La Nuit de L'Envol. Partie 3. J'aime ce que je fais mais rêve d'un vrai envol...
Ce vertige qu'elle a eu, il faut bien qu'Irène en parle au jeune Niels qui a retrouvé sa trace. Tous deux doivent s'apaiser.
Elle servit le thé et de nouveau le regarda. Quand il avait vu pareil ange, Webster n'avait qu'une hâte : fondre sur lui. Elle le comprenait. On ne pouvait que désirer l'atteindre ce Niels à la fois si démuni et si fort...
-Ainsi donc, ce n'est pas fini. J'aime ce que je fais mais je rêve d'un vrai envol...
-Ce n'est pas fini, non...
Elle ne voulait pas en dire trop et lui-aussi cherchait ses mots. Elle lui donna si elle pouvait jouer quelque chose pour lui et il choisit Satie. Les Gymnopédies, les Gnossiennes, les Morceaux en forme de poire...Elle avait gardé tout son art. Niels, la tête dans ses mains, écoutait subjugué. Il voulut ensuite les Ballades de Chopin et resta émerveillé. Elle avait raison. L'Envol. Qui était désormais Irène Diavelli sinon la pensionnaire d'une institution pour personnes fragiles. Elle menait une vie réglée, avait vieilli mais dans une salle de spectacle parisienne, on se serait inclinée devant son jeu. A New York et à San Francisco, on aurait fait de même. Elle avait retrouvé ce feu des grands interprètes, ce feu qu'elle avait cru perdu. Elle ne semblait même pas le savoir...Quand elle cessa de jouer, il se leva et applaudit follement. Il savait déjà qu'il allait passer une limite et désobéir à Webster.
-Vous êtes sûre que je reste dîner !
-Certaine, Raphaël. Il y a de quoi vous loger aussi...
-Vous feriez cela ?
-Oh allons, il y a des chambres pour les visiteurs. L'été arrive. Il fait trop chaud. Elles sont peu occupées.
-Eh bien...
Tournant dans la pièce, il trouva sur un guéridon, les deux romans de Daniel.
-Vous les avez lus ?
-Bien sûr.
-Alors, vous savez...
-Je sais. Inutile de me dire que vous aimez le Diable, Niels...
-Inutile en effet.
Il lui offrit un beau sourire.
-C'est un bon écrivain.
Ouvrant un des livres, il trouva l'invite de Daniel.
-Madame Diavelli, Irène....
-Oui, c'était difficile mais ça ne fait rien. Qu'est-ce que ça pourrait faire ? J'ai passé du temps dans les limbes. Il resterait le paradis. Serait-ce si mal ?
N'aurait-elle pas dit cela qu'il aurait renoncé à elle mais ces mots elle les avait prononcés...Il sut alors qu'il ne partirait pas tout de suite....