La Nuit de L'Envol. Partie 3. Retourner à Cannes. Les traces du passé. Niels.
4. Temps d'exil et d'affrontements.
Il arrivait encore à Irène de jouer les Gymnopédies d'Eric Satie car elle les aimait et il y avait toujours quelqu'un autour d'elle qui était heureux qu'elle le fasse. Elle vivait dans une grande quiétude auprès de personnes que la vie avait éprouvée. Elle prenait davantage soin d'elle, se faisait teindre les cheveux et fardait ses lèvres désormais et puis, elle mettait de l'eau de toilette. Ses moyens financiers (elle avait vendu son appartement parisien) lui permettaient de louer une chambre et un salon dans la résidence et elle avait même un petit jardin privatif. Son fils venait en famille de Milan pour la voir et désormais elle était familière de ses petites filles, qu'elle choyait. De toute façon, on la laissait peu seule. Marianne Sauveterre, venait souvent la voir. En Irène, elle aimait l'artiste, amoureuse de la musique et souhaitait qu'elle continue de l'aimer. Elle était depuis deux ans à Cotignac quand il recontacta un danseur auquel elle estimait avoir fait du mal. Il lui répondit qu'il viendrait. Elle l'attendait.
Depuis quelques temps, elle faisait des excursions. Ce jour là, elle voulut aller à Cannes pour un week-end avec Martine et là, elle revit les vieux quartiers qu'elle avait aimés et erra autour de l'académie Fontana Rosa. Le passé lui sautait au visage.
-Comme tout cela est loin !
-Mais c'était beau …
-Ah oui, très beau. Je suis nostalgique de cette partie de ma vie.
L'envie lui prit de s'acheter des livres pour aller les feuilleter à leur hôtel. Il y avait longtemps qu'elle n'avait plu lu de littérature fantastique et pour avoir des idées, elle s'adressa à une jeune vendeuse.
-Eh bien, lui dit celle-ci, si vous n'êtes pas fâchée avec ce qui est macabre, je vous conseille Celui qui était ensorcelé de Daniel Webster. Ça se passe au dix-neuvième siècle, dans une université américaine et c'est très bien ficelé. Une histoire d'envoûtement mais pas conventionnelle...
-Oui, c'est bien. Webster...Je suis ignorante vraiment...Il est connu ?
-Il s'est fait un nom !
-Qu'a t'il écrit d'autre récemment ?
-Il a écrit un autre roman qui se vend très bien Terridge en enfer. Le héros se nomme Rob Terridge. C'est aussi une histoire de manipulation...
-Voilà un écrivain qui choisit des sujets bien lugubres !
-Il écrit magnifiquement.
-Je vous prends au mot.
Elle ne lut rien à Cannes, occupée qu'elle était à marcher et à se remémorer sa vie ancienne. Elle revit le port, la partie ancienne de la ville et l'académie Fontana rosa qui était fermée pour cause de travaux. Elle dîna dehors avec Martine.
Au retour, puisqu'elle était au calme et avait envie de nouveauté, elle entama la lecture du roman gothique de Daniel Webster et fut suffoqué. Ce n'était rien de dire qu'il avait du talent...Quelle noirceur et soudain quelle lumière ! Ce gentleman versé dans l'art de l'exorcisme était un bienfaiteur ! Le beau jeune homme lui devait son salut et son heureuse vie à venir...