La Nuit de L'Envol. Partie 2. Un engagement prestigieux.
En Amérique, Niels devient le danseur adulé qu'il souhaitait être...
Il auditionna dans plusieurs villes suite aux recommandations qu'on avait faites de lui et il fut engagé au New York City ballet, ce qui était son vœu le plus cher.
De grandes étoiles de la danse l'y avaient précédé. Il devrait être leur égal. Il avait cette ambition en lui mais la cachait, faisant profil bas. On ne le vit guère arriver mais au bout de deux ans, le prince de la scène, c'était lui !
Peter Martins, Danois lui-aussi, était encore aux commandes. Combien de danseurs avait-il vu passer ? Combien avait-il admiré ? Niels pouvait être fier de faire partie de ceux qui comptaient. Il avait ce qui faisait qu'on était distingué des autres : ce feu, cette passion qui permettent de vous envoler littéralement sur scène et cette aura qui vous rendait irrésistible.
Pour bien danser, il fallait avoir une certaine rage en soi. C'était là une croyance personnelle à laquelle il s'accrochait. Au fond, Thüre avait bien fait de le mépriser, Anna de ne pas suffisamment le défendre et Alexia de vouloir le domestiquer. Il n'était réductible à aucune de ces trois personnes même s'il avait traversé avec elles des situations de crise...
Très fier, d'un caractère entier, il aimait être admiré, regrettant que l'époque dans laquelle il vivait ne considère plus les danseurs étoiles comme des stars à part entière. Nijinsky avait été adoré et même quand sa brève carrière avait pris fin, il était resté vénéré et respecté. Noureyev avait été une vraie bête de scène qui électrisait aussi bien les balletomanes avertis que ceux qui ignoraient presque tout de la danse classique. Sa vie mondaine intense l'avait placé aux premières pages des magazines à la mode. On avait voulu, sinon danser comme lui, se coiffer et s'habiller comme lui et sa mort avait été ressentie comme une immense perte. Barychnikov était un modèle de réussite à l'américaine. Une grande carrière, quelques films, un goût certain pour des types de danses très variés, et une fondation qui lui faisait honneur ! Des Russes, certes des Russes mais il y avait de grands danseurs américains aussi et des chorégraphes...Eux-aussi avaient eu une vie mouvementée et une élégance...qu'il revendiquait.
Toujours bien vêtu, il soignait son image. Prudent avec le puritanisme américain, il était discret dans ses aventures et n'ébruitait rien. A défaut de vivre dans un univers où le danseur mâle peut être une star et conscient de l'écart qui le séparait des comédiens et des chanteurs en vogue, il espérait se faire repérer en courtisant ainsi une fille de bonne famille. Sinon de la haute, du moins de la bourgeoisie new-yorkaise. Elle aurait de l'entre-gens et le présenterait...