La Nuit de L'Envol. Partie 3. Une maison d'accueil dans le sud.
Malade et amnésique, Irène est transférée dans une maison de repos du sud de la France.
A son réveil à l'hôpital, elle n'avait rien compris. Tout était blanc et calme. Elle avait ouvert les yeux et éprouvé une grande surprise. Niels lui demandait de l'aide. Ce n'était rien : il fallait le faire. Ce bel ange, ce Raphaël ! Les infirmières la découvrant une à une s'étaient mises à parler fort et à téléphoner, défaisant le dialogue qu'elle entretenait avec le danseur. La surprise était grande. Au bout de plusieurs années, il arrivait bien qu'un de ces patients plongés dans l'inconscience se réveille mais à priori, ce phénomène surprenait toujours. Irène fit donc l'objet de grands soins. Elle était en quelque sorte une miraculée. On lui fit subir de très nombreux examens, puis on la confia à sa sœur Catherine et à son fils, arrivé en hâte. Tous deux se chargèrent de trouver un hébergement pour elle. La solution se profila avec une amie de jeunesse qui vint la voir. Ayant suivi sa carrière, elle avait su sa maladie. Devenue médecin, elle s'intéressait depuis longtemps à ceux qui, comme Irène, connaissent un traumatisme qui les fait sortir de la vie tout en les y laissant. Tous, en revenant à la réalité, n'avaient pas les mêmes réactions mais en voyant Irène, elle comprit qu'une réadaptation à une vie à Paris serait impossible. Quand bien même elle retrouverait quelques repères, elle aurait peur de tout...
Elle suggéra une maison d'accueil dans le sud de la France, près de Cotignac, dans le Var. Irène y mènerait une vie tranquille dans un cadre enchanteur. Il y a avait là du personnel médical certes mais la plupart étaient des religieuses qui avaient fait des études.
Cette proposition fit sursauter Catherine. A sa connaissance, sa sœur Irène n'avait jamais eu vraiment la foi et puis, le Var, c'était loin. Pierre, qui n'était pas sans conviction religieuse, trouvait l'idée tentante mais cette Marianne Sauveterre sortait de nulle part. Il n'avait jamais entendu parler d'elle et se méfiait. La Marianne en question avait prévu les attaques qu'elle recevait. Elle montra des photos où Irène et elle avaient dix puis douze ans, et jouaient au sortir de l'école. Jeunes adolescentes, elles étaient encore amies et, séparées par un grande distance puisque Marianne était partie dans le sud, elles s'étaient longtemps écrit. Sans rien ajouter de plus, elle laissa une brochure de l'institution qu'elle recommandait et plusieurs numéros de téléphone où la joindre.
Irène ayant paru heureuse en voyant des photos de Cotignac, on en conclut qu'elle souhaitait y aller. Pierre fit une visite rapide dans des lieux qui lui plurent et il y retrouva cette madame Sauveterre qui se montra très attentive. Après avis médicaux, Irène fut transférée dans cette belle institution varoise où d'emblée, elle fut paisible.
Elle se mit à lire et à marcher. Elle joua du piano et aida au jardin. Confusément, elle retrouva peu à peu des bribes de sa vie, se revit enfant à Paris puis jeune fille quand elle étudiait farouchement la musique. Elle renoua avec ses deux mariages, avec ses succès et ses insuccès passés et au fil du temps, elle put reconstituer son histoire. A quelques détails près cependant. Concernant Cannes, elle retrouva bien dans sa mémoire l'Académie Fontana rosa et l'appartement qu'elle occupait alors. Elle se remémora les six jeunes gens promis à un bel avenir de danseur, pour lesquels elle avait joué du piano pendant les cours mais concernant Anaïs et Niels, elle se souvint juste qu'elle les aimait plus que les autres. Dommage qu'elle les ait perdus de vue !