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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
10 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Californie. Niels et sa troupe.

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Webster vient en Californie et découvre la petite troupe que Niels a montée. Ambiguités.

A Stanford,  Daniel s'efforça de tenir son rang. Il y avait beaucoup d'écrivains dont certains avaient une carrière bien plus prestigieuses que la sienne. Il ne fallait pas s'en laisser compter et se tenir sur ses postions. Il le fit. On lui trouva un esprit brillant.

Au volant d'une vieille voiture rouge, Niels vint le chercher. Qu'il était changé ! Il avait désormais beaucoup d'assurance, celle qui est liée au bonheur.

-Alors tu danses ?

-Une petite compagnie. Tu nous verras demain. C'est bien !

-Ton petit ami ?

-La quarantaine. Il croit en nous. Il a raison, tu verras.

-Ne fait-il pas plus que croire en toi ?

-C'est quelqu'un de droit. Il mérite le respect.

-Et l'amour ?

-Ne commence pas, Daniel.

Niels ! Sa beauté s'était affirmée même si elle restait un peu lunaire. Il n'avait pas commis l'impair de la mettre en avant comme garantie de son succès mais au contraire, il la contrôlait, gardant ses distances et aimant le silence. On devait le respecter d'être ainsi et le juger fascinant...

Le lendemain, comme convenu, il les vit sur scène . Quatre danseurs. C'était plutôt bien. Niels avait dérivé vers la danse contemporaine mais il rayonnait. Aucun faux pas. Impossible de ne pas être admiratif. Impossible également de ne pas être sensible à l'admiration que les autres danseurs lui portaient. Daniel en fut conscient quand il dîna avec eux. De façon singulière, pourtant, Niels était seul...

-Et lui ?

-Pourquoi le rencontrer ?

-Tu peux donc rester avec moi dans ce logement que tu m'as trouvé à Nob hill. Non ?

-Elle est incroyable, cette maison, tu as vu. Hitchcock aurait pu la filmer dans Vertigo...Cette façade jaune et ces grandes fenêtres...On s'attend à voir paraître Kim Novack, tu ne trouves pas ?

-Niels...

-Rester tout le temps avec toi, non.

-Cette nuit, tu peux. Alors, tu le fais.

10 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Passion réactivée.

 

En Californie, l'écrivain Daniel Webster retrouve le danseur Niels Lindhardt. Renouveau d'une passion charnelle.

Déjà, il l'attirait à lui et l'embrassait. Déjà, Niels lui répondait. Ils s'aimantaient comme jadis. Ils feraient l'amour toute la nuit.

Webster, qui avait pu se méprendre sur la réserve de son compagnon, était rassuré. Outre son compagnon attitré, il avait peut-être de nombreux partenaires de son âge. N'étant plus jeune, Lui, Daniel pouvait paraître fade...Il n'était peut-être plus le partenaire que Niels réclamait... Mais non, il était parti prenante.

-Je reste une semaine. On se voit tous les jours. Tu dors ici. Il faut que je te prenne le plus souvent possible.

-J'en ai très envie aussi.

-Niels, tu te souviens...

-Ne crains rien. Je n'ai rien oublié...Je t'en prie, embrasse-moi...

Assez curieusement, tout se passa bien. Niels et Daniel se mirent à beaucoup errer dans une ville splendide où tout était à découvrir. Le sexe revint entre eux, très violemment, les faisant se jeter l'un contre l'autre, s'embrasser, se lécher, se caresser, se prendre. Dans l'appartement, Daniel évitait les lumières fortes pour créer une ambiance étrange. Il avait débarrassé un dressing qui lui servait de salle pour leurs ébats et il y entravait Niels avant de le conduire graduellement au plaisir. A l'extérieur, il laissait le jeune homme trouver des endroits isolés où il arrêtait sa voiture pour ouvrir les vêtements de son amant et le caresser. Délaissant son compagnon, le danseur ne rentra pas chez lui, passant avec Daniel tout son temps. Il avait beau avoir changé, être admiré et affectivement sécurisé, il redevenait celui qui attire et l'autre celui qui prend dans ses filets. Au bout du compte, Niels ne comprenait même plus pourquoi il s'était tellement dérobé à celui pour qui il était fait.

-Il ne servait à rien de t'échapper ainsi.. .

-Non, à rien.

-Mais tu veux rester ici et danser ?

-Oui.

-Fais-le mais n'aie pas de compagnon.

-Je m'en séparerai.

Webster était content car il était parvenu à ses fins. Il avait capté toute l'énergie de celui qui s'était défendu de lui. Bientôt, il reviendrait en Californie pour le voir et Niels viendrait à son tour à New York. Au fond, tout s'agençait merveilleusement et l'un et l'autre firent des voyages pour se voir. Puis,de nouveau, tout fut remit en question.

 

8 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Vous êtes mort et je vous ai redonné vie.

 

A San Francisco, Niels reçut une lettre de France. Elle était signée Irène Diavelli.

Mon bien cher Raphaël

Mon bien cher Niels,

Il y a longtemps, je vous ai rencontré à Cannes où vous appreniez la danse. Je n'ai jamais cessé de penser à vous et ma vie est marquée par la vôtre, alors que ne nous sommes jamais retrouvées.

J'ai été une virtuose du piano avant de voir ma carrière fléchir. Elle a fini par renaître mais ce n'est pas la lassitude qui y a mis un nouveau terme, c'est la maladie. Je suis entrée dans une longue nuit et des années après, j'ai repris conscience.

Me pardonnerez vous d'avoir rêvé de vous, d'avoir voulu être vous ?

Comprendrez-vous qu'en vous je voulais être la musique quand vous étiez la danse ? Je n'ai rien contrôlé, croyez-moi.

Vous étiez retourné au Danemark et de là, vous êtes parti en Angleterre où vous avez dansé merveilleusement. Et puis, vous êtes monté dans un avion pour Boston et vous êtes mort avec tous les autres passagers quand votre long courrier s'est écrasé au sol...

Je ne voulais pas que votre vie se termine ainsi. En devenant vous, je l'ai fait autre, cette vie.Vous avez pris un autre avion qui, lui, est arrivé à bon port et vous avez pu travailler pour une des meilleures compagnies de danse de monde. Voyez comme vous avez brillé ! Je vous ai conduit vers bien des sommets, jeune danseur et vous l'avez eu, votre rêve américain ! Du moins partiellement car un jour, je suis sortie de vous. J'ai su alors que j'avais dû être blessante. Quelque chose me dit que tout va moins bien...

J'aimerais vous rejoindre de nouveau, ne serait-ce qu'en pensée, afin, qu'entre la terre et le ciel, vous soyez Envol. Et je ne doute pas que vous le soyez !

Croyez que rien ne peut vous atteindre si vous êtes à la fort et aérien et que ce désir que j'ai de vous rejoindre n'a rien d'égoïste. Je le fais déjà sans vous voir...Vous ne souffrirez jamais de rien avec moi..

 Raphaël qui ne vouliez pas de votre prénom, qui est pourtant celui d'un ange...

Niels qui vouliez tant vous imposer.

Fermez vous à toute influence extérieure qui pourrait nuire à ce que vous êtes et écoutez en vous ce chant intérieur qui vous dit quoi faire.

 Soyez libre. Ou plutôt, continuez de l'être.

 

Irène.

 

8 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Les dès ne seraient pas joués...

 

Une lettre d'Irène vient troubler Niels, le danseur que l'écrivain Daniel Webster a conquis. Ainsi, tout ne serait pas joué...

Elle devait être dans le sud de la France, avait contacté Monica par laquelle la lettre était arrivée. Elle donnait son adresse. Il pouvait l'appeler. Éperdu, Niels se dit qu'il ne lui restait plus qu'à partir pour la France. Retrouver cette femme éprouvée, voilà ce qu'il devait faire. Il en profiterait aussi pour voir sa mère à Paris. Elle lui lançait depuis longtemps des appels timides mais il se rétractait.

Toujours confiant, il pensa que sa rectitude et son sens de l'obéissance suffiraient à aveugler Daniel. Mais ce dernier était si apte à discerner le moindre changement d'état d'esprit chez son jeune amant qu'il fut immédiatement aux aguets. Que tramait Niels qui semblait soucieux de s'isoler pour téléphoner et envoyer des messages ? Le danseur habitait désormais un grand deux pièces dans le quartier du Castro. En son absence, Daniel y prenait ses aises. Il y fouillait souvent et discrètement, redoutant que Niels lui cache quelque chose. A la lecture de la lettre, il fut pris de fureur et annonça à Niels son immédiat départ pour la France.

-Mais comment ça, tu pars ?

-Des idées pour un nouveau roman.

-Tu veux écrire un roman qui se situe en France ?

-J'ai ça en tête mais on verra. De toute façon, les Américains adorent ce pays. Tu ne savais pas ?

Le danseur était très ennuyé. Il avait lui-même un billet.

-Quoi ? Tu ne dis rien.

-Daniel, j'ai renoué avec ma mère. Tu sais, elle est guérie mais pas si bien portante.

-Et tu as pris tes dispositions pour la revoir ?

Niels rougit violemment mais son amant le prit dans ses bras et le cajola.

-C'est naturel. Tu iras la voir. Nos dates ne concordent pas et je ne serai pas avec toi.

Webster affichait un air sûr de lui qui était assez intriguant. Mais en même temps, Niels ne pouvait que faire profil bas. L'important était qu'il le laissât aller en France et ne s'enquit pas d'un projet autre qu'un séjour à Paris. Les livres de Daniel se vendant très bien, il gagnait de l'argent. La troupe de Niels en manquait parfois et l'écrivain fournissait des aides substantielles. En outre, il était aimant à sa manière rugueuse et autoritaire et au delà des rituels et des manies étranges, le danseur prenait la mesure d'un tel attachement. Il était sombre mais réel.

 

8 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Retourner à Cannes. Les traces du passé. Niels.

 

4. Temps d'exil et d'affrontements.

Il arrivait encore à Irène de jouer les Gymnopédies d'Eric Satie car elle les aimait et il y avait toujours quelqu'un autour d'elle qui était heureux qu'elle le fasse. Elle vivait dans une grande quiétude auprès de personnes que la vie avait éprouvée. Elle prenait davantage soin d'elle, se faisait teindre les cheveux et fardait ses lèvres désormais et puis, elle mettait de l'eau de toilette. Ses moyens financiers (elle avait vendu son appartement parisien) lui permettaient de louer une chambre et un salon dans la résidence et elle avait même un petit jardin privatif. Son fils venait en famille de Milan pour la voir et désormais elle était familière de ses petites filles, qu'elle choyait. De toute façon, on la laissait peu seule. Marianne Sauveterre, venait souvent la voir. En Irène, elle aimait l'artiste, amoureuse de la musique et souhaitait qu'elle continue de l'aimer. Elle était depuis deux ans à Cotignac quand il recontacta un danseur auquel elle estimait avoir fait du mal. Il lui répondit qu'il viendrait. Elle l'attendait.

Depuis quelques temps, elle faisait des excursions. Ce jour là, elle voulut aller à Cannes pour un week-end avec Martine et là, elle revit les vieux quartiers qu'elle avait aimés et erra autour de l'académie Fontana Rosa. Le passé lui sautait au visage.

-Comme tout cela est loin !

-Mais c'était beau …

-Ah oui, très beau. Je suis nostalgique de cette partie de ma vie.

L'envie lui prit de s'acheter des livres pour aller les feuilleter à leur hôtel. Il y avait longtemps qu'elle n'avait plu lu de littérature fantastique et pour avoir des idées, elle s'adressa à une jeune vendeuse.

-Eh bien, lui dit celle-ci, si vous n'êtes pas fâchée avec ce qui est macabre, je vous conseille Celui qui était ensorcelé de Daniel Webster. Ça se passe au dix-neuvième siècle, dans une université américaine et c'est très bien ficelé. Une histoire d'envoûtement mais pas conventionnelle...

-Oui, c'est bien. Webster...Je suis ignorante vraiment...Il est connu ?

-Il s'est fait un nom !

-Qu'a t'il écrit d'autre récemment ?

-Il a écrit un autre roman qui se vend très bien Terridge en enfer. Le héros se nomme Rob Terridge. C'est aussi une histoire de manipulation...

-Voilà un écrivain qui choisit des sujets bien lugubres !

-Il écrit magnifiquement.

-Je vous prends au mot.

 Elle ne lut rien à Cannes, occupée qu'elle était à marcher et à se remémorer sa vie ancienne. Elle revit le port, la partie ancienne de la ville et l'académie Fontana rosa qui était fermée pour cause de travaux. Elle dîna dehors avec Martine.

Au retour, puisqu'elle était au calme et avait envie de nouveauté, elle entama la lecture du roman gothique de Daniel Webster et fut suffoqué. Ce n'était rien de dire qu'il avait du talent...Quelle noirceur et soudain quelle lumière ! Ce gentleman versé dans l'art de l'exorcisme était un bienfaiteur ! Le beau jeune homme lui devait son salut et son heureuse vie à venir...

 

8 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Irène face à l'univers romanesque de Webster.

 

 

Irène, en convalescence, découvre l'univers romanesque de Daniel Webster. Elle ignore bien sûr les liens qui existent entre l'écrivain et Niels, le danseur qui l'a tant marquée.

Quant à l'autre roman, elle le trouva très bien écrit mais étouffant. Il fallait avoir de l'audace pour faire passer la guérison du jeune héros par l'abondance de rapports sexuels qu'il avait avec son thérapeute. Tout le texte reposait sur l'enfermement et la frénésie érotique. La nuit était omniprésente. Irène admira le travail du romancier mais resta critique sur la tonalité strictement homosexuelle de l'univers décrit et sur la misogynie qui le sous-tendait...

Sur chacun des livres, figurait une photo de l'auteur. Assez bel homme, ce Webster, mais personnage singulier. Gay à l'évidence mais traçant se route seul. Respecté comme écrivain mais apparemment peu mondain...Intriguée, elle chercha à en savoir plus sur lui. Il écrivait depuis longtemps et cultivait le mystère autour de sa personne. Il avait une sœur nommée Diane, qui était peintre. Irène se renseigna sur elle-aussi. Douée. Univers étrange mais très construit. Elle peignait des villes ou des personnages se promenaient nus. Ils avaient des têtes d'animaux. Elle venait de réaliser une série de portraits où elle reprenait cette dualité. Cette fois, la personne était représentée avec un tête d'animal mais un buste humain. Dans ses bras, elle tenait sa tête humaine. Curieuse démarche. Une douzaine de portraits étaient présentés. Irène les passa en revue. Le dixième représentait un jeune homme torse nu doté d'une tête de faucon. Son visage au teint pâle, aux grands yeux gris-bleu et à la chevelure blonde et bouclé, était d'une beauté troublante. C'était celui de Niels Lindhardt.

Niels...Celui qui s'appelait Raphaël au début. Dieu guérit.

C'était un portrait qui datait de trois ans. Ainsi, le danseur était aux États-Unis et connaissait la sœur de l'écrivain. En poursuivant ses investigations, elle finit par tomber sur une photo où Niels posait entre Diane et Daniel Webster. Une fête quelconque à Albany, dans l'état de New York, il y avait déjà plusieurs années. Le danseur avait l'air fatigué, presque anémié. L'encadrant, les deux Américains portaient beaux et paraissaient presque arrogants...

Des carnassiers...

 

8 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Niels : une belle trajectoire.

Irène Diavelli se relève d'une grave dépression. Elle se souvient du danseur Niels Lindhardt...

Restait à consulter le site de Niels car elle ne doutait pas qu'il en eut un. Présentation classique. Belles photos. Parcours brillant d'un virtuose de la danse mais rien de plus. Il jouait la carte de la sobriété. Continuant ses recherches, elle tenta d'avoir une vision globale de sa carrière. Formé au Danemark et en France, il avait fait un sans faute en Angleterre. Aux Usa, ça paraissait plus compliqué. Après New York et le Ballet de San Francisco, il y avait un trou inexplicable. Que lui arrivait-il ? Le visage de Niels Lindhardt s'imposa à elle. Il était tel qu'il était à dix-huit ans. Un beau visage adolescent aux yeux clairs et à l'expression décidée

-Surtout, ne fléchis pas ! Reste un danseur !

Entendrait-il ?

Elle était encore perplexe quand Martine lui apprit la nouvelle :

-Cet écrivain américain dont tu as acheté deux livres, tu sais qu'il est sur la Côte d'Azur ? Il serait même à Cannes dans quelques jours. N'est-ce pas étonnant ?

Irène ne répondit rien. Elle était déroutée. Tout était étouffant chez Webster. Cependant ce fut la même Martine qui lui dit :

-Oh, il fera des signatures ; cela pourrait être amusant.

Irène finit ses lectures et Martine réserva de nouveau un hôtel.

 

8 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Une dédicace et une rencontre. Irène et Webster.

 

Irène tient à aller à Cannes. Sans connaitre le rôle que Webster joue dans la vie de Niels, elle souhaite voir celui-ci car il dédicace ses livres...

Au jour dit, elles gagnèrent la librairie où officiait l'écrivain américain. Assis derrière une table, des piles de livres montant de chaque côté de lui , il avait l'air sombre. Malgré tout, il portait beau et il était, dans son costume noir, d'une insigne élégance. Elle s'approcha, intimidée et lui tendit son exemplaire. Il parlait à priori suffisamment de français pour se débrouiller seul et planta ses yeux sombres dans les siens.

-Vous aimez Terridge en Enfer ?

-Oui.

-Mon traducteur français est brillant.

-J'aurais pu le lire en anglais mais oui, la traduction est élégante.

-Élégante, c'est le juste mot.

Webster avait une façon étrange de la regarder.

-Pour qui dois-je signer ? Lui demanda -t'il en lui adressant un sourire poli.

-Irène Diavelli. Vous parlez bien français.

-Non, pas très bien. Niels parle bien. Niels Lindhardt.

Irène sursauta. Il allait droit au but. Le danseur...

-Je peux écrire en anglais, madame ?

-Oui...

Il lui tendit le livre. Ce n'était pas une dédicace qui y figurait mais l'adresse d'un hôtel et un numéro de téléphone, suivis de la mention : Niels ne sait pas mais moi, je sais. Nous devons nous rencontrer le plus vite possible.

Tremblante, Irène referma le livre tandis que Martine, qui avait elle-aussi acheté un roman du même auteur, le faisait elle-aussi dédicacer. Le lendemain matin, Irène trouva un prétexte pour marcher seule et son amie la laissa faire. Webster avait élu domicile dans un hôtel élégant. Il lui demanda de monter dans sa chambre. Celle-ci était élégante sans ostentation mais Webster l'avait comme imprégné de sa hargne.

CHAUSSONS 3

 

-Vous pouvez me parler de Niels ?

Il la regarda avec mépris.

-Bien sûr. Il est à San Fransciso et a renoncé à une belle carrière. A cause de vous. Mais enfin, il semble assez heureux. Je fais tout pour qu'il le soit.

-On dirait que vous me détestez.

Elle avait laissé le français pour l'anglais car il était plus adapté à la situation.

-C'est le cas.

Elle étouffa un cri.

-Je l'admirais, je voulais le connaître davantage et l'impressionner...Cette grâce adolescente n'est qu'un passage....J'étais fascinée par elle...Il avait une ligne de vie courte, lui qui était si doué et si beau ! Pourquoi aurais-je accepté cela ? Je lui ai donné une nouvelle chance, voilà tout. A Paris, il voulait me voir. Je me croyais détachée de lui. Il dansait à Londres.Je ne croyais plus en ma carrière. J'ai commencé à être malade...Des rêves de pénétration, d'intromission...Être lui...Pour le faire grandir, pour vivre au cœur même de sa beauté et découvrir les mystères de son art...Traverser l'espace, l'air...Lui donner une autre vie...

-Et vous l'avez fait ? Je fais partie de ces hommes qui n'aiment pas les femmes. Vous êtes là à cerner celui qui fera un bon mari ou un nouveau mari, à choisir un amant puis sur le tard à chercher des substituts. Évidemment, celui qui est jeune et beau suscite votre intérêt...

 

4 octobre 2024

La Nuit de l'envol. Partie 3. Webster et Irène. Confrontation violente. (1)

 

 

Cannes. Rencontre entre Webster et Irène. Confrontation violente. Rancœur de l'écrivain.

-Vous pensez que je lui faisais du mal ? Comment pouvez-vous penser cela ? Il faut qu'il ait une détestation totale de la femme pour mettre ainsi Niels en garde contre moi. Je n'aurais jamais fait de mal à ce jeune homme que je vénérais. Je n'étais pas en lui pour cela !

-Ah ?

-Et puis...

-Et puis ?

-Ah, j'ai lu vos deux romans et j'y vois clair maintenant. Vous vous êtes insurgé contre moi et vous l'avez contraint à vous obéir. Vous l'avez séquestré, celui que j'aimais d'un amour pur et filial, et l'avez soumis à vos fantaisies !

-Mes fantaisies ?

-Oui, vous faites partie de ces gens qui se livrent à d’écœurantes parades sexuelles. Mais enfin, comment peut-on réduire un être jeune et beau à une telle dépendance !

-Il m'aime et je l'aime. Nous faisons souvent l'amour. Ça vous pose problème, on dirait...

Le cœur d'Irène se mit à battre violemment. Amoureuse mais à sa manière elle l'avait été aussi de Niels et le restait.

-Il est vraiment beau.

-N'est-ce pas !

-C'est un artiste, un vrai et j'en ai été une aussi. Les gens comme nous n'ont pas les mêmes repères. La musique s'inscrit dans l'espace et le temps et elle a un caractère fugitif,comme la danse classique. Un virtuose du piano ou du violon va créer un moment unique dans la vie d'un spectateur comme un danseur de haut niveau pourra le faire en remplissant la scène de ces figures compliquées et de ces sauts qui créent l'extase...Niels et moi pouvons trouver un point de confluence …

-Je suis un écrivain. Et même un bon écrivain. Oui, je sais, madame, je bâtis une œuvre qui vous conforte dans l'idée que mon enfer personnel est presque construit. Encore quelques touches...Je m'autodétruis et vous comptez triompher, vous qui étiez presque morte ! Mais contrairement à ce que vous pensez, je suis un artiste moi-aussi et je comprends Niels bien mieux que vous !

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Webster Irène. Confrontation violente (2)

 

desenvoutement

A Cannes, Webster se heurte à Irène Diavelli qui, selon lui, a envoûté Niels. Il l'intimide...

Elle était hagarde :

-Que je n'ai jamais su ce qu'était l'amour avant Niels ? Cette question ne m'offusque pas. Mes deux maris ont été de bons partenaires mais c'étaient des hommes faits. Aimer un adolescent comme Niels, ce n'est pas la même donne. Mon fils ? Mais bien sûr que je l'aime. Ne confondons pas les plans. Le point de confluence, l'absolu, vous savez ce que c'est !

Il s'avançait vers elle, mauvais.

-Je me moque de votre amour et je veux que vous cessiez d'appeler à vous celui que j'aime.Habiter le corps de Niels un temps était pour vous la concrétisation d'un rêve. Oui, vous vouliez parfaire sa carrière mais vous l'étouffiez. Vous alliez le mettre à mort.

-Jamais.

Webster la gifla.

-Je peux te tuer, ici, Irène, moi, ça ne me fait rien...Et ce sera très facile.

-Vous allez m'étrangler ?

Il rit.

-Quelle femme stupide ! Je jette des sorts moi-aussi et crois-moi, tu ne pourras pas t'en tirer. La médecine ignore ces choses-là. Ma sœur et moi, avons un grand pouvoir.

-Des sorciers.

-Contre une sorcière sans grande envergure...

Elle éclata en sanglot. Webster se pencha vers le fauteuil où, décomposée, elle cachait son visage dans ses mains.

-Tu t'engages à ne plus le poursuivre ?

-Il veut me voir.

-Oh et tu veux le voir, toi-aussi. Soit, il viendra. Dis lui que tu lui joueras Satie. Fais ta gentille. Et c'est tout. Une rencontre, une seule. A chaque tentative pour faire autre chose que ce que je veux, je te frapperai ; Tu t'affaibliras. Et crois-moi, tu cesseras de récidiver...

-Il aurait dû mourir dans un avion pour Boston qui s'est écrasé !

-Il a pris celui de New York ! C'est au moins une belle chose que tu as faite pour lui...Maintenant, laisse-moi.

Et la tirant par le bras, il la guida vers la sortie.

Retrouvant Martine, elle se dit fatiguée mais elle eut assez d'aplomb pour se promener dans Cannes l'après midi et dîner avec son amie le soir. Elle avait mesuré le pouvoir de Webster. Il lui avait pris Niels. Mais elle avait la musique...

 

 

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Niels et Webster. Où il est question d'Irène...

 

Webster quitte la France. Retrouvailles avec Niels. Il est question d'Irène...

De retour aux États-Unis, Daniel se rendit directement à San Francisco où il retrouva son compagnon. Celui-ci était content à juste titre. Sa petite troupe se faisait un nom.

-Tu es allé à Paris ?

-Bien sûr, j'y ai vu mes amis.

-Les Américains n'aiment que Paris.

-Je suis allé à Cannes aussi.

Stupéfait, Niels le scruta. Au fil du temps, il avait appris à connaître les tours des Webster.

-Pourquoi Cannes, Daniel ?

-Tu ne le sais pas ?

Le danseur devint d'une extrême pâleur.

-Tu l'as vue alors. Tu lui as fait du mal.

-Non.

Niels hocha la tête.

-Tu dis non comme tu dirais oui. Pourquoi ! Pourquoi ! Ne suis-je pas épris de toi ? Notre vie n'est-elle pas agréable ?

Daniel prit son amant dans ses bras.

-Doucement, Niels, doucement. Tu n'es pas en cause. Il fallait que je la voie. Tout est bien, maintenant.

-Pas en cause ! Elle ne voudra plus me voir. On verra la limite de ton « tout est bien »...

-Tu la verras. Je n'ai pas menti mon amour.

Il y avait de quoi frémir mais Niels, au fil du temps, avait acquis de la force. Après tout, Daniel n'avait pas intérêt à détruire Irène. Il avait dû lui faire peur en la menaçant de le faire...

 

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Niels et Anna, sa mère. Retrouvailles.

 

Niels va en France et s'arrête à Paris pour voir sa mère et sa soeur. Dures retrouvailles

Dans l'avion, le danseur tenta de se composer un visage. Il devrait voir Anna, sa mère, dès son arrivée. Elle était avec Maya, sa sœur. Il ne les avait pas vues depuis des années. Anna logeait toujours dans le petit appartement que lui avaient laissé ses parents. Elle l'avait aménagé à son goût et bien que de dimensions modestes, il était agréable. Elle n'avait pas eu le front de refuser à ce fils qu'elle n'avait pas vu depuis si longtemps de passer une nuit chez elle et elle avait fait les aménagements nécessaires. Fatigué par son long voyage et tourmenté par sa rencontre à venir avec Irène, Niels arriva un peu confus. Il le resta. Sa mère l'avait fait partir chez son amie Monica, à Cannes, quand il avait seize ans et depuis ils ne s'étaient rencontrés que de loin en loin. Deux ans, c'était long, Niels le comprit car il eut beaucoup de mal à entrer en contact avec sa mère. Pourtant, elle était guérie, travaillait dans un commerce et avait un ami qu'elle voyait régulièrement.

-Tu ne voulais pas rester à Londres ?

-Non, je te l'avais dit, maman...

-Ah oui, New York ! Mais tu n'y es plus !

-Je suis à San Francisco.

-C'est tout ce que je sais, oui, en effet...

-Mais non !

-Tu danses avec des copains...

-Non, c'est une compagnie.

-Ne t'irrite pas ! Une compagnie. Et tu as quelqu'un c'est ça. Un homme. Autant te dire...

-Oui, je sais.

-Bon, c'est la mode.

Elle semblait avoir oublié le Danemark, Copenhague et Thüre ! Elle n'avait plus de regrets car elle avait peu de mémoire.

-Les gens comme vous peuvent se marier maintenant.

-Rien de positif alors ?

Elle était décourageante.

-Ah mais si ! Tu le plus réussi de la famille ! Tu es beau ! Je ne dirais pas que ça me surprend car ton père n'était pas mal du tout et moi j'ai pu être jolie mais chez toi tout est très harmonieux. Ton ami, tu l'avais déjà la dernière fois. Un écrivain, c'est ça...

-Oui.

-Il vend bien ses livres ?

-Très bien. C'est un esthète...

-Il a de quoi regarder...

 

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Niels et Maya.

 

En France, à Paris, Niels retrouve sa soeur qui n'est guère tendre avec lui.

Le cœur de Niels se serrait. Quand il était enfant, sa mère l'avait protégé et défendu. Elle avait insisté pour qu'il fasse de la danse. Et maintenant ? Elle le gênait presque. Maya, sa sœur avec qui il avait très peu de liens, fut plus ouverte. Elle s'était mariée, avait deux enfants et travaillait à Copenhague. Elle était la seule à être retournée au Danemark dont elle ne semblait pas vouloir partir. Elle-aussi faisait du commerce. Elle gérait une parfumerie.

-Maman ? Ah qu'est ce que tu veux, elle était à Paris malade et tu lui en faisais voir. Quoiqu'elle en dise, elle aurait voulu qu'après Cannes, tu restes un peu avec elle mais tu ne l'as jamais fait. Tu as couru partout. Tu lui donnais un jour ou deux de temps à autre. Tu l'aimes à ta façon mais elle pense qu'au fond, elle ne t'intéresse pas. Et je pense que c'est vrai. Je la fais venir au Danemark. Elle voit ses petits enfants. Mon mari l'aime bien. Désolée Niels mais tu es à part. Si beau, si racé, si au dessus de tout. J'ai vu une photo de cet écrivain avec lequel tu es. Une interview. Une note en bas de page indiquait le danseur avec lequel il vivait. Haute opinion de lui-même, ce monsieur là...

Malgré cette charge, Maya fut plutôt chaleureuse, arrondissant les angles et permettant à la mère et au fils de se parler un peu. Elle faisait circuler des photos, ils se remettaient tous à parler danois et arrivaient à rire. Mais le fait que le contact était ténu. Niels fut assez content de partir.

 

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Cannes. Revoir Monica et Anaïs.

 

 

Niels va à Cannes retrouver Monica, la femme qui l'a aidé et Anaïs, qui prenait des cours de danse. L'idée est de comprendre ce qui a pu se passer avec Irène Diavelli.

A Cannes, il avait rendez-vous avec Monica et avec Anaïs, la ballerine de l'Académie Fontana rosa. Monica, qu'il avait un peu délaissée, fut drôle et chaleureuse. Elle avait déménagé, acheté une grande maison et y louait des chambres. Elle y préparait même des repas. De temps en temps, elle jouait encore dans quelques cabarets mais elle préférait en fait écrire de courtes histoires drôles qu'elle publiait à compte d'auteur. Avec Niels, elle fut directe :

-Tu as vu ta mère ?

-Assez froide.

-Ce mariage qu'elle a eu...Elle vous aimait mais la mort violente de ton père et sa maladie... Elle se protège. Et tu dois lui faire peur aussi : si artiste, si romantique...Elle ne sait pas quoi faire avec toi.

-J'ai remarqué.

-Tu es très absolu, Niels, ce n'est pas toujours facile de l'accepter.

Elle voulait qu'il raconte. Il choisit l'axe. De ce qu'il vivait en Amérique, il ne dit que ce Monica était à même d'entendre.

-Une compagnie de danse contemporaine ! Bien, ça !

-On était quatre garçons au départ. On est huit maintenant.

-Des filles ?

-Des danseuses.

-Et un ami ?

-Oui.

-Une relation stable.

-Oui.

Ils déambulèrent dans Cannes et revirent l'Académie Fontana rosa. Sa façade en était modifiée. Elle était devenue moderne.

-Plus personne de ceux que tu connaissais ne travaille là.

-Ah ?

-Autres temps, autres mœurs...

-C'est surtout un centre chorégraphique maintenant. Un lieu pour les festivals de danse.

Pas grand chose à quoi se raccrocher. Restaient les rencontres. Après Monica, il vit Anaïs. Elle venait de quitter les ballets de Monte Carlo où elle avait été heureuse. Cependant elle voulait se marier, avoir un ou deux enfants et une vie stable. Elle avait le tout, dirigeant une école de danse et s'occupant de sa première née. A une terrasse cannoise, elle fut exubérante.

-Raphaël ! Raphaël ! Tu faisais tourner les têtes, toi ! La mienne en tout cas mais pas seulement. Mais rien, rien. Tu avais l'air ailleurs.

-Mais je te trouvais jolie...

-Et cette pianiste qui s'était entichée de toi ! Incroyable ! On en était gênés...Comment elle te regardait...

-Elle était admirative. C'était réciproque. Mais tout cela est loin !

-Tu es partie et elle s'est volatilisée ! Talentueuse mais instable, non ?

-Oui mais fière. Et toujours une grande pianiste.

-Je te l'accorde. De toute façon, je ne sais plus rien d'elle. Et toi Raphaël ? Ça me fait plaisir d'employer ce prénom qui était le tien au départ. On ne doit pas souvent t'appeler comme ça en Amérique. Imprononçable !

-C'est vrai, on m'appelle toujours Niels là-bas.

Ils rirent. Anaïs était restée solide. Ses années sur le Rocher avaient été précieuses car tout en travaillant dur, elle s'était amusée. Douée et jolie comme elle était, Niels était certain que son école ne désemplirait pas.

Restait le plus dur : aller à Cotignac. Mais avant cela, il fallait contenter Daniel.

-Avec ta mère ?

-Laborieux.

-Oh ça peut s'arranger, je peux être adroit par moments...

-Non, Daniel !

-Tu me dis non ! Bon les deux autres ?

-Charmantes.

-Oui, moins centrales dans ta vie.

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Retrouver madame Diavelli.

 

Niels veut en avoir le coeur net : cette Irène Diavelli qu'il a maudite lui voulait-elle vraiment du mal ? Face à elle, il va savoir.

Je vais voir madame Diavelli. Ne fais rien à distance, je t'en prie...Daniel, tu m'entends, je t'en supplie. Tu lui as fait peur déjà, ne t'immisce pas...

-Que tu es insistant, jeune danseur...

-Elle ne mérite plus que tu t'acharnes. Daniel !

-Oui, Niels. J'entends ce que tu me dis. Aie confiance !

Comme toujours avec Webster, il y avait de quoi être perplexe mais Niels eut l'intuition qu'une sorte de trêve serait respectée. Confiant, il confirma son arrivée. Irène au téléphone avait une voix pleine de retenue. Peu après son entrevue terrifiante avec Daniel Webster, elle avait été plus claire avec Martine Sauveterre.  Ce comas brutal, Niels le danseur, une vie perdue et une vie redonnée...Elle ne pouvait faire plus. Aux limites de la science, le récit d'Irène risquait de devenir irrationnel si elle disait tout. Elle lui garda une certaine cohérence et fut elliptique. Si elle ne l'avait pas été, il n'est pas certain que le danseur ait pu se trouver face à elle. Or, il arrivait.

On lui annonça sa venue et Martine le conduisit à ses appartements. Les cheveux gris, vêtue d'une robe mauve, Irène affichait une soixantaine confiante et souriait discrètement. Elle portait des bijoux, avait posé une partition sur le piano et préparé une collation. Il fallait qu'elle soit calme. Niels en entrant, s'arrêta un instant. Elle le regarda avec émerveillement :

-Il y a si longtemps ! L'adolescent de l'Académie Fontana rosa...Seigneur, que vous êtes devenu beau ! Une certaine mélancolie dans le regard mais c'est ainsi. Vous gagnez en profondeur...

Il restait sans voie, très ému. Il lui tendit un grand bouquet de roses qu'elle alla placer dans un vase puis, lui indiquant un siège, elle alla chercher dans un classeur une vieille coupure de presse faisant état d'un crash aérien sur la ligne Londres Boston. Un certain Niels Lindhardt y était mort...

-Vous voyez il y a bien le jour et l'heure. Et le document, c'est la liste des passagers.

-Vous avez aussi la liste de ceux qui ont pris un vol Londres New York qui lui, est arrivé à bon port.

-Bien sûr, je sais que vous étiez dans cet avion.

-Il n'y a rien que vous puissiez vous reprocher.

-Vous savez bien que si, Niels, vous avez eu ma lettre. Quel rêve fou !

-Peut-être qu'il n'était pas si fou...J'avais ma propre vie, mes désirs qui partaient dans tous les sens, mon ambition. Je voulais éblouir...

-Et comme vous travaillez pour une petite compagnie maintenant, vous pensez ne plus le faire. Moi, je pense que si. Souvent, dans votre vie, ça n'a pas été simple, déjà cet exil à Cannes. Mais votre santé qui s'est dégradée, l'obligation que vous avez eu de vous soigner, cette mise à l'écart...Tout cela peut nourrir un beau travail de danseur et de chorégraphe.

-Ce que je voulais, c'était un vrai envol !

-Et vous pensez ne pas vous être envolé ? Vous savez avant de vous rencontrer j'ai beaucoup rêvé d'un immense oiseau qui traversait le ciel. Je le voyais sans cesse en rêve et il était si magnifique ! Vous avez pris votre envol, Niels, cela est certain. Pensez à ces oiseaux migrateurs qui en supportent tant et arrivent dans des terres d'accueil si lointaines ! Ils souffrent, s'épuisent mais ils y parviennent...Ils restent parfois si longtemps sans se poser et s'ils le font, ils ont la force de reprendre leur envol.

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. J'aime ce que je fais mais rêve d'un vrai envol...

 

 

Ce vertige qu'elle a eu, il faut bien qu'Irène en parle au jeune Niels qui a retrouvé sa trace. Tous deux doivent s'apaiser

Elle servit le thé et de nouveau le regarda. Quand il avait vu pareil ange, Webster n'avait qu'une hâte : fondre sur lui. Elle le comprenait. On ne pouvait que désirer l'atteindre ce Niels à la fois si démuni et si fort...

-Ainsi donc, ce n'est pas fini. J'aime ce que je fais mais je rêve d'un vrai envol...

-Ce n'est pas fini, non...

Elle ne voulait pas en dire trop et lui-aussi cherchait ses mots. Elle lui donna si elle pouvait jouer quelque chose pour lui et il choisit Satie. Les Gymnopédies, les Gnossiennes, les Morceaux en forme de poire...Elle avait gardé tout son art. Niels, la tête dans ses mains, écoutait subjugué. Il voulut ensuite les Ballades de Chopin et resta émerveillé. Elle avait raison. L'Envol. Qui était désormais Irène Diavelli sinon la pensionnaire d'une institution pour personnes fragiles. Elle menait une vie réglée, avait vieilli mais dans une salle de spectacle parisienne, on se serait inclinée devant son jeu. A New York et à San Francisco, on aurait fait de même. Elle avait retrouvé ce feu des grands interprètes, ce feu qu'elle avait cru perdu. Elle ne semblait même pas le savoir...Quand elle cessa de jouer, il se leva et applaudit follement. Il savait déjà qu'il allait passer une limite et désobéir à Webster.

-Vous êtes sûre que je reste dîner !

-Certaine, Raphaël. Il y a de quoi vous loger aussi...

-Vous feriez cela ?

-Oh allons, il y a des chambres pour les visiteurs. L'été arrive. Il fait trop chaud. Elles sont peu occupées.

-Eh bien...

Tournant dans la pièce, il trouva sur un guéridon, les deux romans de Daniel.

-Vous les avez lus ?

-Bien sûr.

-Alors, vous savez...

-Je sais. Inutile de me dire que vous aimez le Diable, Niels...

-Inutile en effet.

Il lui offrit un beau sourire.

-C'est un bon écrivain.

Ouvrant un des livres, il trouva l'invite de Daniel.

-Madame Diavelli, Irène....

-Oui, c'était difficile mais ça ne fait rien. Qu'est-ce que ça pourrait faire ? J'ai passé du temps dans les limbes. Il resterait le paradis. Serait-ce si mal ?

N'aurait-elle pas dit cela qu'il aurait renoncé à elle mais ces mots elle les avait prononcés...Il sut alors qu'il ne partirait pas tout de suite....

 

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Vous pensez à l'envol?

 

En France, Niels retrouve Irène Diavelli apaisée. Lui-même se sent différent. Il veut changer de vie mais aux USA, Webster attend...

Elle proposa un tour de parc puis joua encore pour lui. Ils dînèrent avec d'autres dans une belle salle tendue de jaune. Au soir, voyant que deux messages de Webster l'attendaient déjà, il éteignit son portable et durant les deux jours qui suivirent, il ne le ralluma pas. Ce serait la guerre, il le savait mais il voulait être avec elle. Il avait loué une voiture pour venir la voir et il l'emmena en excursion. Elle se fatiguait vite et il devait prendre soin d'elle. Il aimait le faire. Chez elle, il parlait musique, danse, Provence, fleurs...Ils oubliaient leurs passés difficiles. Il aimerait créer tel ou tel ballet, elle lui suggérait un accompagnement musical. Fonçant les sourcils, il voulait en savoir plus. Elle-aussi.

-Il restera de belles photos de votre passage, Raphaël !

-Je les aime beaucoup aussi.

Ils se parlaient beaucoup. Elle sentait tout. Elle savait l'attention du danseur, la noblesse des poses, la rigueur. Elle savait ce qu'exige la musique...

-Vous allez rester aux États-Unis ?

-Je me suis habitué à y vivre. Mais peut-être que je devrais me mettre en retrait, voir ce que je vais faire...Il y a des déserts, des montagnes...

-Oui, peut-être...Vous pensez à l'Envol ?

-Oui, madame Diavelli.

-Irène.

-Irène.

Quand ils se dirent au revoir, ils étaient en paix. Il était intact et intègre et le savait.

-Vous ne ferez pas attention aux hurlements ?

-Non, Irène.

-Je ferai de même Niels. Merci pour ces trois merveilleuses journées.

Niels reprit sa voiture et ouvrit son portable. Il y avait vingt messages de Daniel. Ne se souciant pas de l'heure, il l'appela à New York.

-Je te tue ! Hurla l'écrivain. Et elle ! Elle !

-Je rentre à San Francisco.

-Moi-aussi. Nous allons nous battre.

-Oui. Oui, je sais bien...

 

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 4.

 

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QUATRIEME PARTIE 

L'ENVOL

 

 

Un jour, Niels choisit le désert puis le précipice.

Il s'envole et renaîtra plus tard...

 

 

 

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 4. Niels se met à l'écart.

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De retour en Amérique, Niels essuya les foudres d'un amant implacable. Il surprit celui-ci en restant détaché. Il avait réfléchi, devait prendre du champ et voulait partir dans les montagnes. Il négocia son retrait de cette petite troupe à laquelle il était pourtant très attachée et laissa son appartement à Daniel, l'assurant qu'il partait plusieurs mois mais donnerait des nouvelles. Celui-ci médusé fit tout ce qu'il pouvait pour le retenir. Irène, dans le Var, n'était plus une adversaire, il le savait. Alors, quoi ? Mais Niels n'avait rien à dire. Il appréciait à sa juste valeur l'amour que lui portait Webster mais il était appelé ailleurs. Il n'avait rien à dire de plus...

 

Il fut absent onze mois. Dans les montagnes et dans de petites villes de l'ouest, il mena une vie errante mais assez structurée. Il faisait des pauses, travaillait comme il pouvait, acceptant à peu près tout, des travaux agricoles aux emplois en usine ou dans le commerce. Au bout de quelques temps, il repartait. Il était abordable, riait facilement et se montrait curieux de tout, se présentant comme un Européen ayant besoin de prendre du recul qui aimait la nature américaine. Téléphonant régulièrement à Webster au début, il le régala de diverses feuilles de route, n'ignorant pas le fait que cet homme sombre était privé de lui et en souffrait. Puis sa route devint confuse. Il se cantonna dans les montagnes, là où communiquer était difficile. Daniel en fut pour ses frais. Le danseur, quelques randonneurs se souvinrent de l'avoir croisé, silhouette blonde et sportive à l'air pensif, puis plus personne ne le signala. Sa sœur et sa sœur prévenues commencèrent à lancer des recherches et Daniel, horriblement malheureux, le fit aussi. Elles furent vaines.

 

Septembre finissait et dans les montagnes, le temps était encore beau même si les nuits fraîchissaient. Niels était devenu totalement solitaire. Quand décida t'il de faire le grand saut ? Nul ne le sait mais, profitant d'un ciel nocturne particulièrement clair et étoilé, il se mit à danser dans une nature sauvage et silencieuse. Obéissant à une musique intérieure, il inventait peu à peu une chorégraphie harmonieuse que nul spectateur ne pouvait contempler. Il n'était pas loin d'un précipice et le savait mais c'était une nuit magique pour lui où il se sentait aérien.

 

4 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 4. Irène et Daniel après la disparition de Niels.

 

Croyant l'avoir perdu pour toujours, Webster fit une longue dépression dont il sortit épuisé. Il se remit tout de même à écrire et resta à Brooklyn dans ce même appartement qui contribuait désormais à construire son imagerie personnelle. Il était souvent interviewé et pris en photo, affichant sa provocante solitude. Le cinéma lui demandant un travail d'équipe, il finit par s'en écarter. Peu de gens autour de lui ayant connu Niels, il cessa d'en parler à quiconque. Mais il chercha son double dans des étreintes passagères qu'il tenait secrètes.

Irène resta dans le Var où, vivant une existence de recluse, elle accepta de donner de temps en temps des concerts qui restèrent dans les mémoires. Très paisible, elle était aimée de son entourage et des siens qui venaient la voir. Elle avait fait encadrer les photos de leur rencontre à Cotignac et les gardait sur son bureau, à côté d'un grand bouquet de fleurs. Elle ne doutait jamais qu'il était vivant.

Dans le temps même où Irène, en France, trouvait les chemins de la guérison, Daniel Webster continuait de tracer sa route comme écrivain. Sean Forsythe, le privé qui était au centre de ses deux derniers romans, en était la preuve. La quarantaine bien portée, Sean gérait des affaires délicates, de celles qu'on accepte difficilement car les grosses sommes promises par ceux qui veulent vous les confier ne vous arrivent qu'en cas de réussite...

3 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 4. La Solitaire. Daniel écrit.

 

 

La Solitaire était le portrait d'une jeune fille disparue que sa puissante familiale ne parvenait pas à retrouver à New York...Parents antipathiques, frère aux penchants incestueux, fiancé ambivalent qui préférait les aventures masculines, amie d'enfance toxicomane et tordue, oncle avocat qui gérait des affaires louches, tout concourrait à dresser de l'environnement de la jeune fille un portrait inquiétant. Situé juste avant la mort du président Kennedy, l'histoire était riche en références historiques. En pleine guerre froide, au moment où Usa et URSS étaient en compétition pour la conquête de l'espace, Cuba était en crise. Ann, l'héroïne du roman, s'était enfuie en Floride avec un Cubain. Il fallait que Forsythe essuie bien des déboires avant d'arriver à ses fins mais il finissait par remettre la jeune fille à sa famille. Curieuse fin qui le laissait plus désabusé encore qu'il ne l'était au départ. A la fois athlétique et cérébral, Sean était un solitaire lettré et à sa manière un esthète qui, même s'il courait vite et tirait bien et même s'il savait se battre, privilégiait l'amitié masculine et collectionnait discrètement des esquisses de nus masculins. Il était clair que, même si elle ne l'était pas de manière frontale, l'homosexualité était très présente dans le texte. Par ses attitudes, par ses remarques fortuites, Forsythe subissait les conventions de l'époque et devait protéger son image mais on voyait bien qu'au fond il était libre. A l'habitude, les détectives qui sont en première ligne dans les romans sont des gens mariés dont la vie privée reste discrète, des nostalgiques qui pleurent leurs amours perdues ou des solitaires qui, de temps en temps, ont droit à une aventure. Sensuel, charnel même, Sean Forsythe vivait peut-être seul mais il avait des amants épisodiques qu'il voyait dans l'ombre. C'était un hédoniste et, dominé par un tel personnage, le roman était riche en ambiguïté. Écrit avec une grande habileté, il troublait.

 

3 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 4. L'homme qui aimait les narcisses.

 

Dans L'homme qui aimait les narcisses, c'était un homme d'une soixantaine d'années, universitaire à la retraite, qui disparaissait. Il avait pourtant une femme, deux grandes filles, une superbe maison perdue dans le Vermont et une bibliothèque pleine d'éditions rares. Il faisait du latin chaque jour, montait à cheval et s'occupait de fleurs. Il avait un très beau jardin, prolongé par une serre et adorait les narcisses. Il fallait des mois et des mois à Forsythe pour réussir à le retrouver. Sous une fausse identité, il vivait au Mexique en compagnie d'un très jeune homme qui lui servait officiellement de domestique. Cette fois, c'était l'Amérique des années soixante-dix qui servait de décor. Michael Epton, intellectuel austère et peu bavard, avait fait tout ce que son pays et ses parents lui demandaient avant de faire tout ce que sa femme et ses enfants voulaient. Une nuit, il avait décidé de ne plus être ainsi fossilisé. Il avait mûri un plan qui lui permettrait de volatiliser sans laisser de traces. Il avait réussi à changer d'identité, à déplacer pas mal d'argent d'un pays à un autre et à brouiller toutes les pistes. Même physiquement, il était méconnaissable...Au bout de plusieurs mois de recherches vaines, Sean avait dû affronter la colère de sa famille. On allait s'adresser à quelqu'un d'autre car l'argent filait quand il était entré en possession d'un carnet intime que la femme d'Epton s'était décidé à lui convier. Jeune homme, il était allé en France comme soldat. Ce qu'il avait vu et fait en Normandie l'avait horrifié et , à ce titre, ses carnets étaient un excellent témoignage qui aurait fait honneur à une revue historique. Mais ce n'était pas cet aspect qui retint l'attention de Forsythe. Epton, encore très jeune, avait été très ami avec un jeune soldat qui avait fini par mourir dans le Maryland, des suites de ses blessures. Il n'était pas très difficile de lire entre les lignes. Ce n'était pas une amitié mais un amour qui avait uni les deux jeunes gens mais on n'était en 1944 et aucun des deux n'était à même de transformer leur relation. En faisant des recherches autour de ce soldat blessé, Sean découvrit qu'il avait une mère mexicaine, certes née aux États-Unis d'une famille bien intégrée mais mexicaine tout de même...A partir de là, il sut mieux orienter ses recherches. Les scènes où il retrouvait Michael Epton et cherchait à le ramener à sa famille étaient très prenantes. Comme dans le roman précédent, voir le terme d'une enquête apportait certes la satisfaction mais déstabilisait aussi. Tant de mensonges et de renoncements...Forsythe en restait ébranlé mais il savait quoi faire. Lire les livres qu'il fallait, acquérir de nouveaux dessins et chercher de jeunes amants...

 

3 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 4. Webster désormais célèbre.

 

 

Niels a disparu et Webster continue sa vie solitaire. Ses romans sont admirés et il est désormais célèbre...

Ses succès de librairie l'amenaient à se montrer pour des signatures, des conférences et des séminaires d'écrivain. Il s'était même fait entendre sur plusieurs chaînes de radio et de télévision...Solitaire, acharné au travail, Daniel se doutait bien que s'il laissait s'épancher sa misanthropie en public, il risquait de décevoir. Il s'obligeait donc à paraître en public, sans pour autant être très abordable. Célibataire endurci, il avait des aventures sans suite avec de jeunes hommes qui ignoraient tout de lui et d'autres, plus rares, avec de jeunes auteurs qui le courtisaient. Avec ces derniers, il évitait de se montrer sous son vrai jour, craignant les commérages. Seules ses rencontres de l'ombre connaissaient ses bizarreries et souvent sa noirceur. Au fond, il n'avait jamais fait le deuil de cette année bizarre passée à « soigner » Niels et même si les relations qu'il avait avec le danseur s'étaient distendues jusqu'à disparaître, il continuait de lui vouer un culte. Les manières brutales qu'il pouvait avoir avec un amant épisodique n'étaient que le corollaire des rituels que des années auparavant il avait imposé au jeune danseur dans son appartement...

 

3 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 4. Une réapparition inexplicable.

 

Si on voulait s'emparer de moi encore, je m'envolerais. Pourquoi ne le ferais-je pas? Il me suffirait d'un instant pour me dérober et d'un autre pour réapparaître. Et aussitôt, je danserais...

3 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 4. Niels s'envole, solitaire.

 

Au bord d'un escarpement rocheux, il ne vit qu'un grand vide où, se livrant à un incroyable saut, il se jeta. Sa chute lui parut très graduelle et en effet, il chuta lentement dans le vide avant de remonter brusquement pour gagner les étoiles. D'apparence, elles étaient effrayantes au départ puis de plus en plus belles...Aucune raison d'avoir peur ni froid et toutes de sentir à quel point le bonheur était là...

C'était la Nuit de l'Envol.

On ne trouva jamais de trace de chute à cet endroit, où s'il y en eut, on ne put faire le rapprochement avec la disparition dans les montagnes d'une jeune Européen exalté.

Pourtant, un jeune homme blond qui lui ressemblait de façon frappante fut aperçu le lendemain à Cannes où, visitant les vieux quartiers de la ville, il cherchait une académie de danse au nom de fleur. Personne ne se soucia de lui, qui d'ailleurs, ne faisait que passer. Dans le même temps, ce même promeneur anonyme prenait des photos sur le port de Copenhague, achetait un billet pour un spectacle de Covent garden à Londres, se promenait le long des quais de la Seine un livre à la main ou roulait dans une décapotable rouge sur le Golden gate à San Francisco. A Brooklyn, il cherchait un cinéma qui passait des films américains des années cinquante et en même temps, dans la montagne, son sac à dos posé à terre, il parlait avec un ranger. L'instant d'après, il prenait une douche dans un hôtel du Var, ayant choisi une petite ville où l'agitation de la Côte n'arrivait pas. On le retrouvait à Cotignac auprès d'une femme bien plus âgée que lui, à qui il parlait avec déférence puis dans le lit d'un New-yorkais qu'il respectait. L'un et l'autre l'aimaient et il le savait.

Et pour finir, il se préparait dans une loge où bientôt on viendrait lui rappeler qu'il devait monter sur scène. Il était paré comme un prince et son corps entraîné se préparait à l'exception...Ce serait un triomphe ...

 

Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
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