Erik N/ Le Danseur. Partie 2. Heurter Julian et s'en aller.
Il déjoua toutes les tentatives de Julian. Il ne regretta pas, n'avoua aucun faux-pas, ne demanda aucun pardon. Et la maladie qui le quittait puisqu' il n'avait rien contracté de grave lui donna une nouvelle force.
- Tu as fait l'amour avec eux aussi brutalement, sans les connaître ?
- Oui.
- C'est bestial. J'ai écouté leurs messages.
- D'accord.
- Il y avait des préservatifs usagés dans ma chambre !
- Exact.
- C'est du mépris ?
- Non !
-Si.
Julian le regardait. La lumière dans l'appartement entrait maintenant par la grande baie, le ciel était clair et dans la douceur du jour, le beau visage se découpait avec pureté. Les yeux clairs le haut front, les pommettes hautes et les belles lèvres généreuses ; l'expression changeante du regard, tantôt douce, tantôt sérieuse, tantôt narquoise ; et ses cheveux blonds qui bougeaient. Il n'avait pas dû lui être difficile de ramener du monde ici ! Ce physique racé et hautain et cette demande sexuelle si franche, il y avait de quoi être demandeur mais tout de même, cette brutalité, ce déclassement, cette volonté d'avilissement. Julian comprenait que certains ébats avaient été violents, qu'Erik avait été contraint mais il comprenait aussi qu'il avait tout accepté. Il y avait une part d'ombre et il la traqua dans son regard bleu sans qu’il ne puisse rien déceler. A plusieurs reprises, il y eut des coups de fil étranges et des messages qu'il écouta sans sourciller. C'était ces mêmes voix vulgaires, ces mêmes propositions...Julian rougit et fit changer son numéro de téléphone. La garde-malade et l’infirmière des premiers jours avaient compris certaines choses. Même maintenant qu'elles étaient parties, Julian ressentait une gêne sournoise. Il ne supportait que des femmes d'une si faible envergure aient put les juger or elles l’avaient fait. Et quant à ce jeune homme qu'il l'avait reçu et entouré à New York, il n'acceptait pas qu'il ait montré ce qui devait être caché en lui.
Enfin, Erik fut guéri et ils parlèrent enfin.
-Tu vas danser de nouveau. Roméo et Juliette : Martins aux commandes.
-Oui. Je vais reprendre mon rôle.
-Tu es Roméo ! Un beau jeune homme éperdument amoureux et prêt à mourir d'amour…
-C’est un beau rôle.
Erik était assis sur un des canapés du grand salon, les jambes repliées et la tête sur les genoux. Il portait un pantalon beige et un pull à encolure en V, des cadeaux de son ami. Il était encore trop pâle. Changeant de ton, le décorateur s'assit très près de lui et le tança :
-Pourquoi as-tu fait cela ?
-La jeunesse.
-Non. Dis pourquoi.
-Le respect, la saleté. Le trop grand respect. La désobéissance.
-C'est à dire ?
-Je vais danser quelqu'un qui est pur.
-Comme toi. Tu ne veux pas me répondre ?
-Non.
-C’est cette danseuse qui se moquait de toi ou ce Danois ? Tu es toujours gêné quand je l'évoque. Il est mort brutalement ?
-Oui…
- Il y a un rapport entre ce que tu viens de faire et eux, n'est-ce pas ?
Erik eut un hochement de tête négatif mais il ne se ferma pas. Redevenant soudain humble, il suffoqua son interlocuteur :
-J'ai été horrible ici. Ils ont fait des dégâts mais j'ai caché tout ce que tu m'as donné et ce que je t'ai donné. Personne n'a vu. Les vêtements, le petit tableau, le miroir et d'autres présents que nous nous sommes faits. Tout est dans deux valises dans le débarras. Tu peux vérifier. Et les objets d’art qui les tentaient, je les ai mis dans une pièce fermée à clé. Ils n’ont rien volé qui avait de la valeur…
Julian, voyant mal où son jeune ami voulait en venir, fit un signe de tête négatif.
-Qu'est-ce que tu veux me dire ?
-Tout est là. Personne n'a touché à rien.
Et pourquoi me le faire savoir ? Tu veux réparer, demander pardon ? Je ne comprends pas.
Erik eut un air hagard et ne répondit pas. Quelques jours plus tard, il reprit le travail et se montra rigoureux et obstiné. Roméo et Juliette. C'était sa dernière prestation de la saison et celle où il était le plus attendu.
-Tu viendras ?