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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
la sœur de webtser
10 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Des dépendances, du silence et un exorcisme.

 

Niels, jeune danseur, se sent "possédé" et affaibli. Chez des amis, dans l'est, il tente d'excorciser qui le menace...

Dans l'atelier de Diane, il y avait beaucoup de nouvelles toiles, celles de l'exposition new-yorkaises ayant été vendues. Les villes étranges et les personnages hybrides, mi-hommes mi animaux y occupaient toujours une place importante mais une nouvelle inspiration s'était fait jour. L'artiste peignait des femmes torturées, d'étranges éventrations d'éphèbes et des fêtes païennes aux rituels très noirs....Comme le danseur s'en étonnait, Diane lui dit :

-Oh ! Je relis beaucoup de romans gothiques cet an dernier d'où cette nouvelle thématique. Et puis nous sommes dans l'est. Il y a beaucoup de procès de sorcelleries dans nos contrées, des histoires étranges...

C'était curieux car tandis qu'il coulait des jours difficiles chez Webster, celui-ci lui avait dit être aux prises avec un recueil de nouvelles fantastiques qui lui donnait bien du mal. Niels n'avait jamais pu, de gré ou de loin, s'approcher de ses textes sous couvert qu'ils n'étaient pas aboutis. Il avait par contre accès aux autres écrits de Daniel. Quel romancier noir c'était là...

Ces deux célibataires endurcis, aussi originaux l'un que l'autre, érudits et décidés savaient le recevoir et s'occuper de lui. Amant de l'un et ami de l'autre, le danseur était très observé. C'est que cette grande maison pleine d'histoire était le lieu où tout devait arriver.

-Je vais lui dire ce qu'il est, ce que je veux vraiment de lui ! Je l'ai exorcisé après tout.

-Il me semble fin prêt.

-Ma sœur, tu es fine mouche.

-De toute façon, je l'aime, il est vrai de façon peu académique mais totale. Nos liens sont devenus si forts qu'il n'était plus nécessaire de lui cacher quoi que ce soit. L'heure approche, il saura.

Mais Niels, peu avant Noël, au retour d'une longue marche dans la campagne environnante, se rendit dans les dépendances que l'absence momentanée de stagiaires rendait vides et revint exaltée.

-Je voudrais y passer une nuit ou deux !

Les Webster furent stupéfaits.

-Mais quelle idée, Niels ! N'es-tu pas bien ici ?

-Je vais bien, vous le voyez. Ce n'est pas une bien grande fantaisie.

Daniel paraissait perplexe.

-En effet, non...Serait-ce une surprise que tu nous ferais pour Noël ?

-Peut-être oui...

Le jeune homme voulait être un peu seul et gagnait du temps. Il n'avait d'autre idée en tête que ce temps de repos solitaire. Webster fit une ou deux plaisanteries sur le fait qu'il irait surprendre son compagnon à la tombée de la nuit, histoire qu'il se sente entouré mais il n'eut pas de succès. Ce devait être une lubie comme un autre. Il laissa faire.

Niels parcourut les bâtiments annexes où il distingua une grande salle et une chambre ? S'y sentant bien, il y installa ses quelques effets avant d'aller jouer du piano où il se livra aux délices de Chopin et d'Erik Satie.

L'entendant de son atelier, Diane, qui peignait, alla voir son frère.

-Tu le laisses faire cela ?

-Il joue bien. Je ne m'étais jamais rendu compte à quel point !

-Et ça ne t'ennuie pas ?

-On dirait qu'il est heureux. Il a le droit de l'être, ayant tout accepté.

Toutefois, quand le piano se tut, il fut soulagé. C'était bizarre tout de même. Le lendemain, il fut charmant avec ses hôtes, ayant déclaré avoir bien dormi. Après avoir déjeuné avec eux et beaucoup parlé, il accepta l'intimité de Daniel.

-C'est que mon appétit se creuse. Je te prends au matin d'habitude. Tout au moins pour une première fois...

-Je dormirai encore là-bas.

-Ah, mais pourquoi ?

-L'après-midi, n'est-ce pas bien aussi...

-Si mais la nuit est si propice au désir !

-C'est qu'il n'y aura pas de pause...

Niels rit. Mais en fin de journée, repu, il regagna les dépendances. Il se déplaça et choisit cette fois une chambre bien plus éloignée de la maison. Cela ne l'empêcha pas de danser solitaire dans la vaste salle où il avait la veille joué du piano. Il se rendit radieux. Parcourant les locaux, il trouva ça et là des bougies, des des parfums à brûler et des poèmes à lire. Le soir, dédaignant une invitation à dîner que lui faisait Diane, il emplit la grande salle de bougies, mit de la musique et attendit, rêveur. Des parfums brûlaient. Il avait apporté une couverture dans laquelle il s'enveloppa avant de se remettre à danser puis sans savoir pourquoi, il s'endormit.

 

 

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