Erik N / Le Danseur. Partie 1. Première école de danse. Hannah, la bienveillante.
Un apprenti-danseur dont la « carrière » n'est encore qu'une parenthèse apprend cela. Tous l'apprennent. Il fit donc comme les autres mais quel don ! Elle lui apprit les pas et il ne la déçut pas. Ce qui la surprit, c'est qu'il resta presque timide. Totalement inconsciente de l'excellence de son fils, sa mère le fut aussi. Aussi charmants l'un que l'autre, ils étaient d'une irréprochable ponctualité et ne payaient jamais en retard. Elle était rieuse. Il était étonnement grave. Mais comprenaient-ils ? Plus de trois ans avaient passé et l'enfant devenait un adolescent. Elle finit par la prendre à part.
-Madame Anderson, vous avez un fils qui doit aller plus loin.
-Que voulez-vous dire ?
-Madame, j'ai appris à Erik ce qu'il est en droit de savoir et croyez-moi, il le sait. Vous êtes venue avec votre époux assister à mes spectacles de fin d'année. Vous devriez avoir compris…
-Erik est très bon, alors ?
-Il a un don exceptionnel. Il faut lui permettre de le développer. Je vous conseille de ne pas le laisser dans mon école où il a déjà appris tout ce qu'il doit savoir avec moi. Je vais vous donner une bonne adresse.
-Une bonne adresse ? Mais il adore votre école ! Il prend les choses tellement à cœur ! Il travaille beaucoup pour vous !
Il fallut encore insister pour la convaincre :
-Brillant, il est brillant et je sais de quoi je parle. Si vous l'aidez, il a un bel avenir. Vous allez contacter Irina Nieminen. Elle est Finlandaise d'origine mais au Danemark depuis longtemps. C'est une femme remarquable qui saura le former. Elle travaille avec un danseur russe, très doué lui-aussi. Ils sont bons pédagogues. Vous ne sauriez regretter une telle décision !
-Cela signifie qu'il faudra payer des cours particuliers ! Le père d’Erik voit d'un très mauvais œil la passion de son fils pour la danse : il ne financera pas deux professeurs particuliers car il ne croit pas à une belle carrière !
Hannah sourit :
-Votre mari est un entrepreneur avisé qui gère bien ses salons de coiffure. Il s'accroche sans doute à l'idée qu’Erik lui succèdera mais ce ne sera pas le cas ! Son fils a un avenir dans le monde exigeant de la danse classique. J'ai eu de nombreux élèves. Mon jugement est sûr. Sonia Christofferson qui danse pour le Ballet royal danois et Hans Torger qui s'est expatrié au Québec ont été mes élèves…
Comme Claire hésitait, elle renchérit :
-Votre mari ne refusera pas. Et quand bien même, il interdirait à Erik l'accès aux cours d'Irina, celui-ci ne se laisserait pas faire. Il est d'une volonté farouche. Il faut lui donner sa chance : il ne décevra aucun d'entre vous.
-Vous êtes très convaincante !
-Il le faut...
Ce jour-là, Claire, d'abord réservée, fut impressionnée par la fermeté d'Hannah. Elle décida donc de préparer son mari à accepter l'idée qu'Erik pût envisager une carrière de danseur classique. Rien, financièrement, n'empêchait que leur fils puisse poursuivre sa vocation. Fidèle à lui-même, Svend resta dubitatif plusieurs jours durant mais n'empêcha rien. Ainsi, tout fut fixé dès cette lointaine année 1973.