ErikN/ Le Danseur. Partie 1. Claire parle.
Plus tard, elle l'expliqua à son fils, qu'à cette époque-là, elle avait attiré pas mal de garçons. Elle avait même eu un premier amoureux danois, Lars. Il vivait à Paris. Elle était assez heureuse mais la mort brutale de Jean-Bernard l'avait contraint à beaucoup s'occuper des siens. Et puis, elle était partie.
-Je suis arrivée à Copenhague en ayant l'idée que je reverrai Lars mais ça n'a pas été le cas. De toute façon, quelques mois après mon arrivée, j'ai rencontré ton papa. Là, j'ai vraiment appris le danois et de toute façon, on voulait se marier ! J'ai trouvé du travail dans un théâtre, puis à la télé. Et vous avez été là. Avec Svend, on allait tous les deux à Paris au début. Il avait un peu de mal avec ma famille qu'il trouvait bourgeoise mais il s'est habitué.
La suite, Erik la connaissait. On se rencontrait. A priori, tout se passait bien. A Paris, tout le monde logeait dans le seizième. Au Danemark, les parents de Claire allaient à l'hôtel ou louaient une maison. Avec leurs petits-enfants, ils parlaient français et un peu anglais. Ces périodes-là étaient emplies de fêtes. Les grands-parents maternels multipliaient les promenades et les invitations. Tantôt on se promenait avec des lanternes, tantôt on dansait en pyjamas ou robes de nuit ! Vraiment, que ce fut à Copenhague ou à Paris, ces moments étaient merveilleux. Erik avait hâte, comme ses sœurs, de retrouver ces temps bénis.
Il était toujours silencieux et assis dans la chambre de ses parents, il regardait sa mère joliment vêtue et fardée. Elle voulait qu'il se confie à elle :
- Je te raconte ma vie ! Tu ne devrais pas tout savoir !
- Maman, ne t’inquiète pas.
- Mais toi qui ne dis rien, es-tu content ?
- Je suis assez content.
- Assez ?
- Oui.
- Tu pourrais être bien plus content ?
- Oui. Je veux danser.
- Des cours comme ceux que je prenais ?
- Non. Je voudrais faire de la danse classique.
- Erik, c'est ambitieux.
- Papa ne voudra pas ?
- Je ne sais pas. Il ne refusera pas forcément.
- Dis-lui.
-Je le lui dirai, mon petit prince. Mais je te signale que chacun d’entre vous apprend déjà à jouer d’un instrument de musique.
-Ce n’est pas la danse, maman ! Et de toute façon, quand je danserai, je penserai toujours à toi. Tu oublieras ton frère Tu ne seras jamais triste !
-Oh mais que c’est beau ce que tu dis !
Elle savait qu'il ne lâcherait pas son idée car il était déterminé mais il était mystérieux aussi et pendant les mois qui suivirent, il ne parla plus de rien. La vie suivit son cours. Dans les grandes rues commerçantes de Copenhague, il marchait avec les siens. Et dans les villages danois où ils erraient, il en était de même. Il était fort et obstiné ; mais il était encore si jeune. Il oublierait son projet.
Mais lui se souvenait de ce qu'il avait éprouvé à Skägen lors de cet été et de la promesse qu'il s'était fait. Des années après, repensant