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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
26 mai 2024

Erik N/ Le Danseur. Partie 2. Erik arrive à New York.

 

Comme ils entraient dans Manhattan, Julian lui dit :

-Tu connais déjà New York à ce que tu m'as dit.

-Je suis venu une fois mais j'étais tout jeune. Et pour de courtes vacances. Mes grands-parents maternels. Et mes parents aussi.

-Cette fois, c'est différent. Regarde. C'est là que tu vas vivre.

La magnificence de l'île apparaissait avec sa structure claire, presque mathématique, ses îlots d'immeubles prestigieux, ses gratte-ciels et de loin et loin ses trouées de verdure que formaient les parcs. Erik regardait encore et encore et cette fois son regard n'allait plus jamais à celui qui conduisait mais à cet univers nouveau et magique dont soudain, il savait qu'il le ferait plier. Les promesses d'Irina étaient à tenir et il les tiendrait. Le New York City ballet, une grande scène et ce sens qu'il avait de la danse...

Comme il baissait les yeux maintenant et qu'il était tout en lui-même, le décorateur reprenant courage lui dit :

-Lincoln Center. C'est le siège du New York City Ballet. En face, c'est le Met : mon travail.

-Je sais.

-Tu ne seras pas loin. Une place à traverser…

-Ah oui, bien sûr !

Erik ne jouait pas franc jeu. Julian dut le sonder.

-Je n’habite pas dans le même quartier. Un peu de trajet.

-En fait, tu sais, j'ai réservé un hôtel non loin de mon futur lieu de travail.

Devant l'incongruité de la situation, le décorateur préféra l'ironie :

-Oh non mais que tu es drôle Erik ! Un hôtel dans cette partie de Manhattan ! Tu vas devoir faire des heures supplémentaires, tu sais ! Je t’ai proposé de t’héberger quelques jours et tu as accepté. Tu ne dis rien ?

-Non. La réserve danoise.

-Écoute. De ta venue à New York, on a beaucoup parlé au téléphone depuis la visite que je t'ai faite, alors mets ta réserve de côté, qu'elle soit danoise ou non...

Dans les yeux du danseur passaient une inquiétude et une défiance peu compréhensibles pour lui mais il ne s'en préoccupa pas, trouvant à juste titre, ce jeune danseur fascinant. Celui-ci pourtant hésitait.

-Donc, je vais chez toi ?

-Oui.

Comme le jeune homme semblait toujours tendu, il chercha à l'amuser :

-Bienvenue aux USA ! L’Amérique de Ronald Reagan ! Ne me dis pas que tu n'es pas gâté. Un vrai conservateur, gardien des traditions de l'Amérique ! Le roi du néolibéralisme et l'ardent défenseur de l'armée. Quand j'ai vu ce qu'il faisait pour augmenter le budget de l'armée, j'ai failli faire un autodafé avec les derniers numéros du New York Times ! Il ne plaisante pas, l'ancien cow-boy de cinéma. Il vaut mieux ne pas être dérangeant physiquement quand on veut travailler ici, en ce moment. Mais toi avec ton visage d'ange, tes yeux bleus et tes cheveux blonds, tu as tout pour toi ! Tu aurais pu être noir ou latino...Rends-toi compte !

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