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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Retrouver madame Diavelli.

 

Niels veut en avoir le coeur net : cette Irène Diavelli qu'il a maudite lui voulait-elle vraiment du mal ? Face à elle, il va savoir.

Je vais voir madame Diavelli. Ne fais rien à distance, je t'en prie...Daniel, tu m'entends, je t'en supplie. Tu lui as fait peur déjà, ne t'immisce pas...

-Que tu es insistant, jeune danseur...

-Elle ne mérite plus que tu t'acharnes. Daniel !

-Oui, Niels. J'entends ce que tu me dis. Aie confiance !

Comme toujours avec Webster, il y avait de quoi être perplexe mais Niels eut l'intuition qu'une sorte de trêve serait respectée. Confiant, il confirma son arrivée. Irène au téléphone avait une voix pleine de retenue. Peu après son entrevue terrifiante avec Daniel Webster, elle avait été plus claire avec Martine Sauveterre.  Ce comas brutal, Niels le danseur, une vie perdue et une vie redonnée...Elle ne pouvait faire plus. Aux limites de la science, le récit d'Irène risquait de devenir irrationnel si elle disait tout. Elle lui garda une certaine cohérence et fut elliptique. Si elle ne l'avait pas été, il n'est pas certain que le danseur ait pu se trouver face à elle. Or, il arrivait.

On lui annonça sa venue et Martine le conduisit à ses appartements. Les cheveux gris, vêtue d'une robe mauve, Irène affichait une soixantaine confiante et souriait discrètement. Elle portait des bijoux, avait posé une partition sur le piano et préparé une collation. Il fallait qu'elle soit calme. Niels en entrant, s'arrêta un instant. Elle le regarda avec émerveillement :

-Il y a si longtemps ! L'adolescent de l'Académie Fontana rosa...Seigneur, que vous êtes devenu beau ! Une certaine mélancolie dans le regard mais c'est ainsi. Vous gagnez en profondeur...

Il restait sans voie, très ému. Il lui tendit un grand bouquet de roses qu'elle alla placer dans un vase puis, lui indiquant un siège, elle alla chercher dans un classeur une vieille coupure de presse faisant état d'un crash aérien sur la ligne Londres Boston. Un certain Niels Lindhardt y était mort...

-Vous voyez il y a bien le jour et l'heure. Et le document, c'est la liste des passagers.

-Vous avez aussi la liste de ceux qui ont pris un vol Londres New York qui lui, est arrivé à bon port.

-Bien sûr, je sais que vous étiez dans cet avion.

-Il n'y a rien que vous puissiez vous reprocher.

-Vous savez bien que si, Niels, vous avez eu ma lettre. Quel rêve fou !

-Peut-être qu'il n'était pas si fou...J'avais ma propre vie, mes désirs qui partaient dans tous les sens, mon ambition. Je voulais éblouir...

-Et comme vous travaillez pour une petite compagnie maintenant, vous pensez ne plus le faire. Moi, je pense que si. Souvent, dans votre vie, ça n'a pas été simple, déjà cet exil à Cannes. Mais votre santé qui s'est dégradée, l'obligation que vous avez eu de vous soigner, cette mise à l'écart...Tout cela peut nourrir un beau travail de danseur et de chorégraphe.

-Ce que je voulais, c'était un vrai envol !

-Et vous pensez ne pas vous être envolé ? Vous savez avant de vous rencontrer j'ai beaucoup rêvé d'un immense oiseau qui traversait le ciel. Je le voyais sans cesse en rêve et il était si magnifique ! Vous avez pris votre envol, Niels, cela est certain. Pensez à ces oiseaux migrateurs qui en supportent tant et arrivent dans des terres d'accueil si lointaines ! Ils souffrent, s'épuisent mais ils y parviennent...Ils restent parfois si longtemps sans se poser et s'ils le font, ils ont la force de reprendre leur envol.

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