La Nuit de L'Envol. Partie 3. Je la préfère à vous !
Comment échapper au fantôme d'une femme qui s'empare de vous ?
Le cœur de Niels se mit à battre. C'était une revue cannoise où il était question de l'Académie Fontana rosa. Il y était mentionnée qu'une pianiste illustre en son temps y avait travaillé et laissé un vif souvenir. Elle était malheureusement tombée malade et avait perdu conscience à Paris. On la soignait...
Observant Niels de profil, Webster mesura son trouble et en profita pour se pencher vers lui.
-Alors...
-Je ne peux pas le croire...
-Pourtant, c'est une morte vivante !
La respiration du jeune homme était plus saccadée et il semblait perdu. Daniel lui montra quelques articles sur des cas similaires. Des malades qu'on nourrissait par sonde, encadrait mais restaient inconscients. Il lui donna même le nom de la clinique où séjournait Irène. Le jeune homme bondit :
-Je suis en bonne forme, je peux aller la voir !
-Elle ne peut guère être vue que par ses proches. Tu seras refoulé. Et du reste, pourquoi ferais-tu cela ? Elle s'est emparée de toi !
-Je la préfère à vous, quelle qu'elle soit.
-Et tu as tort. C'est avec moi que tu dois être, pas avec elle.
-Vous m'étoufferez.
-Non ! Tu comprendras pourquoi je ne peux qu'être son adversaire et tu verras la fausseté de ta position...
Niels, raidi, hocha la tête violemment :
-Non. Elle me laisse libre, elle.
-Tu n'as pas toujours dit ça.
-Je danse. Elle aime que je le fasse. Elle me regardait tant !
-Et pour cause.
Webster poussa la porte de sa chambre et ouvrit tranquillement le lit puis provoqua Niels du regard. Celui-ci se défendit.
-Webster, c'est sans issue.
-Oh que non...Niels, mon ange, mon Raphaël. Regarde, tu en as très envie, tu trembles...Tu te souviens ? On s'entend parfaitement...C'est bien, oui, c'est bien, continue de retirer tes vêtements...
Dans les draps frais, le danseur perdit toute contenance, son amant le comblant. Il s'endormit dans ses bras. Au matin, celui-ci lui dit orgueilleusement.
-Mets de l'ordre chez toi et reviens ici. Je te laisse deux jours. Tu vivras avec moi.
-Elle ne fait rien de mal.
-Tu ne peux croire à ce que tu dis..
-Si je résiste, vous me contraindrez à obéir ?
-Je ne compte pas venir chez toi et je ne t'attendrai pas à la sortie des artistes.Tu viendras de ton plein gré.
Webster avait raison. Niels vint de lui-même.