Erik N/ Le Danseur. Partie 3. Chloé, troublante et peu oubliable.
/image%2F1371627%2F20240328%2Fob_2ace52_nicole-marc-portrait-jeune-femme-blond.jpg)
Il lui dit qu'il l’appellerait et il reprit la route. Il avait ses odeurs sur lui, ses belles odeurs de femme. Elle l'avait totalement enchantée : ses beaux seins, ses longues jambes, cette bouche du haut si pulpeuse et celle du bas, plus secrète et terriblement accueillante. Rien que d'y penser, l'excitation le reprenait en entier. Elle adorait les beaux torses, les épaules fermes, les jambes musclées et les sexes bandés, cette fille et il ne lui donnait pas tort. Après tout, elle avait un joli corps fait pour l'amour. Ses belles hanches, le triangle rosé de sa chatte, sa taille fine, ses seins magnifiques et ses lèvres charnues, enfantines encore ! Une belle jeune fille sur fond de mer, une naïade...Une naïade ? Non, plutôt une nymphe. Comment ça une nymphe ? Oui, elle était très crédible en longue tunique blanche, les cheveux tirés. Ah mais dans ce cas, alors...Une émotion violente le traversa soudain :
-Ce n'est pas possible, ça ne peut pas être vrai ! Mais c'est le Faune ! Elle avait des regards...Et les miens la soumettaient. Ce ne peut être possible ! Le Faune ! Incroyable. Comme je la regardais, comme se pliait dans l’amour et jusqu'à ce foulard. Je pourrais m'en servir pour jouir comme il fait en pensant à son corps, à ses promesses, à ses joues encore enfantines et à ses beaux regards. C'est simple. Elle m'a rendue comme lui. Enfin plutôt « Elles ». La femme aux yeux verts et l’Ève radieuse. Et Lui, car il faut le suivre.
Il ne cessa, en rentrant, de penser à l'abandon de Chloé et revit ses cuisses écartées, le triangle blond de son pubis et le dessin de ses lèvres intimes ; il revit son excitation aussi. Comme c'était bon ! Il sut qu'il la reverrait. Une prochaine fois, ils seraient nus sur une plage ou dans une forêt et ce serait aussi intense. Il lui donnerait des nouvelles.
Quand il se gara, à Corona del Mar, devant la grande villa, il était bien plus tard que prévu. Tout le monde était là. Mills fut direct :
-Eh bien, dis-nous ce qu'il en est de Kyra Nijinsky ?
-Elle honore le rendez-vous. Elle prendra l’avion.
-Fort bien ! Précise.
-Sans la lettre de mon professeur de danse à Copenhague et sans l'album, elle n'aurait pas accepté. Comme quoi, tout cela était judicieux.
-Que disait la lettre ?
-Je ne sais pas.
-Et l’album ?
-Ce sont des photos d'elle le plus souvent prises par Irina Nieminen, mon professeur à Copenhague mais par d'autres aussi. On la voit quand elle était petite puis jeune fille. Il y a beaucoup de photos d'elle en danseuse quand elle se produisait en Allemagne et à Londres et d'autres où elle porte ses costumes.
-« Ses » costumes ?
-Oui, elle est photographiée en spectre, en esclave, en dieu bleu : ses rôles. Et elle est photographiée en Lui. C'est à dire vêtue comme lui avec le même regard, le même visage. Celles-là sont souvent d'Irina.
-C'est sans grande importance, non ?
Erik fut interloqué. C'était une remarque naïve. Wegwood l’épaula :
-C'est une femme âgée et c'est un passé lointain. Bien que sûr que c'est important. Elle s'est revue...
Mais Mills parut méfiant :
-Probablement. Mais dis-moi, concernant le tournage ?
-Elle a lu le scénario et l'a annoté.
-Elle a compris ce qu'on voulait faire ?
Erik regarda Mills et fit un signe de tête négatif.
-C'est la fille de Nijinsky. Elle veut qu'on en tienne compte.
Mills parut stupéfait :
-Qu'on en tienne compte ? Tu m’inquiètes ! Elle est fantasque.
-Elle a le droit de les vouloir ! Quel est le sens de cette expérience sans elle ? Elle doit juste venir pour dire que tout est très bien ? C'est la fille d'un des plus grands danseurs du vingtième siècle !
Wegwood lui décocha un regard entendu : Mills commençait toujours par dire non et s'arc-bouter. Mais cette fois ci, le danseur ne temporisa pas.
-Elle est forte et cohérente. Je suis restée longtemps avec elle, d'abord dans un salon de thé et ensuite chez elle dans un appartement désuet où tout renvoie aux Ballets russes… Elle a parlé de tout, mais surtout de la danse. Elle sait ce qu'elle dit.
-Ce que tu dis me plaît, nuança Wegwood. On doit s'attendre à être bousculés. C'était quand même un enjeu de départ. Et tu as raison : c'est sa fille !
Mills resta songeur :
-Mais c'est toi que je vais surtout filmer quand elle sera là...
-Tu changeras d’avis. Tu changeras forcément d’avis !
Wegwood sourit devant l'audace et l'habileté d'Erik mais Mills faillit mal le prendre.
-Aucun dépassement de budget n’est autorisé et Baldwin me tarabuste ! Bon, toi, tu fais venir la fille de Nijinsky et tu décrètes que le film sera fort ! J’espère qu’elle ne sera pas trop difficile à manœuvrer !
De nouveau, le chorégraphe intervint :
-On paniquait parce qu’elle ne venait pas et maintenant, on redoute qu’elle vienne et perturbe tout ! Elle a un fort caractère et est respectueuse de son père ; moi, je n’ai pas d’inquiétude. Je crois qu’elle sera ravie, Erik y veillera.
Mills finit par dire :
-Bon, on va faire confiance puisqu’Erik semble avoir faire de multiples conquêtes en Californie ! Je n’avais pas pensé à mademoiselle Nijinsky mais pourquoi pas !
La remarque amusa le danseur qui se mit à rire. On prit un verre et on se sépara.
Dans les jours qui suivirent, Erik eut Julian au téléphone. Il lui parut enjoué, comme si l’agressivité dont le danseur avait preuve à son égard et la façon dont il lui avait répondu n’étaient plus que de lointains souvenirs.
-Mademoiselle Nijinsky a fait ta conquête : j’ai reçu ta lettre !
-J’ai hâte qu’elle vienne sur le tournage.