite, prirent un verre puis revinrent faire l’amour. Elle partit au matin.
C’était les derniers jours à Corona del Mar et déjà, on rangeait tout. Erik était tendu. Comme un soir, il s’endormait vite, il fit un cauchemar qui le bouleversa. Il était à New York avec Julian et ils étaient allongés l’un près de l’autre, nus mais les couvertures remontées. Malgré l'harmonie que dégageaient la vaste chambre à la décoration précieuse, la douceur des draps et la tiédeur alanguie de leurs corps, malgré l'apaisement qui venait après la jouissance, la semence, la sueur, la salive, ils n'en avaient pas assez. Se penchant vers le buste de son ami, Julian se mettait à en lécher la peau claire avant de la mordiller d'abord avec douceur. Quand il mordait plus fort, Erik gémissait et se rebellait :
-Tu me fais mal.
-Je sais. Tu aimes.
-Mais non !
-Si. Tu aimes.
Il le mordait encore et le jeune homme regimbait ; mais Julian continuait d'insulter et d'embrasser, de caresser et de pincer. Le corps d'Erik était le corps de l'amant. L'amant n'est pas fiable, il faut le corriger, il faut le réprimander pour ses manquements mais il faut l'honorer pour ce qu'il sait faire ; et de toute façon, le désir est trop fort. La prise peut se faire sans honneur. Il faut faire jouir l'amant mais il faut le priver. Il faut l'étonner et le charmer mais l'abaisser. Il faut le faire jouir et jouir de lui. Il faut l'adorer, le caresser et le malmener. Seules les punitions rendent la jouissance violente puisqu'elles sont justes, puisque l'amant a failli. Entravé, il est plus beau. Il n'est pas rebelle. Il reste l'âme et les intentions mais les liens les rendent difficiles...
Dans son rêve, Erik finissait par dire.
-Tu n’es pas réel ; je t’ai quitté et de toute façon, tu as rencontré quelqu’un d’autre !
Mais l’américain se fâchait :
-Attention Erik je ne suis pas méprisable. Je suis Ta rencontre. Tu penses que tu n’as plus rien à faire avec moi mais tu te leurres. Un tel entrelacement, un lien si fort malgré tout et la mansuétude malgré les humiliations et les années qui, même sporadiquement, nous voient ensemble c'est bien le signe d'un amour violent.
-Trop violent en effet !
-Quelle erreur, mon amour !
Et, de nouveau, Erik, était à New York, dans la chambre de Julian. Très excité, il se laissait faire. Il écoutait ces mots qui le féminisaient, le ridiculisaient et recevait les doux sévices de son ami.
-Dis « encore ».
-Non.
-Dis « encore »
-Encore.
-Bien ! Si je te crache au visage, que diras-tu ?
-Je dirai oui
Erik eut un sourire intérieur. L'ami le battait, crachait, léchait ses crachats sur ses joues. Erik, hors de lui, crachait aussi. « Mais où prend-il ce crachat, me disais-je, d'où le fait-il remonter si lourd et blanc ? Jamais les miens n'auront l'onctuosité ni les couleurs du sien. Ils ne seront qu'une verrerie filée, transparente et fragile. » Julian avait lu Jean Genet. Blessure. Idole. Humiliation. Idole. L'ami voulait faire l'amour encore, lui relevait de nouveau les jambes pour pouvoir le prendre en voyant son visage. Il voyait les belles lèvres d'Erik, si bien ourlées, cette bouche généreuse qu'il avait et aussi, ses pommettes hautes, son regard bleu et l'implantation de ses cheveux blonds. Il les voyait dans les tressautements du plaisir. Belle idole qui appelle la jouissance, en est inondée et la donne. Un autre râle et c'était bien.
Se réveillant en sursaut, Erik cria. Cette histoire-là était finie ! Pourquoi cet horrible rêve ?
Juste avant son transfert à Los Angeles, il revit Chloé. De nouveau ils allèrent à l’hôtel mais le choisirent plus beau. Ils firent longuement l’amour puis nagèrent et dînèrent. Elle le trouva soucieux mais il s’efforça de rire beaucoup et fut tendre avec elle.