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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
31 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Donner une autre image.

 

 

Revenant à la scène après une longue absence, la pianiste Irène Diavelli veut paraître aux mieux

Elle courut chez le coiffeur, l'esthéticienne et la manucure et dévalisa quelques magasins. Au dernier moment, la robe noire qu'elle avait choisie pour l'occasion, lui parut un mauvais choix. Une telle couleur à son âge, un chignon sage et un maquillage appuyé, y avait-il une façon plus nette de paraître ridicule ? Non. Elle lâcha ses cheveux qu'elle attachait toujours et les retint par des pinces avant d'aller s'acheter une robe de cocktail pourpre avec un haut scintillant. Elle ne portait jamais ce type de vêtement mais refusa de se poser des questions. Dans un institut de beauté, une jeune fille la démaquilla et sur son injonction lui donna un visage différent. Sous les fards légers, son visage révéla un ovale plus pur, les paupières parurent plus bombées et les sourcils plus arqués. Enfin, la bouche devint pulpeuse, lui donnant une sensualité qu'elle n'affichait jamais. Le jour du concert, elle se prépara seule dans sa loge et surprit en apparaissant sur scène. On ne la connaissait pas comme jolie et moins encore comme belle mais les effets conjugués de sa mise, de son maquillage et de l'éclairage choisi fit changer les esprits. Cette femme qui, chaque soir, arrivait pour guider au piano six jeunes danseurs qui attendaient la gloire, ne pouvait être celle qui saluait ainsi le public. L'une portait des vêtements amples, souvent enfilés à la hâte et qui, même si individuellement ils étaient beaux, perdaient toute séduction en étant portés ensemble. Celle-ci, au contraire, portait une robe d'exception qui la rendait brillante. L'une ramassait ses cheveux en arrière et se contentait d'un rouge à lèvres vif. L'autre offrait un visage aux traits soudain harmonieux que les fards rendaient à la fois avenant et un peu irréel. Il y avait de quoi être surpris et se réjouir. On le fut et on l'applaudit.

 

31 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Retour à la scène.

 

 

Pianiste reconnue en son temps, Irène Diavelli est tombée dans l'oubli. Lors d'un concert donné à Cannes au profit d'une académie de danse, elle renaît.

Résolue, elle s'installa au piano et commença à jouer. Ce piano...Il avait été au cœur de nombreuses tractations pour qu'elle accepte de se produire sur scènes et le trouver avait donné quelques sueurs froides aux organisateurs. Pas question d'utiliser l'un des instruments déjà présents à l'académie, chacun d'eux étant indigne d'un concert. Au bout du compte, on l'avait loué pour elle ce piano, afin qu'elle ne se fermât pas dès qu'elle commençait à en jouer.

Elle commença la première gymnopédie. Dans la salle, ils se taisaient tous et écoutaient. Irène avait appris à quel point le mot « écouter » peut cacher de réalités diverses. Certains ne pensaient plus à rien car la musique les surprenait. Cela ne durait en général pas très longtemps car un flot de pensées et d'images s'emparaient d'eux tandis qu'ils se croyaient concentrés. D'autres sentaient leurs émotions se démultiplier au contact de la musique. Ceux-là avaient en général du mal à ne pas bouger sur leur siège. Ils crispaient les lèvres et avaient le regard enfiévré. Ils touchaient vraiment à un autre univers. Il existait aussi des spécialistes qui comparaient les versions et cherchaient à la fois l'originalité et les failles. Suivant leur nature, ils étaient très vite féroces ou au contraire très cléments. Enfin, il y avait ceux qu'elle nommait « les cœurs purs ». Ils recevaient la musique en eux et, qu'ils aient ou non une culture musicale, ils s’émerveillaient du don qu'elle représente. Ceux-là avaient sa préférence. Enfant puis jeune fille, elle avait été comme eux.

Dans la salle, elle le savait, toutes ces catégories étaient présentes mais elle décida de s'en moquer.

 

31 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Concert à Cannes. Satie.

 

 

Au premier rang, les six danseurs étaient entourés de notables, sans parler des dirigeants de l'Académie. Voyant à quel point ils s'investissaient pour la danse classique, Irène ne pouvait les ranger dans la catégorie des auditeurs distraits ou de ceux que seul le snobisme motivait. Ils devaient bien être mélomanes ceux-là mêmes qui espéraient que leurs meilleurs éléments danseraient sinon sur du Chopin (choix hautement improbable), du moins sur du Stravinski...

Quant aux adjoints du maire qui, par obligation, étaient venus, elle doutait qu'ils connaissent bien Satie mais comme celui-ci, après avoir été décrié, était désormais très joué, ils ne pourraient qu'admirer.

Mais seuls importaient les six danseurs et Irène savait pouvoir les éblouir ! Les morceaux s’égrenaient, espacés les uns les autres par quelques secondes où le temps s'arrêtait. On s'entre regardait, se souriait, mettait la tête entre ses mains. Et puis, de nouveau, elle jouait. Eux, ils étaient encore très jeunes. Outre ce qu'ils apprenaient au lycée, ils étaient pris en charge à l'Académie sur bien des plans. Aux vacances scolaires, ils participaient à des stages spéciaux. La musique, la littérature, l'histoire de la danse, le travail des grands chorégraphes, on ne les épargnait pas. Il était impossible que la mélancolie savamment retenue de ces pièces de Satie, leur caractère ironique et défait ne les atteignit pas car la danse y était présente. Ils auraient pu improviser sur de tels morceaux mais aussi danser sur des chorégraphies déjà agencées. Et s'ils l'avaient fait, elle était sûre que, de là où la mort l'avait conduit, le musicien secret et retenu qu'il avait été, qu'on avait tant raillé, aurait apprécié d'être témoin de tant de beauté...

Les Gymnopédies ne suffisant pas, Irène avait adroitement ajouté les Gnossiennes et d'autres pièces moins connues. Sachant qu'elle avait répondu avec beaucoup de spontanéité à une demande qu'on s'attendait à voir rejetée et avait travaillé d'arrache-pied sans beaucoup discuter son contrat, les dirigeants de l'Académie Fontana rosa n'avaient pas discuté la programmation de son récital.

Avec les pauses, le concert durait une heure trente. Il serait suivi d'une réception. Irène joua sa dernière pièce. Elle s'intitulait Les Fils des Étoiles et durait onze minutes. Il s'agissait en fait de trois préludes. Satie le facétieux les avait appelés « wagnérie kaldéenne du Sar Péladan ». Mystérieux et poétiques, il lui avait paru adéquats pour être interprétés en clôture de concert, d'autant qu'ils n'étaient pas si connus...

31 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Fin de concert.

 

Irène Diavelli, pianiste qui a interrompu sa carrière, donne un concert à Cannes au profit d'une école de danse.

Les applaudissements crépitèrent dès qu'elle eut cessé de jouer. L'enthousiasme était tel qu'elle dût accepter des rappels. Elle les limita à trois. On l'admirait, elle le sentit. On ne l'avait pas jugée à sa vraie valeur, elle le comprit aussi. Elle régnait et s'imposait. On la supplierait désormais, tout au moins de programmer un autre récital...

Elle gagna la salle de réception où elle eut hâte de rencontrer les six jeunes danseurs pour lesquels après tout elle venait de se battre. Les dirigeants de l'Académie mirent leur point d'honneur à les lui amener, ce qui l'amusa. Elle les intimidait mais réussit tout de même à parler avec eux. Son but secret est de parvenir à voir seul à seul Anaïs et Raphaël. Malgré la foule, la presse et les sollicitations multiples, elle réussit à obtenir d'eux des rendez-vous. Pour la ballerine, ce serait tout d'abord un dîner de famille mais in serait suivi d'un déjeuner à deux. Pour le jeune danseur, ce fut directement un rendez-vous dans un café tranquille. Il le lui accorda sans ciller ni démesurément sourire. Il était fier ou mal à l'aise. Elle ne savait que choisir.

Les journaux cannois l'encensèrent. Elle donna quelques interviews.

-Vous avez dit arrêter votre carrière de soliste pour avoir perdu le feu sacré...

-Je ne l'ai pas dit exactement comme cela.

-Était-ce autre chose ?

-Je voulais une excellence qui ne s'accommode pas de la permanence.

-Et vous avez préféré rejoindre d'autres musiciens...

-En quelque sorte.

-Mais lors de ce concert, ce feu, vous l'avez retrouvé ! Vous pourriez de nouveau affronter de grandes scènes...

-Affronter...

-Le verbe vous déplaît ?

-Un peu. Mais vous avez raison !

-Le ferez-vous ?

-J'ai la conviction de cette école de danse peut permettre à certains de se préparer à aller très haut. Cela m'a motivée.

-Alors, vous resterez....

-Je ne sais pas encore. Pour le moment, je viens de faire cette incroyable découverte. La promesse d'une récompense pour le vrai talent et la redécouverte du mien...

Irène, en lisant ses interviews, se trouva caricaturale. Elle faisait l'apologie de l'Académie Fontana rosa dont elle savait bien qu'elle ne pouvait concurrencer une de ces redoutables écoles de danse liées à des opéras, comme il en existe dans les grandes capitales. Mais qu'importait...

Elle reçut des courriers privés émouvants et enthousiastes et fut recontactée par des musiciens avec lesquels elle avait joué un temps. Ils s'enquerraient d'elle et de son éventuel retour à Paris. Allons, elle n'avait que cinquante-quatre ans ! Sa prestation avait été enregistrée. Elle se vendait. Ils étaient admiratifs. Cannes ! Qu'elle cesse de se plaindre des pluies parisiennes et fasse preuve de réalisme. Pendant plusieurs années, elle avait eu son lot de soleil et de méditerranée. Mais l'art n'attend pas...

Elle sentait bien que sa vie pouvait changer. Mais il y avait ces jeunes gens, ces mois de travail et ces concours qu'ils présenteraient.

Et avant cela, ces rencontres seul à seul où elle les verrait enfin de plus près.

Ces cauchemars s'estompaient. Elle rêvait de danse. Anaïs et Raphaël interprétaient des pas de deux...Elle s’émerveillait et se lamentait. Elle les préférait dansant en solo.

Lui surtout.

 

31 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Anaïs, à Cannes.

 

 

4. Cannes. Académie de danse et jeunes danseurs.

A Cannes où elle joue du piano dans un école de danse, l'ex-virtuose Irène Diavelli, a repéré deux danseurs. Le jeune Raphael Lindhardt et la jeune Anaïs Basso.

Sur les hauteurs cannoises, un peu en dehors de la ville, fleurissent les belles propriétés. La famille Basso faisait partie des privilégiés qui en possédait une. Elle était magnifique, Irène le comprit dès qu'il s'y rendit et sa situation privilégiée, dans le Haut-Canet lui permettait de jouir d'un panorama exceptionnel sur les îles de Lérins. Elle y fut invitée quelques jours après son récital. Xavier et Agnès Basso étaient natifs de Cannes et venaient tous de familles liées à la bourgeoisie récente. Leurs parents brassaient des affaires allant de l'immobilier à la vente de voiture et s'étaient montrés suffisamment malins pour monter socialement. En dignes rejetons, l'un et l'autre était doué en affaires mais à la différence de leurs parents, ils avaient fait des études et acquis une certaine culture. Architecte à la tête d'un prospère cabinet cannois, Xavier, la cinquantaine bien portée, affichait pour les arts un amour sans borne. Décoratrice d' intérieur, Agnès parlait bien l'anglais et l'italien et voyageait souvent pour parfaire sa pratique. Son goût pour les petites sculptures et les tableaux de jeunes artistes en quête de notoriété, était affirmé. Agnès avait un grand frère qui confirmait le virage pris par la famille. Il avait fait son droit et travaillait à Marseille dans un cabinet d'avocats qui avait le vent en poupe. Toutefois, bien des espoirs reposaient sur Anaïs. Une artiste dans la famille, ce serait tellement bien !

Irène savait distinguer ce qui est de l'ordre du vrai savoir et ce qui l'est du placage. En intégrant une grande compagnie chorégraphique, la jolie ballerine flatterait les ambitions familiales car le don qu'elle avait était singulier...

Agréablement accueillie, la concertiste se laissa flatter sur sa carrière passée avant de complimenter ses hôtes sur leur belle et luxueuse villa, pleine de tableaux « de peintres qui montent » et doté d'un piano de belle qualité.

-C'est qu'au départ, Anaïs montrait de bonnes dispositions pour le piano. Nous avons donc fait le nécessaire : achat d'un bon instrument et cours particuliers. Très vite cependant, elle a parlé de danse classique. Nous ne l'avons pas prise au sérieux pour commencer. Elle n'avait que neuf ans ! Mais très vite nous avons compris qu'elle ne mentait pas et du reste, ayant dans notre entourage une ancienne ballerine qui a fait une jolie carrière, nous lui avons demandé son avis. Anaïs avait les dispositions physiques qu'il fallait ! Et vous voyez, c'est bien vrai !

 

 

31 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Irène et Anaïs, la jeune ballerine.

 

 

Dans ce bel espace, Irène passa une belle soirée. Le salon était vaste et lumineux. Il donnait sur une terrasse qui, en belle saison, offrait une vue splendide sur les îles de Lérins. On était là dans un univers qui échappait à toute contrainte matérielle et elle se laissa aller avec bonheur en échangeant avec des hôtes qui faisaient tout pour lui plaire. Il lui tardait malgré tout de rencontrer seule à seule la ballerine, pour mieux la sonder...

-Mes parents sont terriblement bavards, n'est-ce pas ! Je sais que vous voudriez que nous parlions davantage. Je dors souvent rue d'Antibes, chez ma grand-mère maternelle. On peut se rencontrer chez elle si vous voulez. Ne vous inquiétez pas : elle est souvent absente de chez elle !

C'est ainsi que la jeune fille lui proposa une première entrevue.Elle était rieuse Anaïs, et très à l'aise dans le cossu appartement de Delphine Filistreli, sa grand-mère qui cherchait à rajeunir en s'achetant des tailleurs et des robes « faisant jeune » et en se ruinant en produits de beauté.

-Vous savez, Irène, mes parents rêvent pour moi d'une grande compagnie internationale. En réalité, moi, je souhaite me faire engager par les Ballets de Monte-Carlo. Jean-Christophe Maillot, le directeur artistique, mon père le connaît plus ou moins. Je dois vous avouer que c'est là mon grand rêve...

-Monte-Carlo ? Vous passerez une audition ?

-Oui. J'aurais dix-huit ans fin juillet prochain. Je ferai encore quelques stages intensifs et passerai en effet une audition.

-Vous semblez très sûre de vous, comme si tout était acté...

-Et pourquoi tout ne le serait-ce pas ?

-Et les autres scènes ?

-Il y aurait bien Milan ! Seulement, il faut que je sois sûre que Roberto Boyle m'attende...

 

31 octobre 2024

La Nuit de l'envol. Partie 1. Vous voulez connaître mon passé? D'accord, madame...

 

Irène, qui joue du piano dans un cours de danse, se passionne pour un jeune danseur dont elle veut connaître le passé...

Elle se sentit démunie. Ne voulant pas lâcher prise, elle s'écria :

-Niels, parlez-moi de votre histoire. Une fois au moins.

-D'accord, madame...Mon père s'appelle Thüre. Il a rencontré une jeune femme qui était venue en vacances au Danemark et ils se sont mariés. Ils ont travaillé ensemble aussi. Des voyages sur mesure au pays de la Petite sirène et d'autres, moins cher. Ils ont eu deux enfants. J'ai une grande sœur qui leur a tout de suite plu beaucoup car elle est comme eux : le sens de l'argent et la bosse du tourisme. Moi, dès que j'ai pu, j'ai dansé dans mon coin. Quand on est petit, ça va encore, on pense que vous ferez des danses folkloriques jusqu'à ce que le ridicule vous rattrape. Ils ont pensé ça mais j'ai insisté. Comme ça, pour voir, ma mère m'a mis dans un cours de danse classique. Je savais que c'était ça. Je veux dire ça et rien d'autre. J'ai suivi les cours jusqu'à ce que mon père se fâche et me retire de l'école mais il s'est heurté à une femme qui la subventionnait par des dons très importants, cette école, et qui lui a expliqué qu'il avait tort. J'ai continué d'y aller mais le divorce s'est annoncé. Mon père, qui est très menteur, a raconté des sottises sur ma mère parce qu'il voulait nous avoir en garde. Il a eu gain de cause. L'idée que je continue la danse le mettait dans tous ses états mais la dame dont je vous ai parlé m'a fait passer un concours pour intégrer un centre de formation tout frais payé. Là, il a fermé son grand bec. Le souci c'est qu'il est mort brutalement, mon père et que ma mère, puisqu'elle avait divorcé, était en France. Ma sœur est restée au Danemark car étant majeure, elle pouvait choisir de le faire. Elle avait une liaison avec un homme qui lui plaisait car il avait de l'argent et elle s'est mariée avec lui pour finir ! Moi, j'ai dû aller à Paris. Il y avait beaucoup de possibilités pour continuer à étudier la danse mais ma mère ne voulait plus entendre parler de cette passion que j'avais. Heureusement, elle était amie avec une femme plus âgée qu'elle, une comédienne qui avait fait un peu danse classique. Elle a pris partie pour moi. Au bout du compte, je suis arrivée à Cannes, ai pu reprendre des études et ma formation de danseur et ça se passe bien. J'aime beaucoup Monica.

-Bientôt, vous passerez le bac, présenterez des concours, serez reçu dans un compagnie prestigieuse et disparaîtrez...

Il hocha la tête.

-Oui, madame.

Manifestement, il sentait la fascination qu'elle avait pour lui mais ne comprenait pas sur quoi elle reposait. Elle me regarderait m'entraîner et cela suffirait à la faire trembler ainsi, elle, cette pianiste qui a eu du renom et se cache en province ? Et trembler pourquoi ? C'est une femme mûre qui ne peux me voir que comme un gamin...

 

31 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Irène et Raphaël-Niels.

 

 

Elle rit et Irène fit de même. Toutefois, elle fut un peu déçue. Cette fille aussi prometteuse qui se contentait d'un plan déjà tout tracé et évitait de prendre des risques ? On parlerait d'elle bien sûr mais dans quels cercles et pendant combien de temps ?

Non décidément, de ces deux danseurs, c'était Raphaël qui la fascinait. Il faudrait forcer une rencontre. Elle le fit. C'était à la sortie d'un entraînement. Il s'était arrêté sur l'esplanade qui faisait face à l'Académie et remontait le col de son blouson d'hiver. Elle le rattrapa.

-Je vous avais dit que j'aimerais vous parler...

-Oui, je sais..

-A la fin de mon concert à à deux reprises ensuite.

-Vous savez, madame Diavelli, je vais passer un diplôme français, tenter ma chance dans des concours de danse quand j'aurai mon attestation, ici, et une fois que vous savez cela, vous savez tout.

-Non.

-Non ?

-Vous êtes incroyablement doué.

-Merci.

-Écoutez Raphaël, ceux qui sont à l'aube de leur carrière m'intéresse. Habituellement, ce sont des musiciens, là, ce sont des danseurs. Tout est possible à votre âge et quand on a vos capacités...

-Vous croyez ça ?

-Oui.

-C'est quand ce rendez-vous ?

Il était intimidant. Elle fixa un lieu et une heure. Dans un café désert aux banquettes rouges, ils se firent face :

-Irène Diavelli, c'est un nom d'artiste ?

-C'est le mien.

-Moi, vous savez, je serai Niels Lindhardt.

-Vous prendrez un faux prénom.

-Non, je prendrai le mien. Je ne m'appelle pas Raphaël.

-Ah, j'ignorais...

-C'est mon prénom français. Je parle français avec un accent. Vous l'avez remarqué...Ce n'est pas ici que je devais continuer d'étudier la danse. J'avais commencé à Copenhague. Mais c'est cette vie...Ces choses rebutantes...J'y arriverai...

-Je le sais bien.

Il était fier et glaçant, n'offrant guère de prises pour une conversation calme. Elle demeura silencieuse sans pour autant partir. Il reprit :

-Non, vous ne savez rien. Mes parents se fichaient totalement de la danse, elle comme lui. Au Danemark, j'ai été repéré et aidé par une femme et il y a une autre en France. Sans elles, je ne sais pas comment j'aurais continué...Et maintenant, je suis ici.

31 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Après le bac, je pars en Angleterre...

 

 

Celui qui s'appelle encore Raphael a des projets. Il veut partir en Angleterre et triompher comme danseur...

Au bref hiver méditerranéen succéda un printemps capricieux où les pluies furent nombreuses. En juin, l'été était là, souverain. Le bac se profilait et les futurs candidats se réunissaient pour réviser ensemble. Irène, qui avait régulièrement vu Anaïs, eut moins l'occasion de parler en tête à tête avec elle et ne s'en plaignit pas. Seul Monaco la tenait en haleine. Raphaël, par contre, changea d'attitude et devint abordable. Puisqu'il était si prêt du but et que bientôt il ne s'entraînerait plus dans cette salle où intervenait cette pianiste, il lui accorda un peu du temps.

-Après le bac ici, je pars en Angleterre. Je tenterai des écoles de danse là-bas. Je sais que ça peut marcher.

Irène ne le regardait jamais sans émotion et sans admiration, ce beau danseur qui n'était pas encore sorti de l'adolescence. Elle n'avait cessé, depuis des semaines, d'admirer sa force physique, sa ténacité et son désir de se parfaire. Ce garçon de dix-sept ans qui enchaînait les figures compliquées et sautait si bien. Il réussirait et elle, elle ne pourrait plus le faire...Son coup d'éclat musical à Cannes avait attiré l'attention sur elle. on la sollicitait pour d'autres concerts mais surtout, on lui téléphonait de Paris et on lui faisait des offres. Un festival de musique, succède en général à un autre. Accepterait-elle ?

-Vous serez parti dès le mois de juillet, Raphaël ?

-Niels. Oui, madame.

 

 

 

31 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Que regretteras-tu ?

 

Nice. Fin d'études pour Niels. Le jeune danseur veut faire une grande carrière. Irène croit en lui mais regrette son départ...

-Que regretteras-tu de Cannes ?

-Monica. Ma mère a été malade nerveusement après son retour du Danemark. Elle a encore ses parents qui l'aident à se soigner mais c'était comme si elle ne pouvait plus me gérer. J'étais très en colère. Monica a été une rencontre merveilleuse. Elle fait de petits spectacles dans une salle ou une autre ici. J'ai toujours adoré la voir. Elle peut être très drôle. Et puis, j'ai eu une chambre pour moi et j'ai pu étudier. Et pour ma carrière de danseur, elle a été très positive...

-Un unique regret donc, celui de cette femme...

-Ah non, tout de même pas ! Je sais ce qu'on pense de moi à l'Académie Fontana rosa et je me fie à Monica. Ils vous ont dit que nous étions six à dépasser tous les autres mais je sais, moi, que je suis le meilleur. Je les dépasse, c'est clair.

-Tu es le meilleur ?

-Pas de comparaison possible.

-Ils disent...

-Qui ? Madame Desmaret, la directrice ? Les enseignants? Bien sûr qu'ils maintiennent la façade ou préfèrent s'illusionner. Ducaussel le sait. Je suis le seul à être promis à une grande carrière. A condition que je file d'ici rapidement. Alors vous voyez, le lycée comme il est conçu en France, ça ne m'a pas beaucoup intéressé mais cette école de danse, si ! Et il y a vous, pour finir...

-Moi ?

-J'ai lu sur vous et écouté vos enregistrements comme soliste. Vous avez été magnifique. Ceux qui vous ont formé ont bien dû voir que...

-Sans doute. C'est pourquoi j'ai été si confiante. J'ai perdu le feu sacré malgré tout et assez jeune...

-Pas si jeune. Votre carrière de soliste a duré longtemps...

Ses yeux brillaient. Il s'était donc renseigné sur elle...

-Je ne brillais plus autant quand je jouais dans des formations.

-Ah là je pense que vous dites du mal de vous-même. C'était différent mais vous restiez singulière.

-Ainsi, vous connaissez ma discographie ?

-Avec Monica, on a cherché...

-Se retrouver à Cannes après cette carrière que vous mettez en avant, ce n'est pas glorieux.

-Madame ! Vous avez été magnifique quand vous avez joué Satie. Vous pourriez redémarrer. Ça fait une différence avec la danse, vous comprenez ! Moi, c'est maintenant et j'aurai quoi, quinze ans devant moi pour qu'on sache comment je m'appelle !

Ce Niels ! Technique déjà sûre, sensibilité, grâce et audace, le tout servi par une indéniable beauté physique...Comme Irène l'admirait !

-Je guetterai votre nom.

-Qu'est-ce que vous dites, madame ?

-Si jamais je vais à Londres ou à New York, je guetterai votre nom sur les affiches !

Il eut un sourire éblouissant, le premier qu'il lui adressait de cette façon...

-Oh ! Vous lisez en moi...L'Angleterre et les USA, c'est cela que je veux...

Le temps des examens arriva. Anaïs, Raphaël et les quatre autres partirent sous divers cieux tenter leurs chances. Sans grande surprise, la jolie ballerine partit se former une année supplémentaire à Paris avec la promesse que Monte Carlo l'attendait. Un des jeunes prodiges partit à Lyon et l'autre à Bruxelles pour des carrières qui restaient à construire. Deux autres s'en furent à Marseille avec l'idée de revenir vite à Cannes, l'enthousiasme leur faisant défaut. Raphaël alla passer des éliminatoires difficiles en Angleterre et ne se démonta pas. Après un an dans une école de haut niveau, il se fit engager à Londres par un chorégraphe qui avait le vent en poupe. C'était une belle réussite, d'autant qu'il n'avait compté que son talent propre. A l'école, on se félicita. On avait été clairvoyant, on avait su...

27 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Paris. Irène et Monica. Tensions.

 

 

5. Deux femmes contraires.

Les troubles commencèrent lentement mais allèrent se confirmant. Irène quitta sans regret l'Académie Fontana rosa et récupéra près du Palais Royal à Paris un appartement de famille où elle reprit ses master classes tout en revenant à la musique. Dans le même immeuble, elle disposait d'un studio qu'elle avait fait aménager pour y jouer du piano. Depuis que sa carrière avait repris, elle était entourée. Ses amis musiciens de jadis venaient la voir. Ils sortaient souvent. Elle avait même une relation plus amicale qu'amoureuse avec un chef d'orchestre qui révéla paisible et compréhensif.

A Paris, Irène, pianiste déchue, rencontre Monica, la femme qui s'est beaucoup occupée du jeune danseur à Cannes. Celle-ci doute que l'intérêt d'Irène soit très pur...

il ne lui restait qu'Anaïs, la ballerine qui avait réalisé son rêve en se faisant engager à Monte Carlo et Niels. La première lui téléphonait de temps en temps et le second lui écrivait des lettres un peu folles.

Vous n'allez plus dans le sud de la France ? Vous n'avez pas rencontré Monica ! Je crois qu'elle va venir à Paris où elle a un peu de famille ! Rencontrez-la...

Irène le fit. A Montmartre, elles dînèrent ensemble :

-Niels ne ressemble à personne. Quand je l'ai récupéré, il n'allait pas bien mais il s'est adapté malgré tout. Une école comme ça, pour quelqu'un de son calibre, il y avait de quoi sourire, n'est-ce pas ! Mais il a tiré le meilleur...

Pas très grande, plutôt ronde, Monica avait un visage aux traits forts, une voix un peu gouailleuse et un parler franc qui désarçonnait la fière Irène.

-Vous l'admirez ? Il m'a dit qu'il pensait que vous étiez admirative. Ah c'est sûr, il fait de l'effet. Rien que ce physique si peu attendu! Il est beau Niels...Non, il n'est pas beau ?

-Ah si , si !

Irène s'efforça de rester maîtresse d'elle-même lors de ce dîner mais Monica la poussa dans ses retranchements. Cette école de danse, cette façon qu'elle avait eu d'observer les danseurs les plus prometteurs, ses regards sur Niels, si ardents...Pas la peine de nier ! Il le lui avait dit que ça le gênait d'être ainsi observé !

-Oh, enfin, il aura exagéré !

-Oh non !

-Oh si !

-Celle qu'il admirait vraiment c'était cette Monica Revel qui montait des spectacles si drôles dans de petits cabarets qu'on en parlait dans toute la région. Votre talent, il en parlait !

 

 

 

27 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Irène et Monica : rivalités.

 

deuil-amour

Mais Monica ne lâchait pas et continuait de la pousser dans ses retranchements. Alors, Irène finit par parler :

-Le feu que Niels savait être en lui, il l'a découvert. Sa beauté et son talent commençaient de m'ensorceler pour ainsi dire et il n'est pas mauvais que j'en ai été brutalement privée. Que je n'aie plus grande chance de le croiser met fin à mon supplice. Niels va briller physiquement, charnellement et toucher les cœurs, susciter les sentiments les plus nobles et les désirs les plus vils. Son corps sera admiré, son beau visage scruté. On guettera ses postures, on aimera ses mouvements. Il fascinera par ses sauts, les mouvements de ses bras, la grâce de ses expressions et la clarté de son regard. Son charme magnétique opérera sur les spectateurs, qu'ils soient homme ou femme. Il sera Le Danseur...

Après cette tirade, elle constata que Monica la regardait avec circonspection et cherchait ses mots.

-Vous l'aimez ?

-Que dites-vous !

-Il n'y a pas de honte à être amoureuse en pareil cas. Nous en sommes tombées d'accord : il est fort beau !

Irène s'offusqua :

-Pas du tout, ce n'est pas cela du tout ! Moi, en tant que pianiste, j'ai pu émouvoir, atteindre au plus profond des âmes attentives avec ma musique mais je n'ai jamais eu ce pouvoir de posséder l'espace, de relier le sol au ciel en un immense élan et de renvoyer à ce que l'univers a de plus spirituel et en même temps de plus charnel !

-Et c'est tout ?

Cette Monica la hérissait vraiment.

-Mais enfin, oui...Du reste, il est à Londres et moi à Paris.

Prenant congé, son interlocutrice lui dit froidement :

-Je dois admettre que c'est providentiel...

-Providentiel ?

-Oui, à cause de cette façon dont vous en parlez ! Enfin, heureusement, il construit sa carrière. Il est loin de vos divagations !

-Je vous interdis !

-Non, moi, je vous interdis ! Mais en ai-je le pouvoir ?

Irène, stupéfaite, ne releva pas. Elle reçut quelques jours plus tard son fils qui chantait à l'opéra de Berlin et eut de grandes joies avec lui. Elle dut peiner une fois seule pour chasser de son esprit le dîner avec cette femme puis elle fut prise dans un grand remuement d'angoisse et de cauchemars.

 

26 octobre 2024

La Nuit de l'envol. Partie 2.

 

 

 

DEUXIEME PARTIE

SAVOIR OU ON

VEUT VOLER

 

 

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Quelques mots.

 

 

Dès l'enfance, Niels, né d'un père danois et d'une mère française, veut danser. Pour Thüre, le père, ce sont des divagations d'enfant. Pour Anna, la mère,le talent est là...Alexia Hubbe, ex-ballerine attentive au répérage des jeunes talents, donne sa chance à niels, qui se forme à Copenhague. Mais la séparation des parents est difficile. Niels se retrouve en France où il est hébergé chez une amie de sa mère. Il faut continuer la danse et il le fait à Cannes où il rencontre la pianiste Irène Diavelli. Plus tard, il termine sa formation et part pour l'Angleterre. Une carrière brillante se dessine. Mais Niels, très charmant, n'est pas toujours conscient du charme qu'il dégage. L'aimer et en être aimé est une tentation pour beaucoup.  S'emparer de lui aussi. Si Alexia a échoué au Danemark, Irène Diavelli espère réussir. Et Daniel Webster,l'écrivain que Niels rencontre aux Etats Unis aussi.

Seulement, sans magie ni artifice, le risque est grand de ne pas réussir.

Itinéraire d'un danseur qui brille beaucoup trop...

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Pensées d'Irène.

 

 

Elle pensait prendre sa vie en cours de route, être lui à l'aube de sa réussite américaine mais il ne pouvait en être ainsi.

Elle butait sans le vouloir sur un moment de son enfance et sur tout ce

en avait découlé et dans l'immobilité de sa vie suspendue, elle était l'enfant

Niels qui se battait pour danser et y parvenait...

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Il serait doué pour la danse....

 

1. Une vocation contrariée.

Il pleurait dans sa chambre, comme souvent, mais c'était de rage. Il pouvait se montrer abattu mais il avait cet orgueil qui ne le lâchait pas et le poussait à toujours insister. Au fil du temps, ça jouait en sa faveur.

Trois ans de danses folkloriques parce que Thüre, son père, s'opposait à toute formation classique et qu'Anna, sa mère, n'avait pas assez de caractère pour le contrer.

-J'ai dit non et c'est définitif ! On ne va pas remettre le couvert avec ça ! Franchement, c'est la fille qui s'intéresse à des jeux de garçon et le garçon qui louche sur ce qui convient aux filles, dans cette famille !

-Il aime le ski !

-Bah, oui, pas difficile. Mais elle, tu as vu ! Patin à glace, natation et foot ! Elle est bonne en plus ! Tu arrives et tu trouves quoi ? Faire le guignol au milieu de filles en tutu ! On m'aurait dit que ce garçon aurait des goûts pareils...

-Il n'en démord pas.

-Il le fera.

-Mais tu vois bien...

-Tais-toi, Anna. Fin de la discussion.

Niels ne se calmant pas, ils finirent pas céder. Que faire de toute façon ? Il passait son temps à dessiner des danseurs, à regarder des DVD de danse qui venaient dont ne sait où et à supplier ses grands-parents français de l'aidaient, ce qu'ils faisaient en lui envoyant de l'argent pour s'acheter des justaucorps, des jambières et des chaussons de danse.

-Pourquoi tu lui donnes cet argent !

-Il reçoit des billets dans des enveloppes ! Il y a son nom dessus !

-Et tu l'as inscrit à un cours !

-Oui, Thüre ! Je l'ai inscrit à un cours de danse. Il est pénible à l'école et ne pense qu'à la danse ! Et puis la directrice m'a dit qu'il était doué et crois-moi, elle a l'habitude. Il est très studieux !

-Un truc de fille !

-Oh mais il a dix ans !

-Et à quinze, il tortillera du derrière. Ah, tu sais bien ce que je pense.

-Tu ne vois que par Maja !

-J'aime ma fille ! Elle est féminine mais casse-coup. J'adore ce mélange !

Elle avait cinq de plus que son frère et avait des petits-amis. Une jolie fille avec ça....

Niels ne lui parlait pas beaucoup car elle était méprisante mais elle s'en moquait, ayant toujours eu une vie très différente de la sienne. Quant à lui, s'il avait eu beaucoup de mal avec le favoritisme de son père et celui, moins avoué, de sa mère, il s'en tirait mieux, fort de la certitude d'être fait pour la danse et de pouvoir dans ce domaine que chez lui on écriait tant !

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Une ballerine qui s'intéresse à Niels...

 

Depuis qu'il était assidu au centre chorégraphique, il était beaucoup plus calme à la maison, se montrant parfois taciturne. Adroit, il savait qu'il avait la part belle. Que pouvait-on lui dire ? Ses résultats scolaires étaient bien meilleurs et il n'était plus absentéiste. Avec les élèves de l'école, il était certes un peu distant mais jamais vulgaire ni bagarreur et question progrès, il étonnait son monde. Un acharnement surprenant chez un jeune garçon qui ne recevait manifestement aucun encouragement familial...

Tout alla ainsi pendant un an et demi environ mais quand il devint évident qu'il était nettement plus doué que la moyenne, l'école se mit en quatre pour lui proposer des formations complémentaires. S'entraîner à chaque vacances scolaires, Niels ne demandait pas mieux mais il était mineur et les stages coûtaient assez cher. Thüre qui avait passé des années à promener des touristes en Europe du nord, s'absentant pour de longues périodes, avait assez économisé pour monter sa propre petite entreprise. Ayant passé la quarantaine, il souhaitait désormais se consacrer au tourisme sur mesure pour des clients aisés et louer de jolies villas ça et là au Danemark à ceux qui voulaient passer des week-ends de rêve...Le budget que représentait la formation de Niels était grotesque à ses yeux.

-Quelques femmes qui s'extasient et c'est vrai quelques hommes aussi ! Rien n'est sûr, il est tellement jeune !

Anna lutta un peu mais au fond la nouvelle situation de son mari lui plaisait. Ils pourraient travailler ensemble et être plus sédentaires. Elle-aussi avait eu sa part de groupes de touristes. Niels devrait se contenter de ce qu'on lui proposait. Une excellente ballerine formée à l'école de Bournonville et qui avait travaillé pour le Ballet royal de Copenhague s'intéressait à lui...

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Alexia la mécène.

 

 

Très élitiste au départ, cette danseuse exigeante et hautaine qui visait la perfection, s'était adoucie. Elle avait cinquante sept ans et après une carrière plutôt brillante, elle avait appris à se soucier de ceux pour qui la danse est tout mais qui sont totalement desservi par leur environnement. Quand on est une enfant de la balle qui grandit dans un univers où tout le monde fait de la danse classique, passe par le conservatoire de musique ou fait une école de chant très recherchée, on ne se rend pas forcément compte de sa chance. Bien sûr que tout n'est pas si simple puisqu'il faut convaincre de son talent et être à la hauteur des espoirs mis sur vous mais tout de même...Elle avait été entraînée par sa mère et sa grand-mère qui toutes deux avaient été danseuses classiques et encouragée par son père dont la réputation de chef d'orchestre dépassait le Danemark. Il lui avait été facile d'aimer les arts puisque les Muses aimaient sa famille et des années durant, elle avait vécu dans un univers fermé, dansant impeccablement puis recevant les applaudissements comme un juste dû. A quarante ans, elle se produisait encore en solo mais avait compris que son riche mariage lui offrait un échappatoire non négligeable. Il était bon de se retirer petit à petit du monde de la danse en continuant à vivre dans un monde doré fait de croisières sur des bateaux de luxe, de vacances dans les îles grecques et de séminaires sur la sculpture où son mari, lui-même sculpteur de renom, se taillait la part du lion. Mais ce rôle de maîtresse de maison et d'épouse attentionnée avait trouvé sa limite une après-midi où elle était tombée sur un documentaire qui l'avait retourné. Dans une des banlieues de Johannesburg, de jeunes danseuses avaient décidé d'ouvrir des cours pour des élèves sans le sou qui vivaient le plus souvent dans une grande précarité. Ces cours, basés sur une discipline complexe et un travail régulier auraient dû être voués à l'échec mais le contraire s'était produit. Ces jeunes garçons et ces jeunes filles s'étaient mis à fréquenter régulièrement les classes de danse et avaient rivalisé d'application. Au bout de cinq ans, grâce à des fonds privés, l'école s'était dotée de plusieurs salles et d'un petit théâtre où, en fin d'année, les élèves offraient un spectacle de fin d'année. Ce qu'elle en vit stupéfia Alexia. Au Brésil, à Rio de Janeiro et Afrique, à Dakar, elle vit que des initiatives similaires avaient vu le jour...

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Un certain Niels Lindhardt.

 

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Que fallait-il en déduire ? Qu'il fallait peut-être qu'elle sorte du sérail dans lequel elle avait placé la danse classique... Tout le monde, au Danemark, n'était pas ouvert à cet art si particulier et par ignorance ou méconnaissance, il se pouvait qu'un candidat ou une candidate à une bonne formation ne dépasse jamais deux ou trois leçons et perdent toutes ses chances alors qu'il ou qu'elle avait un potentiel...

Rompant avec ses habitudes, Alexia se renseigna partout, créa un réseau de danseurs ou d'amoureux de la danse qui se mit au travail. L'objectif était d'aller partout et de repérer des jeunes qui avait besoin d'être aidé. Elle mit en place une fondation et se prépara à aider à faire carrière ceux et celles qui auraient repérés...

C'est ainsi qu'on finit par lui signaler un certain Niels Lindhardt, dont les dons étaient certains, mais la famille hostile à la danse. La situation était si tendue qu'à chaque cours, on se demandait s'il viendrait...Ce n'était pas faute d'avoir parlementé avec ses parents...

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Jeune et stupéfiant. Niels repéré par Alexia Hubbe.

 

MD5

Il avait douze ans quand Alexia fut en mesure de lui accorder une bourse. Il l'avait stupéfaite lors des entretiens qu'elle avait eus avec lui car sa violence était très contenue et son envie d'apprendre immense. Il avait dansé pour elle. Il était encore jeune mais à son âge, certains, bien plus entraînés, dansaient bien mieux. Seulement, il avait le feu ! Ce qu'il fallait, c'était lui donner une formation plus solide qui s'accorde avec sa scolarité. A l'âge de seize ans, il tenterait un concours difficile pour intégrer un centre de formation où, s'il réussissait, il serait fin prêt pour accéder au Ballet royal de Copenhague. En quelques années, on aurait fait de lui, un vrai danseur classique.

Tout cela, elle le lui avait expliqué, comme elle le rencontrait pour la première.

-Tu devras travailler très dur et apprendre les bonnes positions, avoir les bons réflexes...

-Il n'y a pas des écoles où on est pensionnaire ?

-Tes parents seraient d'accord ?

-Non. Mais vous leur parlerez...

-C'est déjà fait. Ils pensent que tu es très jeune.

-Ah ! C'est définitif, alors...

-Pour l'instant, c'est compliqué. Mais en même temps, tu es pris en charge maintenant et ça les met face à leurs responsabilités. Tu vas dans une nouvelle école de danse et pour que tout aille bien, tu changes d'école. Quand on saura que tu suis un entraînement de haut niveau, on ne pourra plus se moquer de toi parce que là où je t'envoie, tout le monde n'entre pas. Avec tes parents aussi, ce sera différent.

-Mon père...

-J'ai compris qu'il se montrait agressif avec toi mais crois-moi, te mettre des bâtons dans les roues n'est pas dans son intérêt. On va attendre de toi un bon niveau scolaire et tu reçois une formation élitiste sans qu'il ait à la payer. S'il n'est pas d'accord, il s'en mordra les doigts.

Il s'était mis à rire, Niels, quand elle avait dit ça. Quel étrange garçon c'était là...Mais doué et d'une beauté encore enfantine si touchante.

Tout s'était déroulé à merveille : le changement d'école, le nouveau centre chorégraphique et les bons résultats. Thüre, pour la première fois de sa vie, avait commencé à se dire qu'il n'avait pas misé sur le bon cheval. Niels avait l'air de s'en tirer bien mieux que Maja en fin de compte car celle-ci ne faisait plus grand chose. Quant à Anna, elle soufflait. Il avait enfin cessé de la critiquer car elle encourageait un bon à rien. A ce qu'elle comprenait, c'était plutôt le contraire.

Très bon dans cette école de danse.

Mauvais caractère mais très bon.

Il faudrait qu'il ait ce concours. Le Ballet Royal de Copenhague était en ligne de mire.

Mais, un soir qu'il roulait ivre, Thüre était mort...

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Quitter le Danemark pour la France ?

 

La mort soudaine du père de Niels change la donne. Le jeune danseur ira en France, chez une amie de sa mère. Alexia, l'ancienne ballerine, ne pourra plus jouer son rôle de mentor...

Anna n'avait pas voulu rester au Danemark et à Paris, ça avait été infernal.

Monica Revel était une amie de jeunesse d'Anna. Elles s'étaient connues à Paris très jeunes à une époque où, pleines de naïveté, elles rêvaient de leurs vies futures. Anna était attirée par l'Europe du nord. Elle y ferait des voyages, sac au dos, et rencontrerait l'amour. Monica, elle, avait déjà envie d'être une artiste sans savoir que ses spectacles mêlant mime, chanson et textes comiques ne seraient jamais que confidentiels. Certes, leurs relations étaient très distantes mais elles n'avaient jamais disparu. Alors, pourquoi pas ? L'actrice, en tout cas, avait été très réactive. Il fallait faire vite pour Niels et ne pas le laisser avec cette mère dépressive. Du reste, après quelques tergiversations, elle avait dit oui...En Méditerranée, Niels serait heureux quoi qu'on en dise. L'une et l'autre tenaient à ce qu'il le soit.

Alexia fut décontenancée par le départ de ce garçon de quinze ans au corps mince mais ferme et entraîné. En même temps,elle fut soulagée. Elle avait aimé l'enfant qu'il était avec générosité mais elle avait perdu ses garde-fous au fur et à mesure que les années passaient. Il commençait à violemment la troubler. Mieux valait mieux qu'il fût loin.

Niels, lui, voyait les choses différemment. Il avait trouvé une fée marraine, adroite et généreuse et s'il avait un pouvoir sur elle, c'était celui de la combler. Ne répondait-il pas par son talent à ses attentes ? N'étant pas vil, il mesurait sa chance. Cette femme l'aidait vraiment. Quant aux autres, cette artiste assez solitaire et cette pianiste qui semblait s'être réfugiée à Cannes, elles étaient dans son sillage mais n'avaient pas son importance.

Pourtant, la donne changeait. Il avait bien croisé la route d'Alexia Hubbe et estimé qu'elle était sa reine mais tout était fugace.

 

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Retour. Interrogations. Nostalgie.

 

2. Retour au Danemark.

Car il traversait une crise familiale, le jeune Niels Lindhardt a vécu en France chez une amie de sa mère. Quand il revient au Danemark, la mort de son père et l'ambivalence de sa mère lui sautent au visage.

Après Cannes et les concours, il était finalement retourné au Danemark où Alexia l'avait aidé. Mais au travers de son corps immobile, Irène sentait la fièvre de ce jeune homme qui se servait de toute situation pour arriver à ses fins et danser...

La mort du père pesa davantage quand il fut revenu au Danemark qu'elle n'avait pu le faire pendant les difficiles mois parisiens et la période cannoise. Pour tout dire, elle lui sauta au visage. Il avait dix-huit ans et beaucoup d'amertume. Quand avait-il pu dialoguer avec cet homme excessif et intransigeant qui lui avait donné la vie ? Quand avait-il pu l'impressionner favorablement ? Quelques temps avant sa mort, c'est vrai, le vent tournait mais Thüre était mort brutalement. Lui, Niels, devrait faire avec cette relation difficile.

Elle était lui, elle était ses pensées...Tu m'as considéré comme un nul. La danse est faite pour les filles. Tu étais sûr que je n'avais aucune disposition puis moins sûr...Mais il aurait fallu que tu te dédises, que tu admettes que tu avais pu te tromper. Tu ne l'as pas fait ! Toujours à maugréer, à regretter, à me préférer ma sœur qui n'es pas bonne dans les études et, contrairement à ce que tu affirmais, ne réussissais pas tout ce qu'elle entreprenait...

Cette voiture qui a percuté la tienne et t'a tué sur le coup, c'était bien ta punition...Quelquefois je pense qu'on aurait fini par se parler mais ensuite je te revois toi, papa, tel que tu te comportais et je vois bien que rien de bon ne serait jamais sorti d'une quelconque discussion, une fois passée la surprise d'enfin en avoir une avec toi...

Quant à Anna, sa mère, il savait son amour. Seulement, c'était une femme influençable, qui l'avait, pour ainsi dire, aimé en cachette. Ce petit garçon blond au fin visage, elle avait admiré sa ténacité. Qui aurait cru qu'un corps frêle puisse receler tant de détermination ! En revenant au Danemark, au moins elle, verrait ce qu'il en était de lui...Mais il dut déchanter. Sortie d'une dépression de près de deux ans, elle avait trouvé un emploi de vendeuse dans un magasin de décoration qui appartenaient à ses parents. Très craintive et n'envisageait même pas de week-ends à Copenhague...

Elle n'était jamais gaie avec lui, toujours tendue et maintenant qu'il est mort, elle est comme désarticulée.Quand elle est comme ça, je ne supporte pas et elle-non plus. On est toujours en bagarre. C'est dommage car je sais qu'au fond, elle est contente que je n'aie pas lâché...Elle m'a vu danser. Elle est admirative. Mais en même temps, elle s'est engluée dans sa vie ancienne. Elle ne quittera plus Paris !

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Etudier la danse au Danemark.

 

 

Mieux valait le Danemark et cette école préparatoire dont Alexia lui avait parlé. Il en tenta le concours et fut admis. Il aurait une bourse à laquelle s'adjoindrait de l'argent donné par sa mère et celui d'Alexia. Ce fut un vrai bonheur au départ et un honneur ! Elle, justement, elle, si hautaine, si parfaite, si bienfaisante, porteuse de tant de souvenirs de danse, de tournées...

Pourtant, tout avait changé au fil des mois et Niels, qui avait si fier de la retrouver, en était presque embarrassé désormais. Elle tournait beaucoup autour de lui, cherchant à l'influencer. Tous ses conseils n'étaient pas mauvais mais elle les multipliait à l'irriter.

Il ignorait l'effet qu'il lui faisait car il la connaissait depuis des années et se voyait toujours comme un garçonnet devant elle mais il finit par être dessillé.

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Alexia, l'amoureuse encombrante...

 

 

Niels, danseur encore jeune, suscite une passion chez une femme mûre et mariée...

Un soir qu'il se rendait avec elle à un dîner mondain, elle apparut dans le grand salon blanc où souvent, chez elle, elle le recevait. Elle portait une robe rouge décolletée que son mari trouva mal choisie pour la circonstance. Ne voulant pas se ranger à son avis, elle prit Niels à partie d'une manière si insistante qu'il se sentit mal à l'aise.

-Enfin, dis-lui ! Je suis bien plus séduisante ainsi ? Dis-lui, Niels, voyons ! Imagine que je suis ta cavalière ! N'aimerais-tu pas que je sois en rouge ? Nous serions-nous par parfaits l'un et l'autre ? Non ?

Le mari le guettait sans rien dire. Il était toujours très épris de sa femme dont il recevait pourtant bien des rebuffades depuis des années. Cette façon qu'elle avait de s'enticher de ce très jeune homme sous couvert qu'elle l'avait sorti de l'ombre et lui avait permis d'affirmer un talent que personne n'aurait remarqué autrement, était la pire humiliation qu'elle lui ait fait subir. Elle chantait sans cesse les louanges du pur, du si jeune Niels !

Voulant la confondre, le mari insista :

-Alexia, ma chérie, le blanc te va bien mieux ! Va donc mettre ce fourreau ravissant que tu as acheté l'an dernier !

Elle s'entêta et ils luttèrent. Pris à partie, le jeune danseur déclara d'abord ne pas vouloir trancher puis il conseilla une tenue blanche et non rouge. Elle fut stupéfaite :

-Tu me surprends ! Mais je vais me rendre à ta requête. D'accord,Niels, je vais me changer.

Pleine de confusion, elle s'éclipsa, ce qui permit à l'époux de regarder fixement ce beau jeune homme pour lequel sa femme se mettait dans tous ses états...Loin de baisser les yeux, Niels rendit son regard au mari outragé. En un instant, il comprit. Elle était tombée amoureuse de lui, elle, cette dame qu'il avait tant admirée et respectée ! En conséquence il avait barre sur elle. Elle voulait lui plaire ! Quant à ce mari qui vivait dans l'argent, voilà que lui, Niels, qui n'avait que sa jeunesse et son don pour la danse, devenait son rival.

Pendant quelques temps, il fut heureux de la voir ainsi, si disponible à lui et dans les transes de l'amour mais très vite, il se lassa. Bien des signes antérieurs auraient pu avertir Niels du danger qu'il y a à déclencher une passion chez un être dont la vie est déjà avancée, mais jeune comme il l'était et concentré sur sa formation, il ne s'en était pas soucié. Il n'avait que des aventures contingentes qui lui convenaient très bien.

De son côté, elle devint aveugle. Il y aurait entre eux un amour d'exception. Comme elle se mettait à lui faire d'invraisemblables cadeaux, il les lui renvoya. Offusquée, elle cessa de la flatter ainsi. Dès lors, tout en continuant de respecter la danseuse à la carrière solide qu'elle avait pu être et la philanthrope,il marqua le pas. Rien ne se passa de concret entre eux mais des mois durant elle souffrit de lui qui se rétractait. Intérieurement, elle en dépérit et le mari, qui lui en voulait de s'être fait piéger ainsi, contemplai ce spectacle avec une certaine félicité. Maintenant, quel motif avait-elle de s'enorgueillir ?

Brusque et fier comme il était, détestant remercier et refusant de demander pardon, Niels était peu accessible. Les êtres comme lui enflamment les cœurs. Confusément, il le savait. D'autres femmes s'éprendraient de lui et des hommes aussi mais lui ? Que ferait-il ? La plupart du temps, il passerait son chemin. Il aimait la danse d'un amour total et profond. Le reste...

Il avait ses plans qui ne passaient pas par le Danemark et tôt ou tard, il intégrerait une compagnie étrangère, la laissant elle à Copenhague. Alexia passa par tous les stades de la passion. Elle ferma les yeux, rechigna, se montra clémente puis se fâcha. En vain.

 

26 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. s'écarter d'Alexia.

 

 

Au terme de ses deux années de formation, il reçut un diplôme et de nombreuses félicitations. Il était sur le point de partir...

-Il faut tout de même que tu me dises au revoir !

-Je suis là, madame.

-Tu es revenu à « madame »...

-Oui.

-Pourquoi t'en aller si vite? En travaillant pour le Ballet royal, tu voyagerais de toute façon et t'y faire accepter est une formalité.

-Non.

-Et tu n'as rien d'autre à dire ?

-Non.

Je ne lui disais rien, jamais rien. Je n'en avais pas envie. On avait été très proches de faire l'amour ensemble mais je m'étais repris à temps. Pas à cause de son âge et de son cœur mais parce qu'après, ça n'aurait plu cessé ces sollicitations, ces ordres dissimulés qu'elle savait donner...

Ou alors non, c'était bien à cause de son âge et de son corps et quand ça avait failli se passer, je m'étais souvenu d'une fille qui m'attendait et d'un garçon qui avait insisté pour qu'on se voie. Je m'étais dit que si l'un n'était pas au rendez-vous, l'autre prendrait sa place. Alors, cette femme aux belles robes, ça ne valait pas la peine de coucher avec elle. Je n'aime pas qu'on m'oblige à quoi que ce soit et avec ses façons de faire, c'est ça quand même qui se profilait...Ce soir là, j'ai eu la fille à plusieurs reprises mais quelques temps plus tard, je l'ai laissé pour le garçon qui m'intéressait beaucoup plus. Il me plaisait beaucoup et je le trouvais intelligent. Mais de toute façon, je voulais partir. Alors, j'ai fait ce qu'il fallait pour m'en aller...

A cause d'elle ? Ah non, certainement pas.

Il fila à Londres et passa des auditions pour travailler dans plusieurs compagnies. L'une d'elles le repéra. Il écrivit à Alexia qui le félicita. Sentant sa peine, il ne dit rien , préférant enthousiasmer Monica, qu'il fit venir à Londres où tous deux rirent beaucoup. Et il y avait cette femme à Cannes, cette pianiste brillante qui, on ne sait pourquoi jouait du piano dans une salle pleine de danseurs à l'entraînement. Il avait envie de savoir ce qu'elle était devenue mais butta sur l'ignorance de la nouvelle secrétaire de l'Académie Fontane rosa. Irène Diavelli ? Partie ? Oui, à Paris, mais où...

Il se promit de ne pas lâcher et de la retrouver. Il aimait l'intégrité chez les femmes. Cette Irène, ce serait bien de la croiser de nouveau. Une question de temps...

 

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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
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