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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Un engagement prestigieux.

 

 

En Amérique, Niels devient le danseur adulé qu'il souhaitait être...

Il auditionna dans plusieurs villes suite aux recommandations qu'on avait faites de lui et il fut engagé au New York City ballet, ce qui était son vœu le plus cher.

De grandes étoiles de la danse l'y avaient précédé. Il devrait être leur égal. Il avait cette ambition en lui mais la cachait, faisant profil bas. On ne le vit guère arriver mais au bout de deux ans, le prince de la scène, c'était lui !

Peter Martins, Danois lui-aussi, était encore aux commandes. Combien de danseurs avait-il vu passer ? Combien avait-il admiré ? Niels pouvait être fier de faire partie de ceux qui comptaient. Il avait ce qui faisait qu'on était distingué des autres : ce feu, cette passion qui permettent de vous envoler littéralement sur scène et cette aura qui vous rendait irrésistible.

Pour bien danser, il fallait avoir une certaine rage en soi. C'était là une croyance personnelle à laquelle il s'accrochait. Au fond, Thüre avait bien fait de le mépriser, Anna de ne pas suffisamment le défendre et Alexia de vouloir le domestiquer. Il n'était réductible à aucune de ces trois personnes même s'il avait traversé avec elles des situations de crise...

Très fier, d'un caractère entier, il aimait être admiré, regrettant que l'époque dans laquelle il vivait ne considère plus les danseurs étoiles comme des stars à part entière. Nijinsky avait été adoré et même quand sa brève carrière avait pris fin, il était resté vénéré et respecté. Noureyev avait été une vraie bête de scène qui électrisait aussi bien les balletomanes avertis que ceux qui ignoraient presque tout de la danse classique. Sa vie mondaine intense l'avait placé aux premières pages des magazines à la mode. On avait voulu, sinon danser comme lui, se coiffer et s'habiller comme lui et sa mort avait été ressentie comme une immense perte. Barychnikov était un modèle de réussite à l'américaine. Une grande carrière, quelques films, un goût certain pour des types de danses très variés, et une fondation qui lui faisait honneur ! Des Russes, certes des Russes mais il y avait de grands danseurs américains aussi et des chorégraphes...Eux-aussi avaient eu une vie mouvementée et une élégance...qu'il revendiquait.

Toujours bien vêtu, il soignait son image. Prudent avec le puritanisme américain, il était discret dans ses aventures et n'ébruitait rien. A défaut de vivre dans un univers où le danseur mâle peut être une star et conscient de l'écart qui le séparait des comédiens et des chanteurs en vogue, il espérait se faire repérer en courtisant ainsi une fille de bonne famille. Sinon de la haute, du moins de la bourgeoisie new-yorkaise. Elle aurait de l'entre-gens et le présenterait...

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Elle entrait en lui et lui en elle. Irène et Niels.

 

Niels apprend qu'Irène Diavelli, une pianiste de concert reconvertie en accompagnatrice de piano, est dans le comas. L'impact de cette nouvelle est bien plus fort qu'il n'y paraît...

En été, le New York City ballet partait de promener en Amérique et en Europe. Sachant qu'il retournerait à Paris, Niels décida cette fois de ne pas attendre le dernier moment pour contacter Irène Diavelli. De nouveau, il lui semblait important de la voir. Il apprit sa maladie et en fut effaré. Plongée dans un comas sans fin dans une chambre blanche qui ressemblait à un tombeau....

 Parallèlement, il fit des rêves étranges. Elle entrait en lui et lui en elle. Il se rendait à un concert où tous les spectateurs portaient des masques. Elle apparaissait sur scène en robe longue pleine de dentelles et restait interdite : il était le seul à être à visage découvert. Honteux, il partait se cacher tandis qu'elle jouait Satie et rentrait chez lui tout dépité. Au milieu de la nuit, il s'éveillait en sueur, ayant le sentiment que cette femme entrait en lui par effraction. Une fois à l'intérieur de son corps, elle en refermait les parois comme elle aurait fait des pans d'un manteau.

Une autre fois, il courait après elle dans la rue. Elle portait une élégante robe rouge, longue et pleines de parements et des talons hauts, de sorte qu'elle ne pouvait avancer très vite. Il finissait par la rattraper et tirait sur l'étole qui couvrait ses épaules. C'était un geste vif mais qui ne pouvait la blesser. Elle tombait à terre cependant et ne se relevait pas, face contre terre. Il sautait à pied joint sur son corps et celui-ci s'ouvrait, lui permettant d'entrer en elle.

Niels n'avait pas pour habitude de rejeter ce qui venait des rêves, aussi fut-il très troublé par le caractère très réaliste et précis de ces échappées nocturnes. Il devina sinon comprit que cette femme et lui étaient bien plus liés qu'il ne le pensait et que la léthargie dans laquelle elle était plongée était un état étrange qui, à priori, ne l'empêchait pas de communiquer...

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Chance et malchance. Niels troublé.

 

Danseur vedette, très admiré, Niels conduit bien sa carrière à New York. Depuis quelques temps, cependant, il fait des rêves perturbants et sent la fatigue le gagner...

Un peu plus tard, il se rendit compte, qu'à cause de ces rêves qui se faisaient et se défaisaient au fil des nuits, il devenait un artiste plus sensible et plus brillant que jamais. Ce pouvait être là une force !

Ce faisant, il continua de papillonner. Il savait qu'il disposait, outre sa beauté, d'une grande force de persuasion. On le voyait souvent en photo dans des magazines, à la rubrique mondaine et il dînait dans des endroits chics . Il faisait donc figure de jeune artiste lancé...

La malchance, cependant,le rattrapa. S'il lui avait été facile, au début, de cacher les atteintes d'un mal étrange qu'il ne pouvait définir, celui lui devint plus difficile au fil du temps. Il était depuis un peu plus de deux ans à New York quand la situation devint critique. Aux cauchemars récurrents qu'il faisait vinrent s'ajouter les symptômes d'un étrange anémie. Il s'affaiblissait, lui, le danseur connu pour ses prouesses techniques sur scène et soudain, manquait de force. Il commença par moins surprendre puis par s'attirer quelques critiques dépitées avant de se blesser à l'entraînement, ce qui le mortifia. Voyant moins de monde, il se surprenait à développer depuis quelque temps, des habitudes nouvelles. Il jouait passablement du piano et en acquit un de bonne qualité pour consacrer des heures entières à la musique, privilégiant les œuvres de Ravel, de Debussy, de Bartok et surtout d'Eric Satie...La musique, prétendait-il, le guérissait et l'apaisait car il supportait en tant que danseur soliste les autres danseurs de la troupe, ce qui occasionnait de grandes tensions. Pourtant, on lui retira certains rôles avant de lui suggérer avec tact, de prendre quelques vacances. Il devenait mauvais et en fut anéanti.

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Un frère et une sœur très liés.

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4. Diane, Daniel, Albany et la peinture.

Diane et Daniel avaient été élevés par des bourgeois américaine amoureux des arts. Ils avaient tenu à ce que leur fille et première née fasse des études d'art et de littérature. Elle s'était essayée à la sculpture avant de lui préférer la peinture où elle faisait mouche. Elle peignait des toiles à caractère symbolique où des créatures magiques souvent sibyllines croisaient des hommes dans des villes futuristes peu rassurantes. La mode était au non figuratif pas aux thèmes de prédilection de Diane mais, même si elle s'en souciait, elle ne déviait pas de sa trajectoire. Du reste, elle vendait ses toiles et suscitait l'engouement de jeunes artistes qui s'inscriraient à des séminaires organisées dans la vaste maison familiale dont elle était la dépositaire. A ses moments perdus, Diane écrivait des poèmes courts ou des haïkus et il lui arrivait même de créer des chansons.

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Une artiste accueillante à Albany.

 

 

Liza Higgins ne dansait pas aussi bien que lui mais elle l'admirait, qu'il fut splendide sur scène ou abattu comme il l'était depuis peu. Elle avait, à Albany, dans l'état de New York, une connaissance qui disposait d'une grande maison de famille où elle aimait à recevoir de jeunes artistes qui passaient un cap difficile. A coup sûr, il pourrait se reprendre dans un décor aussi beau que paisible où évoluait une femme singulière et compréhensive.

Ces deux adjectifs ne rassurèrent pas Niels. N'est-ce pas ainsi que lui était apparue Alexia quand il avait, enfant, fait sa connaissance ? Et cette Irène Diavelli qui le regardait tant à Cannes quand il s'entraînait dans la « salle des jeunes espoirs » de cette académie aux murs roses, n'était-elle pas particulière et soucieuse de le comprendre ? A priori, ces femmes originales et pleines d'attention ne lui valaient rien de bon ! Mieux valait refuser ce séjour à Albany.

Seulement, Liza fut persuasive et il accepta de quitter son bel appartement de Chelsea pour la Capitale de l'état de New York. A son arrivée, il jugea la ville froide, monumentale et incroyablement provinciale malgré sa fière allure. Son amie avait intérêt à ne pas avoir menti sur la qualité de leur hôtesse, sinon, quel ennui !

Dès qu'ils se furent présentés à l'entrée de la maison et que Diane Webster leur eut ouvert, il comprit que la jeune danseuse avait eu raison de le rassurer. Belle femme aux traits un peu durs, Diane avait du panache dans sa robe rouge cramoisie, ses cheveux gris argenté formant une auréole autour de son visage. Se tenait derrière elle, un homme brun assez beau, au regard aiguisé. C'était Daniel Webster, son frère. Quand il rencontra son regard, le pâle Niels eut une onde de choc. Cet homme, dont il ne savait rien, l'attirait autant qu'il l'inquiétait...

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Daniel. Un univers romanesque troublant.

 

 

Daniel avait lui-aussi fait de longues études. Contrairement à sa sœur, il ne vivait pas à l'année à Albany. Il avait dix ans de moins que Diane et affichait une quarantaine énergique. Grand, mince, il avait un visage aux traits nets et presque tranchants. Doté des mêmes yeux gris bleu que sa sœur, il partageait avec elle le même goût pour les fantaisies vestimentaires, signal clair selon eux d'une personnalité forte et affranchie des convenances. Comme elle, il éprouvait un amour immodéré pour les arts et la création artistique. Il était cependant plus éclectique qu'elle, même s'il avait suivi au départ le même parcours universitaire. Bien formé en littérature américaine, il s'était dirigé vers une école de cinéma et s'était formé à la réalisation de courts-métrages et de films d'animation. Il en avait réalisé plusieurs, qui ne manquaient pas de relief et tournaient dans les festivals. Dans un des dessins animés qu'il avait réalisé, une petite fille voyait un piano voler dans le ciel et faisait tout pour le rejoindre et en jouer. L'ascension du ciel étant périlleuse et le piano facétieux, elle peinait à réussir. Dans un autre, deux adolescents se mettaient à vivre sous la mer et tentaient de ne pas se faire remarquer des humains qui cherchaient leurs traces. Enfin, il avait trois ans auparavant, signé l'histoire d'un chat noir new-yorkais habile à traquer les fantômes qui hantent inévitablement les maisons laissées vides. Parallèlement, il s'était mis à l'écriture et venait de terminer la rédaction d'un second roman où deux vagabonds trouvaient chez un couple de riches esthètes un travail saisonnier qui tournait à leur détriment. Daniel, s'étant fait remarquer avec un premier opus qui répondait aux règles traditionnelles du roman d'aventure, craignait de déconcerter avec ce texte inclassable, mais il aimait les défis. Son premier texte, qui relatait la vie d'un homme tranquille qui décidait à soixante ans, de ne plus être conventionnel et traversait l'Amérique en camping car, multipliant les rencontres cocasses, était plutôt drôle...

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Diane et Daniel.

 

 

Les Webster : aisés et esthètes...

Désemparé car il ne sait d'où vient la maladie qui le ronge, le danseur Niels Lindhardt se rent à Albany, chez deux artistes : Diane et Daniel Webster. Une danseuse l'accompagne. Niels veut juste se changer les idées. Il ignore qu'il n'est pas là par hasard.

L'un et l'autre étaient à l'abri du besoin. Leurs parents avaient en leur temps acquis des biens immobiliers qui, à leur mort, étaient revenus à leurs enfants. Orphelins de bonne heure, les jeunes Webster n'avaient jamais manqué de rien. Toutefois, leur aisance matérielle, qui auraient pu faire d'eux des rentiers, ne les avaient pas empêché de se mettre au travail et de ne jamais se satisfaire de peu...

Les premiers jours, Diane promena Liza et Niels afin qu'ils puissent se faire une idée de la ville et sachent où trouver des cafés sympathiques. Pour le reste, elle les laissa libre de leur emploi du temps. La jeune danseuse s'installa souvent dans l'atelier de Diane, pour la voir peindre mais Niels, s'il la suivit, ne put rester longtemps. Il se sentait épuisé. Au bout de deux jours d'ailleurs, il fit un malaise et il fallut appeler un médecin. On lui conseilla un grand repos.

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Albany. Chez Diane, intrusion de Webster dans la chambre de Niels.

 

Niels, honteux, dut très vite se cantonner dans la chambre, fort belle, qu'on lui avait allouée. Ensommeillé, il se perdit dans la contemplation des meubles en bois précieux que les parents de Diane avaient fait venir d'Europe en d'autres temps, de toiles du dix-neuvième représentant des paysages verdoyants qu'avaient certainement produit des peintres locaux, des livres reliés qui emplissaient de nombreuses étagères et des vases pleins de fleurs fraîches. Se levant, il trouva parmi les livres, un exemplaire du  Portrait de Dorian Gray  qu'il prit avec lui et se mit à feuilleter. Intrigué de le trouver parmi des ouvrages américains à caractère historique ou biographique, il s'installa sur son lit et se mit à relire ce texte bien connu de lui. Il s'absorba dans sa lecture au point d'être surpris de voir entrer dans la pièce Daniel Webster. Celui-ci s'arrêta très près de son lit et, les bras le long du corps, le regarda froidement. Embarrassé, Niels parla naïvement :

-Oh je suis confus ! Je suis très pris par ce que je lis et ne vous ai pas entendu frapper...

L'homme resta un instant silencieux et s'humecta les lèvres. Ses yeux gris brillaient étrangement.

-Je n'ai pas frappé.

Le jeune homme voulut se lever mais Webster l'en empêcha d'un geste de la main.

-Vous êtes fatigué. Ne vous donnez pas cette peine.

Puis il s'assit au bout du lit. Il portait un costume excentrique, plein de rayures et de motifs fantaisie qui aurait fait rire à New York mais qui, dans cette pièce et avec cet éclairage, lui donnait une allure singulière et plutôt séduisante.

-Dorian Gray ?

-Je l'ai déjà lu plusieurs fois.

-Et vous voulez le relire ?

-Oui. Je l'ai interprété sur scène.

-Vous avez été Dorian ?

-Oui, je viens de le dire.

-Ce rôle a du vous interpeller...En fait,il est pour vous...

-Je le dansais, je ne le jouais pas. C'est différent.

-Ah ? C'est une certitude ?

Le ton de Webster état légèrement ironique.

-Oui.

-Jeune homme fatigué mais catégorique...

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Niels, Daniel et Dorian Gray...

 

 

A Albany où il est invité, Niels parle avec Daniel Webster, le frère de son hôtesse, du Portrait de Dorian Gray, le roman de Wilde qu'il relit...

-Je suis quelqu'un de décidé.

-Oui, j'ai noté cela. Dites-moi : est-ce que Liza est Sybil Vane ?

Niels eut un léger sursaut. Pourquoi cet homme était-il si bizarre ?

-Elle est danseuse, comme moi, pas actrice. C'est une amie.

-Et donc, elle n'est pas Sybil Vane , cette fille qui se tue à cause de cet horrible Dorian ...C'est votre point de vue, ça. Quel est le sien ? Vous ne lui demanderez pas...

Niels sursauta. Cet homme le déconcertait.

-Non, certainement pas.

-Vous devriez car elle va saisir un prétexte pour partir.

-Comment ça ?

-Elle n'a d'yeux que pour vous...Vous ne pouvez l'ignorer.

-C'est une amie.

-Justement, elle vous en veut pour cela. Et elle n'est pas la seule. Vous les faites languir et pratiquez l'aveuglement. Elles partent mais sont fâchées. Toujours mauvais, cela. Enfin vous verrez...

Que fallait-il faire de quelqu'un d'aussi insistant et adroit ? En d'autres circonstances, Niels se serait écarté de lui. En l’occurrence, il ne le pouvait pas.

-Mais et vous, qui seriez-vous ? Lord Henry, le conseiller fidèle ou Basil, le peintre qui suggère à Dorian de poser pour ce portrait  d'où viendra tout le drame ?

Webster eut un sourire rusé.

-Ah le fameux portrait qui montre un être qui devient répugnant alors que dans la vie, il est en permanence jeune et beau ? Non, non. C'est Diane qui peint, pas moi. Il peut lui prendre envie de vous faire marcher dans une de ces villes étranges, qu'elle se plaît à représenter. Méfiez-vous, elle risque de vous doter d'une tête de chien...

Cette fois, Niels sursauta et se leva. L'incivilité de son interlocuteur lui rendait sa pugnacité.

-Nous nous sommes peu parlé depuis mon arrivée, monsieur Webster, mais je comprends mal cette visite...

-Allons, allons, je vous provoque, voilà tout...Pour répondre plus clairement, mettez-moi du côté de sir Henry. Et quant aux hommes à tête d'animaux que ma sœur met dans ses tableaux, vous avez pu remarquer puisque vous les avez vu, qu'ils ont tous un air princier. Rien de vil.

Ils étaient très près l'un de l'autre et se regardaient. Niels retenait son souffle et ne disait rien.

-Vous vous êtes arrêté de danser car vous êtes anémié ?

-C'est ce que les médecins disent.

-Dont le nigaud d'hier...

-Oui enfin, je ne sais pas.

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Tu mourras de consomption...

 

 

A Albany où Niels a été invitée par une femme peintre, Niels, danseur classique, rencontre Daniel, le frère de celle-ci. Si Niels n'est plus lui-même, c'est qu'une femme l'a vampirisé...Il reste à savoir que faire...

-Que veut-elle ?

-Elle veut que tu suives la ligne qu'elle a tracée pour toi...

-Mais je le fais. Seule la danse m'intéresse et je ne vois pas pourquoi je ne serais pas ambitieux !

-Toi au moins tu n'y vas pas par quatre chemins ! Le souci est qu'elle a des visées différentes !

-Que veut-elle de moi ?

-Eh bien, tu me poses là un bien étrange question. Je ne la connais pas, vois-tu ? Elle aimerait que tu que tu sois un artiste qui s'abîme. Tu auras su capter l'attention, te faire accepter dans de grandes salles et on parlera de toi. Oui, mais voilà, tout s'arrêtera brutalement car tu mourras bientôt. Un accident de voiture, un basculement dans la folie qui te rendra suicidaire...Que sais-je ? Toujours est-il qu'on se souviendra de toi car tu seras mort jeune et feras rêver.

Niels, tout pâle et défait, qu'il fût, s'indigna :

-Je ne veux pas mourir rapidement !

-Je comprends ! Tu ne seras pas nécessairement un martyr de la danse, remarque, car elle a peut-être d'autres visées ! Mais comme elle te veut pour elle-seule, tu es parti pour avoir une vie courte.

-Ah non, c'est impossible !

-Tu penses donc guérir et danser de nouveau ?

-Mais oui.

-Ce ne sera pas le cas. Tu ne retrouveras pas ta position antérieure. Niels, on songe déjà à te remplacer !

-C'est impossible. J'y arriverai. Je les éblouirai et je me marierai aussi...

-Dans quelques mois, le diagnostic tombera. Tu seras hospitalisé, Niels, certes dans un joli lieu coûteux avec, en guise de jolies filles, des infirmières...

-Et ?

-Et tu mourras de consomption.

Webster prenait un ton plus intime mais Niels n'avait pas le cœur de le remettre à sa place. Avec qui d'autre aurait-il pu avoir un tel partage ?

-Alors qu'est-ce que je fais ?

Niels pâlit tellement que Webster s'approcha de lui et s'agenouilla. Il lui prit la main. Le jeune homme balbutiait.

-Vous allez m'aider ? Oui ?

-Il faut qu'elle quitte ton corps, Niels et qu'elle n'entrave plus ni ton cœur ni ton esprit...

-Qu'elle quitte mon corps...

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Niels, vos malaises...

 

 

Niels Lindhardt, qui est venu à New York pour danser, se sent très affaibli physiquement; il est tourmenté aussi. Pourquoi ne se confierait-il pas sur ses déboires? A Albany, l'écrivain Daniel Webster est prêt à l'écouter, même si son écoute est dangereuse...

-Vous êtes tellement pâle...Ne restez pas debout. Asseyez-vous.

Niels obéit presque mécaniquement et se rassit sur le lit. Il avait peur sans savoir pourquoi. La voix de Webster était un peu basse, prenante.

-Ces malaises...Mais il y a une autre raison...N'est-ce pas ?

-Je me borne aux avis médicaux.

-Allons, Niels, Diane peint des villes fantômes ou errent des hommes à tête d'animaux et j'ai réalisé un film sur une petite fille qui voulait s'emparer d'un piano dans le ciel, vous voyez un peu où vous êtes d'autant que dans mon roman à paraître deux vagabonds travaillent de riches Américains qui n'existent peut-être pas...Dites moi ce qui se passe...

-Un fou doit parler à des fous ?

-Je crois bien.

Niels se sentait perdu. Cet homme pouvait aussi bien l'aider de façon désintéressée que le manipuler mais tout lui échappait à partir du moment où il n'était plus ce jeune Dieu de la danse à qui tous les hommages étaient dus. Il se lança.

-Mon père est mort brutalement il y a des années. Je ne l'aimais pas.

-Au moins, vous en êtes conscient et n'essayez pas de vous persuader du contraire. Continuez.

-Je n'ai pas de vrai contact avec ma mère...

-Vous n'êtes pas le seul.

-Elle m'aime mais c'est une femme faible...malade...

-En ce cas, il est préférable que vous soyez loin. Et puis, vous restez en contact, non ? Continuez !

-Au Danemark, j'ai été aidé par une femme, une ancienne ballerine. Elle est tombée amoureuse de moi et moi, je me suis rétracté...La différence d'âge, cette séduction qu'elle pensait avoir...

-Eh bien quoi ? Elle a joué avec le feu. De toute façon, qu'est-ce que vous auriez fait avec elle ?

-Tout de même, je lui dois beaucoup. Je suis égoïste.

-Elle est sans doute mariée. Dans ces cas-là, les femmes voient leur époux d'un nouvel œil. Et puis, si elle est fière, son amour propre lui a dicté quoi faire...Elle s'est remise.

-Mais alors, pour vous, il y a une solution à tout...

-Quoi ? Elle vous aimait...A la bonne heure ! Il faut être bien armé pour tomber amoureux de vous, jeune Dorian... Poursuivez...

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. La faire sortir de toi...

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A Albany où Niels est venu avec une amie, le danseur Niels Lindhardt fait la connaissance de Diane Webster, une femme peintre, et de son frère Daniel, qui écrit des romans. Ce dernier s'intéresse à Niels, persuadé qu'il est qu'une femme est entrée en lui et s'apprête à le dévorer...

Si Niels avait été plus maître de lui, il aurait remarqué que Webster le dévorait des yeux et affichait clairement le désir physique qu'il avait de lui mais il était tout à son affliction et paraissait plus démuni que jamais.

-Non, tu restes ici quelques temps car j'y séjourne et nous faisons le nécessaire....

-Mais comment...Comment est-elle entrée ?

-Tu ingères de la nourriture, tu entends des sons, tu respires...

-Par...

-Oui, les voies naturelles, encore qu'à mon avis, elle n'est pas entrée par là...

-Et par où ?

-Tu aimes faire l'amour, Niels. Ne te répands-tu pas dans le sexe d'une jeune femme quand l'envie t'en prend ? Et je ne parle pas de ce que tu fais avec un de tes amants...

Niels resta coi mais Webster poursuivit.

-Elle t'a ensemencé en quelque sorte et ne crois pas que ses buts aient été vils au départ. Elle voulait ton grandissement et ton triomphe, seulement elle-même est réduite à rien. C'est difficile pour elle, ce paradoxe...

Daniel s'était redressé et il tendait ses lèvres vers celles du jeune homme effondré. Celui-ci se laissant faire, il put l'embrasser longuement avant de l'aider à se déshabiller et quand Niels fut nu, lui-même retira ses vêtements.

-Qu'est-ce que vous faites ?

-Ce qui est à faire Niels...juste ce qui est à faire...

Même amaigri, le corps du danseur restait beau, la peau du torse notamment étant somptueuse. Daniel admira le bel ovale du visage, le nez droit et le bleu des yeux, passant outre la pâleur du teint et les cernes. Il fit s'allonger Niels et le couvrit de baisers puis, après l'avoir longuement préparé, il le pénétra. Quand il le fit, le danseur eut un tressaillement et parut avoir mal mais Webster, en amant passionné, refusa de se retirer de lui et lui fit longuement l'amour. Ce n'était que la première d'un grand nombre d'étreintes à venir. Au bout du compte, il le savait, cette pianiste avide lâcherait prise...

-Cela ne suffira pas, vois-tu ? Tu devras me suivre à New York. Je la ferai partir. J'ai ce qu'il faut pour ça. Et crois-moi, elle a affaire à quelqu'un de plus fort qu'elle, elle partira...

Il y avait de quoi être perplexe car c'était une discussion de fous mais Niels sentait qu'il n'avait pas le choix. Il s'était trompé. Alexia, qu'il avait cru dangereuse, était vulnérable et Irène, qu'il connaissait très mal, maléfique. Toutefois, il restait encore convaincu qu'il irait mieux et s'en tirerait. Aussi défia t'il Webster :

-Chez vous, ce serait pour longtemps...

-Oui.

-Ah vraiment ? Non, je ne pense pas...

-Tu ne penses pas ?

-Je sais, vous êtes déçu.

L'ombrageux Daniel eut un rire froid.

 

20 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 2. Monica ? Irène ?

 

 

Pourquoi Niels va t'il si mal ? C'est qu'il est vampirisé. A Albany, l'écrivain Daniel Webster le confronte à la réalité.

-J'ai vécu à Cannes. Je prenais des cours de danse...

Il se mit à dire Monica, l'académie Fontana rosa et cette femme, cette pianiste. Irène Diavelli.

Les questions de Webster étaient précises et elles s'enchaînaient vite. Niels s'était assis dans un fauteuil brun et, la tête dans les mains, il répondait avec la plus grande précision aux questions de l'Américain qui, les mains serrées l'une contre l'autre, marchait de long en large. Le questionnaire s'étirant, Niels se demanda s'il aurait une fin. Elle arriva cependant et Daniel conclut de façon incisive.

-C'est elle.

-Elle ? Vous voulez dire Alexia Hubbe ?

-Non, cette Irène quelque chose...

-Madame Diavelli ?

-Elle vous possède. Elle est entrée en vous, vous l'avez compris ?

-Entrer en moi ! Mais non !

-Mais si, Niels ! Aucun rêve ? Aucun signe ?

Daniel avait l'air très agité. Il parlait avec autorité, ses yeux brillant étrangement.

-Si cela est vrai, je ne comprends pas. Elle me voulait du bien.

-Ah certainement ! Elle voulait que tu réussisses, oui mais tu as touché le sommet et elle ne sait que faire.

-Quoi ?

-Elle veut être ton histoire mais tu infléchis celle-ci de telle façon qu'elle refuse ta version des faits. Tu t'en fiches d'elle. Tu veux faire un beau mariage, envisages de tourner dans des films pour accroître ta notoriété et tu ne fais guère de sentiment en ce qui la concerne …

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3.

 

 

 

PARTIE TROIS

 

Combats

 

 

 

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Présentation.

 

 

Niels Lindhart, danseur classique qui travaillait à New York, a subi une sorte d'envoutement. Tombé malade, il s'est tourné vers Diane et Daniel Webster qui ont pris soin de lui. Daniel, écrivain de profession et magicien à ses heures, l'a persuadé qu'une femme qu'il avait connue jadis l'a envoûté pour détruire sa carrière. Il faut donc désenvouter.

Mais une fois cette étape passée, Niels se détache de Webster et se met sur les traces d'Irène Diavelli, une pianiste qu'il a connue en France. Elle est pour quelque chose dans sa maladie mais il ne peut la croire négative. S'engage alors un bras de fer entre la pianiste fatiguée et dépressive et l'orgueilleux écrivain. L'enjeu est Niels que chacun veut contrôler car il voudrait être lui...

 

 

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13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Tant de questions !

 

 

1. Libre mais prêt à être entravé.

Niels garda en mémoire le séjour qu'il avait fait chez Diane Webster et son étrange rencontre avec son frère, Daniel. Comme l'avait prédit, ce dernier, Liza, la jeune danseuse, avait, malgré l'affection qu'elle portait à Diane, trouvé un vague prétexte pour ne pas rester. Elle souffrait d'indifférer à ce point Niels et ressentait violemment l'hostilité de Daniel, qui se posait en concurrent...Toujours affaibli, le danseur ne commenta pas ce départ. Si Daniel et Diane l'avaient charmé d'abord, il était clair que l'écrivain retenait désormais toute son attention. Pourtant, l'un et l'autre étaient étonnants. Ils connaissaient toutes sortes de livres, de films, de tableaux et de sculptures que parler avec eux était un bonheur et s'ils s'estimaient peu instruits sur un domaine, ils creusaient celui-ci. C'est ainsi que Niels revit avec eux des vidéos de ses ballets, autant ceux qu'ils avaient dansé avec Matthew Darson à Londres que ceux qu'il avait interprétés pour le New York City ballet. Il avait été sûr de son art et presque arrogant. Maintenant qu'il était diminué physiquement, il comprenait qu'il avait commis une erreur de jugement. Jamais il n'avait pensé que tout pourrait lui être retiré si vite. Il n'avait que vingt-cinq ans et tout cela était derrière lui. Il s'effondrait. Pourtant la rapidité avec laquelle Webster fondit sur lui pour le séduire ne le rendit pas aussi vulnérable que prévu. Se sentant en meilleure forme, il rentra chez lui, passa en revue tout ce qu'il savait sur Irène Diavelli, revit des photos de la période cannoise et réécouta ses enregistrements, des plus anciens au plus récents. Il avait beau avoir été affaibli par une maladie à laquelle il ne savait donner de nom, le fait de rendre responsable de son état cette artiste qu'il avait somme toute peu côtoyée le laissait perplexe. Il la sentait vivante en lui, certes, mais pourquoi aurait-elle voulu lui faire du mal ? Il y avait peut être un moyen de s'entendre avec elle...Cherchant que faire, Niels lui écrivit plusieurs lettres à son domicile parisien et celles-ci ne revinrent pas. C'était là un moyen désuet de la contacter mais elle paraissait ne plus avoir de numéro de téléphone. Il ignorait son adresse mél et ne trouvait jamais, dans les articles qu'il lisait sur elle, la moindre référence à une maison de disques nouvelle où il aurait pu la joindre. Elle paraissait ne plus être active comme concertiste mais il savait qu'elle avait donné à de jeunes virtuoses prêts à tout, des cours de haut niveau. C'était cela qu'elle devait faire...Il fallait rester confiant.

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Je n'ai peut être pas compris ce que vous voulez de moi, madame.

 

 

Niels a le sentiment étrange qu'une pianiste qu'il a connue a voulu l'envouter et lui faire du mal. Cette impression s'estompe..

Niels fut surpris qu'au fil des jours sa condition physique redevint passable puis plutôt bonne. Sans nouvelle d'Irène, il avait pourtant le sentiment de pactiser avec elle. Elle était toujours en lui, il le savait, mais il l'apprivoisait, dialoguant en silence avec celle dont il tentait de comprendre les desseins.

Je n'ai peut-être pas compris ce que vous voulez de moi, madame. Une carrière fulgurante, une mort brutale, et un nom parmi les étoiles de la danse ? Si c'est cela, je n'en aurais pas assez fait, à mes yeux du moins...J'aurais tellement voulu les toucher encore, les atteindre, être leur ange...Mais peut-être n'est-ce pas cela ! Vous voudriez juste que je ne sois pas à New York. Si j'étais à Paris, vous me verriez. Je sais comment vous m'avez encouragé quand vous m'observiez en répétition ou me parliez dans des cafés...C'est cela que vous voulez ? Que je sois plus près de vous ? Mais vous savez, je vais un peu mieux sans pour autant avoir repris le chemin du théâtre. Et là bas, que me dira t'on ? On a déjà chuchoté que j'étais fini...

Cette Irène qu'il voulait plus explicite ne lui répondit pas mais le fait est qu'il recouvra ses forces et put danser de nouveau. Il vit là le signe qu'il attendait. Elle approuvait qu'il dansât. Il surprit par son ardeur et sa rigueur, fut de nouveau distribué dans des quelques rôles puis supplanta d'autres danseurs dans d'autres car, rayonnant, il était très applaudi. Personne n'y comprenait rien...

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Débarrassé des Webster...

 

Un an environ après son séjour chez Diane Webster, Niels s'aperçut qu'on projetait dans une petite salle du village, une série de courts métrages de Daniel. Ils étaient différents de ceux qu'il connaissait et il alla les voir. Il leur trouva la même tonalité cruelle et le même désenchantement qui l'avaient déjà laissé perplexe... Quelques jours plus tard, il trouva en librairie, un roman qu'avait écrit cet homme taciturne. Une femme âgée mourait sordidement, abandonnée de tous. Cette description d'un univers sans espoir lui déplut et il vit là comme un appel. Tout d'un coup, l’œuvre de cet homme étrange lui revenait... Il tenta de se rassurer : il avait résisté à l'attirance violente qu'il avait éprouvée pour Webster et n'avait eu qu'avec lui qu'une très brève liaison. Il avait pris ses marques et se félicita de sa clairvoyance. Il venait de rencontrer une jolie américaine qui vendait des diamants. Elle admirait l'artiste qu'il était. Restait à être courtois, patient et déterminé...

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Doutes de Niels. Tout n'est pas terminé avec les Webster.

 

A New York, Niels revoit Diane qui expose...

Toutefois, au fond de lui, Niels doutait que tout fût terminé avec les Webster. Il ne se trompait pas. Il reçut bientôt une invitation pour le vernissage d'une exposition de toiles de Diane, dans une belle galerie de Soho. C'est elle-même qui l'invitait.

Vous semblez sorti de vos ennuis, Niels ! J'en suis heureuse. Venez voir mes œuvres...

Il ne pouvait refuser et se crut assez fort pour s'y rendre seul. Très entourée, Diane, vêtue d'une de ses belles robes aux lignes pures aux couleurs frappantes qu'elle aimait, l'accueillit chaleureusement. Ses lèvres étaient peintes du même rouge que sa robe plissée...

-Je reste quelques jours à New York. Nous devrions nous voir, Niels. Demain, j'ai une place pour Le Lac des Cygnes où vous danserez le prince mais ensuite...

Il rit et fut d'accord. Les toiles de Diane étaient aussi étranges que magnifiques et elles étaient bien plus grandes que celles qu'il avait contemplées dans son atelier à Albany. Il fut ravi de les voir et troublé aussi : ces villes qui ne ressemblaient à nulle autre, ces êtres hybrides, ces couleurs parfois dérangeantes...Manifestement, on encensait Diane et on lui achetait son travail. Il devait exister des yeux différents des siens, aptes à voir dans ses œuvres bien autre chose que ce qu'il y mettait lui-même ou se contentant simplement d'évaluer la valeur de ses tableaux sur le marché de l'art...Niels, lui, ressentait un malaise mais il n'aurait su l'expliquer à Diane Webster. Du reste, il bavarda à droite et à gauche avec quelques inconnus et après quelques verres de champagne, il prit congé. Il était soulagé : Daniel ne s'était pas montré.

Le lendemain, il rejoignit l'artiste peintre avec sa prestation sur scène et ils dînèrent.

-Vous savez, lui dit Diane, vous aviez, quand je vous ai vu, une beauté crépusculaire. Vous étiez défait. Et là, vous rayonnez ! On doit être très amoureux de vous...

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Vous voudriez une américaine mais c'est Daniel qu'il vous faut !

 

 

Vernissage de l'exposition de Diane à New York. Niels est présent et se confie. Toutefois, Daniel apparaît...

Il lui parla de la jeune fille dont il se rapprochait. Elle eut un sourire de connivence. Il escomptait qu'il ne serait que très peu question de l'écrivain, mais Diane se mit à parler de lui.

-Vous aurez remarqué que Daniel était absent à mon vernissage. Il n'était pas à New York ce soir là mais il est de retour. Vous lui aviez fait forte impression. Niels, mon frère n'est pas quelqu'un qu'il faut négliger...

Le danseur rougit :

-Que voulez-vous dire ?

-Peut-être ne vous êtes vous pas compris mais Daniel est, je vous assure, un être complexe qui a un vrai talent d'écrivain. Il est sensible à ce que vous êtes. Vous gagneriez à vous revoir...

Puis, comme Niels demeurait silencieux, elle se pencha vers lui à travers la table et fit mine de murmurer.

-Vous allez très, très bien ensemble. Vous comprenez ?

Le danseur s'empressa de la contredire mais il ne fut pas convaincant. Elle ne le quittait pas des yeux et le raillait doucement.

-Oui, vous voudriez une Américaine mais lui, il est là. Ce ne sont pas les mêmes voies, je le reconnais...Ne vous débattez pas ainsi. Vous savez, si moi, je suis sensible à votre beauté, imaginez ce qu'il ressent lui...

Niels craignit que le reste du dîner fût gâché mais elle eut du tact et changea de sujet. Toutefois, le vert était dans le fruit. Il le savait, il allait se trouver face à Webster.

Quelques jours plus tard, il sortait du Lincoln Center et allait s'engouffrer dans un taxi quand il entendit une voix derrière lui.

-Raphaël ! Raphaël !

Il se retourna. Daniel était là, vêtu d'un costume de demi saison et d'un imperméable. Ses yeux brillaient étrangement.

-Je m'appelle Niels.

L'homme fit la grimace.

-Oui, c'est aussi ton prénom. Mais tu t'appelles également Raphaël. Aucune magie là-dedans. Nous avons dormi ensemble, tu dois t'en souvenir et tu parlais dans ton sommeil. Tu allais mal à cette époque là...ça te dit quelque chose?

-Oui, oui bien sûr.

-Ah, tu vois!

-Je dois partir.

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. A Couteaux tirés.

 

Séduire Niels, c'est l'arracher à l'idée qu'il se fait d'Irène Diavelli. La lutte est âpre mais fascinante...

Daniel ne se démonta pas.

-Moi-aussi. Avec toi. Nous allons chez moi.

-Non, il y a longtemps que nous nous sommes vus et j'ai...

-Tu as ?

-Changé.

-Permets moi de vérifier...

Niels chargea.

-J'ai été souffrant puis moins. Je ne vous ai jamais contacté. C'est clair, non ?

-Elle te suffisait.

-Oui, c'est exact. C'est toujours la cas. Irène Diavelli est un modèle pour moi. Du reste, nous échangeons beaucoup. Nous nous téléphonons, nous écrivons.

Webster prit un air ahuri, toussota puis pouffa de rire.

-Niels, tu n'es pas beau joueur !

-Vous n'acceptez pas cette vérité !

-Mais quelle vérité ! Elle est dans le comas, ta Diavelli. Cela fait des mois et des mois. Une clinique en région parisienne. C'est arrivé tout d'un coup. Nul ne sait si elle se réveillera. Des lettres et des coups de fil, Niels ?

-Vous êtes un manipulateur. Je vois bien que...

Webster fondit sur lui :

-Je peux prouver ce que je dis. Il y a eu des articles de journaux sur elle. Tu n'es pas au courant ? Non, bien sûr. C'est ta conception de l'amour, de l'admiration. Une statue en plâtre, une photo, une bougie...Mais la réalité, surtout pas...

-Ce n'est pas possible.

-Si, ça l'est.

Niels soupira. Webster le dévorait des yeux et cette insistance qu'il avait à le faire, loin de l'irriter, le troublait au delà de tout.

-On le prend ce taxi ? On va à Brooklyn ?

-D'accord mais je ne serai pas long.

Il n'était pas crédible. Daniel le lui fit savoir en lui lançant un regard ironique. Dans le taxi, le danseur s'efforça de regarder droit devant lui mais Webster lui prit la main une première puis une seconde fois, lui passa un bras autour des épaules puis l'embrassa longuement. Niels tenta vaguement de se dégager puis s'abandonna à la science de cet amant qui l'avait si violemment troublé. Il embrassait fort bien...

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Pousser Niels à se laisser emprisonner...

 

Convaincre le jeune danseur Niels Lindhardt qu'il a tout avoir avec lui est un vrai défi pour Daniel Webster. Mais il le relève...

Son appartement était beau et ancien. Situé dans un immeuble des années quarante, il avait de belles proportions, des parquets dans toutes les pièces sauf la cuisine, un grand séjour aux hautes fenêtres, une chambre à laquelle succédait un dressing et une pièce qui avait transformée en bureau. Les étagères de livres couraient le long des murs et il y avait partout des bibelots qui créaient une ambiance un peu folle. Grand vase d'inspiration chinoise, statuettes de chiens, petit nécessaire de manucure, lampes au pied torsadé, sculptures évoquant des corps étranges, anciens programmes de concert, fausses fleurs...Le mobilier datait des années cinquante. Il avait été chiné et agencé avec soin car il devait répondre à une exigence de beauté et à une autre, de confort. Enfin, il y avait des miroirs et des encadrements. Pas de tableaux mais des photos insolites représentant des paysages si inattendus qu'il fallait un montage pour les avoir créés.

Le bureau était vraiment celui d'un créateur au travail. A côté de l'ordinateur s'empilaient toutes sortes de classeurs, de carnets de notes, d'albums photos et de livres ouverts à des pages précises. Il y avait au mur les affiches des films que Webster avait réalisés et les récompenses encadrées qu'il avait obtenues.

La chambre était plus sobre. Elle était blanche et verte et on y trouvait de nouveau beaucoup de livres mais cette fois peu d'objets sauf usuels. La fantaisie revenait dans la salle de bain où tout évoquait les années cinquante, des rideaux au mobilier en passant par les produits de toilette et la décoration.

-C'est singulier ici...

-Seulement singulier, Niels ?

-Assez beau...Étrange...

-Tu t'habitueras...

-Ah ? Je ne crois pas.

-Je crois que si mais bref... Tu habites Chelsea, je crois ? Couleurs claires, décoration minimaliste et meubles fonctionnels, comme il en existait au Danemark. C'est cela ?

-Vous n'êtes jamais venu !

-Donc, je ne me trompe pas. Tu penses avoir atteint un summum du goût mais tout est très impersonnel. Hein ? Ce qui est audacieux, c'était d'avoir un univers comme le mien car il ne répond qu'à très peu des exigences actuelles du Beau et du paraître et pourtant, il est unique ! Immeuble salubre et peu sonore mais d'apparence quelconque. On ne s'attend à rien d'exceptionnel et on découvre, si on y est convié, un appartement qui ne ressemble à aucun autre...

-J'ai vu quelques courts métrages que vous avez réalisés.

-Oui, Diane m'a dit. Ils t'auront déconcertés ! Ces pauvres errants qui n'arrivent à rien...Non, ne dis pas le contraire !

Niels pourtant, tentait de faire bonne impression.

-Non, je...

-Stop, j'ai dit ! Tu m'as lu aussi. Mon dernier roman, entre autre. Je suis certain que mes deux clochards te déplaisent mais Chris et Ed font un tabac. On essaie même d'acheter les droits de mon roman pour faire un film...

-Je ne suis peut être pas...

-Silence à la fin ! Tu n'aimes pas, voilà tout.

Le jeune homme rougit et se tut mais Webster que cette maladresse enflammait, continua d'attaquer :

-Quant à toi, tu danses ! J'ai surmonté mon ignorance de la danse classique, tu sais et je suis allé te voir. Aérien, beau, bien formé...Combien de femmes doivent ne plus en pouvoir quand tu danses torse nu ? Et combien de pédales doivent jouir en rêvant de toi, une fois rentrées chez elles...

C'était le moment de se venger et de renvoyer ce fier amant à ses manquements.

-Vous ne savez même pas de quoi vous parler !

-Ah ?

-Vous réduisez le ballet classique à une exhibition de corps jeunes et aptes à faire fantasmer ! S'il en est ainsi, pourquoi vous êtes déplacé ?

-Oh, jolie parade ! Tu vois, tu me fais sourire ! Pourquoi ? Mais parce ce qu'il ne saurait y avoir de prince Siegfried plus juste ni de Lac des Cygnes plus réussi. Parce qu'il faut t'avoir vu danser Balanchine et te plier aux directives de nouveaux chorégraphes pour savoir qu'on n'est pas là pour rien. J'ignorais tout, Niels. J'ai du voir quelques ballets classiques avec Diane, quand j'étais gamin et depuis, rien. Mais avec toi, sur scène, un monde s'ouvre...

Tout de même, il y avait de quoi être touché et le jeune homme le fut. Intrigué par ce que Daniel lui avait dit d'Irène, il fit front :

-Elle a perdu conscience. Avez-vous le moyen de me le prouver ?

Webster entraîna Niels dans son bureau, ouvrit son ordinateur et après avoir invité son invité à s'asseoir, il lui montra un premier article, Le Long sommeil d'Irène Diavelli...Elle était recluse depuis un an et demi et nul ne savait si elle reprendrait conscience.

-Alors, jeune incrédule ?

-C'est troublant.

-Mais il en faut plus ?

-Oui, Daniel.

-Parfait...

 

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Je la préfère à vous !

 

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Comment échapper au fantôme d'une femme qui s'empare de vous

Le cœur de Niels se mit à battre. C'était une revue cannoise où il était question de l'Académie Fontana rosa. Il y était mentionnée qu'une pianiste illustre en son temps y avait travaillé et laissé un vif souvenir. Elle était malheureusement tombée malade et avait perdu conscience à Paris. On la soignait...

Observant Niels de profil, Webster mesura son trouble et en profita pour se pencher vers lui.

-Alors...

-Je ne peux pas le croire...

-Pourtant, c'est une morte vivante !

La respiration du jeune homme était plus saccadée et il semblait perdu. Daniel lui montra quelques articles sur des cas similaires. Des malades qu'on nourrissait par sonde, encadrait mais restaient inconscients. Il lui donna même le nom de la clinique où séjournait Irène. Le jeune homme bondit :

-Je suis en bonne forme, je peux aller la voir !

-Elle ne peut guère être vue que par ses proches. Tu seras refoulé. Et du reste, pourquoi ferais-tu cela ? Elle s'est emparée de toi !

-Je la préfère à vous, quelle qu'elle soit.

-Et tu as tort. C'est avec moi que tu dois être, pas avec elle.

-Vous m'étoufferez.

-Non ! Tu comprendras pourquoi je ne peux qu'être son adversaire et tu verras la fausseté de ta position...

Niels, raidi, hocha la tête violemment :

-Non. Elle me laisse libre, elle.

-Tu n'as pas toujours dit ça.

-Je danse. Elle aime que je le fasse. Elle me regardait tant !

-Et pour cause.

Webster poussa la porte de sa chambre et ouvrit tranquillement le lit puis provoqua Niels du regard. Celui-ci se défendit.

-Webster, c'est sans issue.

-Oh que non...Niels, mon ange, mon Raphaël. Regarde, tu en as très envie, tu trembles...Tu te souviens ? On s'entend parfaitement...C'est bien, oui, c'est bien, continue de retirer tes vêtements...

Dans les draps frais, le danseur perdit toute contenance, son amant le comblant. Il s'endormit dans ses bras. Au matin, celui-ci lui dit orgueilleusement.

-Mets de l'ordre chez toi et reviens ici. Je te laisse deux jours. Tu vivras avec moi.

-Elle ne fait rien de mal.

-Tu ne peux croire à ce que tu dis..

-Si je résiste, vous me contraindrez à obéir ?

-Je ne compte pas venir chez toi et je ne t'attendrai pas à la sortie des artistes.Tu viendras de ton plein gré.

Webster avait raison. Niels vint de lui-même.

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Tu es venu ! Tu devras respecter tes engagements !

 

DAVID

2. Appartenir à Webster.

Irène, comme consciente qu'il changeait devint si étouffante qu'il n'y tînt plus. Il avait encore le vent en poupe, ne commettait pas de faux pas mais était jalousé. On guettait les failles. Un jour, il ferait une vraie faute...

-Bonjour, si je viens aujourd'hui, vous serez toujours d'accord ?

-C'est ta décision : tu viens ?

-Oui.

-Ne te l'avais-je pas dit ?

-Si, vous aviez raison.

Webster, quand il le vit dans l'encadrement de la forte, frémit d'une joie secrète.

-Tu vas garder tes engagements et je respecterai ta liberté. Tu me fourniras cependant un calendrier précis de tes spectacles et me diras quand tu t'entraînes. Ne déroge pas.

Niels hocha la tête. Il avait posé ses affaires dans le salon et contemplait des orchidées crémeuses que son hôte avait placé dans un vase.

-En dehors de ces obligations, tu mèneras ici une vie stricte et devras te plier à de multiples règles. Il n'y a pas de piano chez moi, comme il y en un chez ma sœur. En guise de musique, tu écoutes ce que je te dis. Tu ne regardes rien sans mon accord : pas de DVD ni de télévision. Bien sûr, tu peux lire. Et encore, je choisis.

Niels, stupéfait, regardait Webster. Ce qu'il disait n'avait aucun sens mais il lui obéirait et le savait.

-Ne pourrais-je rien visiter sans vous ? 

-Judicieuse question, mon Niels. Brooklyn est bien moins laide qu'on le dit. Je ne t'empêcherai pas de marcher avec moi.Je suis un bon guide.Je te montrerai.

-Vous écrirez ?  Vous m'avez dit le faire sans cesse.

-Oui, oui bien sûr. Mais ne cherche pas à voir mes nouveaux écrits.

-Ici, alors, je serai assez libre...

C'était une remarque naïve qui fit sourire le rusé Daniel.

-Je vais être très exclusif et tu n'as pas le choix. Il y a bien de choses que nous ferons ensemble .Les plus importantes concernent le lit. C'est là que tout se jouera...

Que c'était étrange de parler ainsi d'une bonne entente érotique ! Niels ne s'y trompa pas. Ce que sous entendait Webster était grave. Il serait sans cesse caressé, embrassé, pénétré. Il serait arraché à lui-même.

 

13 octobre 2024

La Nuit de L'Envol. Partie 3. Niels : enfermement et sexualité dévorante.

 

L'écrivain Daniel Webster réussit à convaincre Niels, le danseur qu'il convoite, qu'il doit le prendre pour guide. Sa vie n'en sera que meilleure. Niels accepte et pense que tout ira bien...

Les premiers temps furent plutôt faciles. Niels se déplaça seul et se tint à des horaires stricts qui excluait toute rencontre extérieure. Il ne vit plus la jolie Américaine et s'efforça de ne pas penser à elle. Il vit peu ses amis puis plus du tout et devint comme insensible à leurs appels. Une fois, chez Webster, il devint docile. Irène Diavelli malade et inconsciente ne pouvait plus jouer pour lui aucun rôle positif. Webster avait raison. C'est sur lui qu'il fallait s'appuyer...Et de fait, il s'abandonna à lui.

Niels aimait assez l'apparence physique de l'écrivain. Il avait un corps mince mais tout de même musclé, dépourvu de pilosité excessive et à la peau claire mais sans défaut majeur. Son torse était ample et ses mains aux longs doigts effilés, belles et forte. Et puis, cet homme avait l'esprit vif, l'imagination féconde et la parole acérée. Il était cultivé et imposant. Conscient que l'Américain était profondément attiré par lui, il se savait lui-même aimanté. Contre cette attraction violente et totale, il ne pouvait rien. Il fut donc amené à rester cloîtré et inactif. Quand il sortait de sa torpeur, Niels se trouvait face à Daniel qui se montrait très exigeant sexuellement. A divers moments de la journée, ils se caressaient et s'étreignaient et c'était bien tout ce qu'ils étaient capable de vivre. Du reste, quand venaient les périodes de rémission où l'un et l'autre vaquaient à leurs occupations, Niels ne supporta de moins en moins d'être laissé, à lui-même. Il voulait, le sexe de l'amant,car il durcissait vite et longtemps. Comme il était à la fois épais et long, Niels ne pouvait que s'émerveiller des très répétitives mais intenses séances de pénétration auxquelles le soumettait Webster Il n'était pas difficile, quand on subissait des assauts aussi réguliers, de ne pas être comblé, repu même, sachant qu'une telle régularité dans la satisfaction sexuelle, demandait de nouveaux assouvissements...

Il n'avait jamais perçu la sexualité, au fond, que comme un faire valoir qui le renvoyait à sa beauté physique et comme un dû. Il était désiré, trouvait normal de l'être et remerciait ceux qu'ils élisaient en se donnant brièvement à eux. Bien sûr, il y avait ce rêve d'amour avec une jeune Américaine mais ce n'était peut être qu'une naïve espérance...

 

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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
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