Erik N/ Le danseur. Partie 2. Erik à new York. Succès et interrogations.
3. Embrasser l'Amérique, danser et accepter Julian?
Installé à New York, le danseur Erik Anderson se plaît au New York City ballet où il rencontre le succès. Sa liaison avec Julian le laisse perplexe. Il est tenté et séduit d'un côté mais mécontent de l'autre. Cela le rend très ambivalent...
C'était un mois de décembre glacé et cristallin et par les grandes baies vitrées de l'appartement de Julian, Erik tout de gris vêtu faisait la différence entre les hivers. Au Danemark, la lumière devenait grise et un peu plus tard la neige s'annonçait. Le jour ne cessait de descendre mais il n'en avait cure, son enfance ayant baigné dans ce climat nordique. L'hiver américain mettait plus de temps à venir mais avait un pouvoir paralysant qu'il n'aurait jamais atteint dans son pays où les habitants, accoutumés à la rigueur, ne se démontaient guère, ce qu'ils semblaient faire ici. Dans le parc, les promeneurs étaient fantomatiques et rares mais il s'amusa à les voir se déplacer. Cette Amérique, cette ville, il n’en était jamais fatigué d’autant cette beauté qui n'était jamais gratuite. Tant de rencontres et tant de changements et sur scène tant d'applaudissements ! Pas de quoi se plaindre et pourtant, il demeurait insatisfait. Julian était parti et il tint parole, s'entretenant avec lui dans la journée du 25. Il dit qu'il pensait avoir été « passable » et non « correct » sur scène et le décorateur le crut. Le ton de leur conversation changea quand il fut question de ce qu’il avait fait après la représentation du vingt-cinq. Il partit d'un rire sans fin. C'était un rire un peu rauque, dur et cruel et son ami en demeura saisi. Au sortir du théâtre, le danseur était passé chez Julian où il s'était douché et avait attendu un peu. Puis il était allé dans un bar puis un autre et naturellement pas n'importe quels bars. Ça avait été simple. Il avait de la chance : la beauté donnait le choix. Il n'y avait rien à dire, les deux rencontres avaient été aussi pragmatiques qu'efficaces. Il était allé chez eux ou ce qu'il supposait l'être. Un brun, un blond : c'était parfait. Ils étaient jeunes, les embrasser et les étreindre fut sans implication. Il n'eut pas d'état d'âme et revint chez Julian comme l'aube pointait. Le vingt-six, il ne fit rien et pensa avec délices à ces deux amants impromptus et il eut seul dans l'appartement de son amant ce même rire presque vulgaire qu'il avait pu avoir au téléphone. Ce fut tout.
A son retour de Boston, Julian passa dans son appartement sans y trouver Erik puis alla travailler. En fin d'après-midi, il le retrouva. Il était aussi lisse et beau qu'attendu et son ami se montra affable. Aucune allusion ne fut faite à son hilarité déplacée.
-J'ai des cadeaux pour toi. J'ai préféré de les donner maintenant.
-Des cadeaux ?
-Ce sont les fêtes, non ?
Le danseur resta circonspect puis suivit son ami qui ouvrit la porte de sa chambre. Des paquets étaient posés sur le lit ; ils étaient nombreux et à l'enseigne de grands couturiers ou de stylistes de renoms, de grands parfumeurs et de bottiers aussi. Erik fut stupéfait.
-Je ne t'ai offert qu’une petite nature-morte quand je suis arrivé du Danemark et ne n'était guère qu'un joli tableau. Et ce que je vais t'offrir, là...
-Mais c'était très bien et ce que tu m'as réservé ce jour me comblera aussi, j'en suis sûr. Tu mérites les présents que je te fais. Allons, regarde.
C'était des vêtements sobres et magnifiques, quasiment faits sur mesure, tout en sobriété et nuance. Tout était pensé pour lui, pour ses attitudes, ses humeurs, ses éveils et ses relâchements. Il y avait là, des vestes, des pantalons, des chemises, des tee-shirts prêts du corps, des cravates et des boutons de manchettes, des pull-overs aussi et des chaussures, le tout dans de belles matières raffinées et luxueuses et des couleurs allant du blanc aux roux et aux bleus. Erik, stupéfait, resta indécis puis choisit un cashmere beige et chercha avec quoi le porter. Il se penchait sur les boites et les sacs marqués aux noms d'enseignes prestigieuses quand Julian l'arrêta.
-Cette chemise, enlève ton pull et passe- la.