La Nuit de L'Envol. Partie 1. Anaïs, à Cannes.
4. Cannes. Académie de danse et jeunes danseurs.
A Cannes où elle joue du piano dans un école de danse, l'ex-virtuose Irène Diavelli, a repéré deux danseurs. Le jeune Raphael Lindhardt et la jeune Anaïs Basso.
Sur les hauteurs cannoises, un peu en dehors de la ville, fleurissent les belles propriétés. La famille Basso faisait partie des privilégiés qui en possédait une. Elle était magnifique, Irène le comprit dès qu'il s'y rendit et sa situation privilégiée, dans le Haut-Canet lui permettait de jouir d'un panorama exceptionnel sur les îles de Lérins. Elle y fut invitée quelques jours après son récital. Xavier et Agnès Basso étaient natifs de Cannes et venaient tous de familles liées à la bourgeoisie récente. Leurs parents brassaient des affaires allant de l'immobilier à la vente de voiture et s'étaient montrés suffisamment malins pour monter socialement. En dignes rejetons, l'un et l'autre était doué en affaires mais à la différence de leurs parents, ils avaient fait des études et acquis une certaine culture. Architecte à la tête d'un prospère cabinet cannois, Xavier, la cinquantaine bien portée, affichait pour les arts un amour sans borne. Décoratrice d' intérieur, Agnès parlait bien l'anglais et l'italien et voyageait souvent pour parfaire sa pratique. Son goût pour les petites sculptures et les tableaux de jeunes artistes en quête de notoriété, était affirmé. Agnès avait un grand frère qui confirmait le virage pris par la famille. Il avait fait son droit et travaillait à Marseille dans un cabinet d'avocats qui avait le vent en poupe. Toutefois, bien des espoirs reposaient sur Anaïs. Une artiste dans la famille, ce serait tellement bien !
Irène savait distinguer ce qui est de l'ordre du vrai savoir et ce qui l'est du placage. En intégrant une grande compagnie chorégraphique, la jolie ballerine flatterait les ambitions familiales car le don qu'elle avait était singulier...
Agréablement accueillie, la concertiste se laissa flatter sur sa carrière passée avant de complimenter ses hôtes sur leur belle et luxueuse villa, pleine de tableaux « de peintres qui montent » et doté d'un piano de belle qualité.
-C'est qu'au départ, Anaïs montrait de bonnes dispositions pour le piano. Nous avons donc fait le nécessaire : achat d'un bon instrument et cours particuliers. Très vite cependant, elle a parlé de danse classique. Nous ne l'avons pas prise au sérieux pour commencer. Elle n'avait que neuf ans ! Mais très vite nous avons compris qu'elle ne mentait pas et du reste, ayant dans notre entourage une ancienne ballerine qui a fait une jolie carrière, nous lui avons demandé son avis. Anaïs avait les dispositions physiques qu'il fallait ! Et vous voyez, c'est bien vrai !