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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
15 avril 2024

Erik N / Le Danseur. Partie 2. Explications orageuses. Erik tourmenté. Mads.

 

Erik eut un soupir lassé.

-Au moins, tu auras compris que ta belle liberté a de sérieuses limites. Tu vois, on croit qu’on peut faire ce qu’on veut et puis non. Pas vraiment de prise de distance, mon bel Erik ! Tu es bien le seul à penser que tu as pu humilier celui qui t’aime sans avoir un retour.

Erik se tut et Julian se méprit.

-Tu n’es pas timide et tu m’as manipulé, alors, arrête ça, ce mutisme.

Le danseur se tourna vers lui et parla sans détour. Il semblait triste et refoulait ses larmes. Sa défaite était bien plus forte que ce que Julian avait imaginé.

-Je voulais te dire que je regrettais, je voulais te présenter mes excuses mais je reculais toujours le moment de le faire : et puis ton ultimatum est arrivé. Je n’avais plus le choix et je suis resté perplexe, ne sachant pas comment tu ferais. Et puis tout est arrivé d’une manière confondante. J’ai eu un doute à un moment, puis non.

-Je ne t’ai pas menti sur la marchandise ! Hein, toi qui aimes le sexe un peu brutal…

-J’ai bien aimé car c’était Clive. Il n’est pas sans morale. Comment se sent-il maintenant ?

-Tu l’appelles, il arrive ! Ce n’est pas ce que tu veux, j’imagine.

-Non.

-Mais je sais que tu vas relier tout cela à ce pilote de ligne qui t’a fait du mal, jadis ! Comme ça, tu plaideras ta cause.

Erik n’esquiva rien : il parla. Il restait triste et défait mais il faisait face.

-Il y a eu un lien, oui. Mads, je l’ai rencontré avant Sonia mais pendant un moment, je les ai vus conjointement, très peu de temps en fait. Tu te souviens de Cristiana ?  Maintenant, c'est un quartier très refait, plus à la mode. Il ne l'était pas tant que cela quand je me suis mis à y aller beaucoup. Il y avait beaucoup d'hôtels et de restaurants bon marché. J'avais dix-huit ans et pour la première fois de ma vie, je vivais seul. Ça me grisait. J'avais tout un tas d'amis et on allait toujours dans le même café. C'est là que j'ai commencé à le voir. On se croisait. J'ai appris qu’il était commandant de bord. Entre deux voyages, il venait avec des amis à lui. Ils ne buvaient pas beaucoup, semblaient bien s'entendre. Ils dînaient et riaient. J'ai commencé à sentir ses regards et ça m'a troublé. Il avait une façon de faire…Il semblait avoir oublié ma présence puis tout d'un coup il me regardait droit dans les yeux et m'envoyait des messages. Ce n’était pas vulgaire.  On s'est observés pendant deux mois. Et puis une fois, il a fait très mauvais. Une journée d'hiver particulièrement neigeuse. J'avais rendez-vous au café mais mes deux copains se sont décommandés. J’ai eu comme un pressentiment : il fallait que j’y aille. Vu les intempéries, ça s'est révélé compliqué mais il était là, seul lui-aussi. J'ai été comme électrisé. Il m'a fait signe de venir m'asseoir à sa table et j'y suis allé.  On a parlé un peu et il m'a dit qu'il habitait à côté. C'était une invite claire mais ça m'a plu. Il m'a embrassé dès que la porte a été refermée et m'a pris presque tout de suite. J'ai beaucoup aimé. Il a très bien fait les choses. Je l'ai revu souvent. Je me suis senti amoureux. Peut-être que je l’étais. Il était polyglotte, et grand voyageur et il avait beaucoup lu. Il était à la fois tendre et intransigeant et j'aimais cela. Dans l’amour physique, il était très directif. Et puis, il a montré un autre visage et j’ai eu envie qu’il meure.

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